Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 2199.
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icyGa naar voetnoot3) et m'ayant raconté, que vous ne vous portés pas trop bien, je vous ay voulu témoigner par celle-cy, que j'y prends beaucoup de part, et que je considere vostre santé comme une chose qui doit estre pretieuse au public. J'ose même vous conjurer de la ménager un peu plus que vous n'avés coûtume de faire. Vous avés déja acquis tant de gloire, que vous vous pouués reposer un peu, et si vous donniés quelques unes de vos belles pensées et découvertes toutes pures, quoyque denuées de ce bel appareil de demonstrations formelles, mais qui genent trop et qui font perdre trop de temps à une personne comme vous estes, je croy que la posterité ne vous seroit que trop obligée. Je reviens à Mr. Tschirnhaus, avec qui j'ay parlé quelques jours durant, des matieres dont je n'avois parlé à personne pendant que je suis icy. Il a fait quantité de belles tentatives pour arriver aux racines des equations, et comme nous avions disputé la dessus par lettres, car les siennes ne me satisfaisoient point, nous avons conferé sur ce sujet, et enfin il s'est trouué que j'avois eu raison de ne me pas rendre: aussi s'y veut il prendre à present d'un autre biais, dont j'attends qu'il me mande le succès, car j'espere beaucoup de son genie. Pour moy je tiens cette matiere pour faite par ma methodeGa naar voetnoot4); mais il faut un calcul que j'aurois entrepris, si je ne voyois moyen de l'abreger infiniment par quelques Tables, que j'ay conçües et qui à mon avis ne seront pas moins importantes en Algebre, que les tables des sinus dans la Geometrie practique. Je vous ay aussi envoyé dans ma precedente un essay d'une nouvelle caracteristique en Geometrie; dont je serois bien aise d'avoir vostre sentiment. C'est une ouuerture qui nous doit mener aussi loin dans son espece que l'Algebre dans la sienne. Elle a des grands avantages sur l'Algebre, qui a besoin de grands detours pour parvenir a des demonstrations et constructions Geometriques, au lieu que cette methode suit les figures de veue, qu'elle soulage l'imagination, et qu'on pourra faire par là une exacte description d'une machine ou autre chose imaginable, quelque composée qu'elle puisse estre, sans employer des figures ny des paroles et cependant il sera aisé à celuy qui entendra ces caracteres de tracer la figure apres eux. Mais le plus important usage qu'on en pourra faire; c'est d'aider le raisonnement. Car on trouue ainsi par une espece de calcul tout ce que la Geometrie enseigne jusqu'aux elemens d'une maniere analytique et determinée. | |
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Car l'Algebre qui suppose les elemens ne pousse pas l'analyse à bout, comme fait cette nouvelle caracteristique, par laquelle je demonstre par exemple que l'intersection de deux surfaces spheriques est un cercle et choses semblables sans employer l'imagination. Pour ce qui est du phosphore, qui luit de soy-même et qui jette des éclats, je vous en envoyeray la composition, si vous ne l'avés pas encor dans vostre AcademieGa naar voetnoot5). Car je l'ay fait moy même et j'en puis répondre. Je croy qu'il y a des gens qui demandent beaucoup pour le vous communiquer, mais je ne demande rien, pourveu que l'Academie Royale veuille tenir la chose secrete, et que cela puisse servir à faciliter ce que j'ay quelque raison d'esperer un jour. Car sans parler de quelques decouvertes mathematiques de mon crû (: particulierement de ma quadratureGa naar voetnoot6) dont j'ay achevé la demonstration dans les formes, avec quantité d'autres propositions considerables y comprises, et qui pourroit estre adoptée de l'Academie:) je suis peut-estre en estat de vous envoyer de temps en temps ce qui se passe de plus considerable dans les sciences en Allemagne, et que vous n'apprendrés autrement que trop tard ou point. Et une correspondance reglée me pourra peut-estre faire considerer en quelque façon comme appartenant à vostre Academie, quoyque je ne puisse pas estre present. J'ay quelques autres experiences considerables dont je pretends vous regaler un jour. Cependant je vous supplie, Monsieur, de concerter cette affaire avec Mr. l'Abbé Gallois à qui j'en ay écrit autres fois. Vous m'avés déja témoigné tant de bonté, et vous avés tant fait pour moy, que j'ose encor esperer cette faveur. Je souhaiterois un mot de reponse que Mr. Brosseau Resident d'Hannover demeurant dans la rue des Rosiers derriere le petit S. Antoine me fera tenir. Je suis avec zele
Monsieur
Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Leibniz. |
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