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Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684 (1899)

Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

(1899)–Christiaan Huygens–rechtenstatus Auteursrecht onbekend

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No 2190.
Susanna Huygens à Christiaan Huygens.
7 septembre 1679.

La lettre se trouve à Amsterdam, Bibliothèque de l'Université.
Elle fait suite au No. 2186.

A la Haije le 7e Septembre 1679.

 

Enfin mon Cher Frere, j'aij resceu une Lestre de Madame Caron qui est en Normendie, aupres de sa Fille de la Ferté. par la qu elle Elle prend la peine de me remercier de l'Aetsia que je luij avois envoijée et qu'a la fin Elle avoit resceue. J'en aij bien de la Joije, que cette bonne Dame qui estoit Grosse ou peut estre qui l'est encore, qu'elle a eu de quoij satisfaire son inclination. si iamais i'envoije quelque chose a mes Amis a Paris, i'aimeraij mieux me taire, iusques a ce qu'ils auront resceu ce que je veux leur faire tenir, car je voij bien, qu'on ne peut estre asseuré pour quand celá peut arriver, puis que celá depend de l'incertitude du vent.

J'aij aschetté une Partie de la Provision que vous m'avez demandé par le memoire de Mademoiselle La Court, mais je n'ose pas aschetter le Beure, avant que d'avoir resceu vostre reponsse, pour scavoir si vous desirez un kinnetie, ou deux demie kinneties. c'est astheur la saison, qu'on fait le meilleur Beure de toutte l'Année; et qui se peut le mieux conserver.

je croij que mon Marij vous a escrit la sepmaine Passée1), il vous aura fait un Petit recit de son voijage. nous avons etté ensemble a Haerlem depuis et jusques a Amsterdam. mon Marij ij avoit des Affaires et moij des Messages. tout nostre voijage ne duroit que deux jours. de sortte qu'il ne nous restoit point du tout du temps pour rendre nos devoirs a nos Parens. mesme n'ettions nous pas chez le Cousijn Becker2), mais Jacoba et une de ses soeurs sont a Bredae. la ou Elles se divertissent admirablement. nous en avons eu rapport depuis que le Cousijn Dewilm3) en est revenu. il ij a grande Garnison a Bredae, et par consequent grande Compagnie d'officiers, enfin je suis fort Persuadée que la Cousine Jacoba aura la Teste Enflée de vent plus que iamais, ce qui ne ferá pas sa Fortune a Amsterdam. maer de Meijsies begrijpen die saeken soo niet4). la grande Chaleur qu'il a fait l'etté passé a causée par tout le Paijs tant dans les Villes qu'au Plat Paijs, grande Maladies, il ne me souvient pas qu'on a

parle de tant de Fievres, et il ij en a de bien dangereuses. vous avez sceu sans doutte de mon Pere, la Mort de nostre bon Amij Monsieur de Maesdam5). il n'a etté Malade que douze jours; cest une grande Pertte pour toutte sa Famille, et pour tous ses Amis. car il estoit vraijement honnest homme. depuis Leundij mon Marij se trouve incommodé, aussi d'une Fievre Tiersse ce qui m'allarmá beaucoup au commencement. mais depuis que nous remarquons, qu'il ij a une entiere intermission, j'aij le coeur un peu plus en repos, mais toutte les Fievres continues sont presentement plus dangereuses que iamais. Monsieur Liberge nous fait esperer que celle de mon Marij ne durera pas. nous avons etté en peine de perdre nostre Jardinnier de Clingendael, il a etté dangereusement Malade: mais l'on commence a esperer sa reconvalessence. nous aurions etté bien fasché de le perdre. vous scavez qu'il a plus d'esprit qu'un Paijsant ordinaire. il ij a peu de Maisons ou on ij trouve des Malades. Je ne connois personne qui se portte mieux que mon Pere. Leundij passé il est entré dans sa 84. Année et avec cela il ne se plaint d'aucun Accident. et je croij qu'il dit plus de douceurs a la Bale6), que ne font tous ses Galans ensemble. mon Frere le Drossart, qui est icij fait mille railleries, et luij recommende surtout qu'elle se donne bien garde de devenir nostre Belle mere. mais il n'ij a rien de si plaisant que souvent Elle entend si peu de raillerie, sur ce sujet, comme sur tout autre chose, et Elle repond tousjours en des Termes choisies. le Seigneur de Nijenrode et sa Femme sont partis hijer apres n'avoir etté a la Haije que cinq ou six jours. mais la Bale ne parle de rien moins que de Partir. Elle se trouve bien la ou Elle est, lorsque le Frere de Zeelhem est Absent s'entend. c'est luij qui la traitte avec le moins de respect. c'est une Farce a les voir en semble. je croij qu'elle aura le Plaisir de le revoir aujourdhuij ou demain. c'est pour lors que l'on Attend icij son Altesse pour assister, a l'Assemblee des Estats d'Hollande. Madame la Princesse doit ariver bien tost aussij. vous scavez qu'elle a etté prendre le Baing a Aix. ditte moij je vous prie si le Chevallier Caron7) vous a ette faire nos baisemains. et comment il estoit satisfait de son voijage d'Hollande. il me semble qu'il n'est point D'humeur de demeurer longtemps en un mesme Lieux. pourtant il m'a dit en partant qu'il voulait revenir icij au printemps. A la fin nous avons resceu de Monsieur de Heukelom la Petitte Boitte, de la quelle vous luij aviez Chargee. J'ij aij trouvé une Lunette d'approsche pour mon Pere. comme aussi un Petit Livre pour luij. et pour ma Fille Ainée le Present de Mademoiselle la Court d'une fort Jolie Boursse de sa fasson, et un petit Pannier de Papier. Stansie8) ne manquera pas, de luij faire au plus tost ses remerciemens, Elle mesme. Adieu

mon cher Frere, le bon Dieu vous conserve en bonne santé, toutte nostre Famille vous salue treshumblement comme aussi Madame Brasser. Elle me l'a recommendée une fois pour touttes. Elle a voulu que je vous demendasse, une question qui est, waerom dat de Muggen bij avond singen, en niet als het dach is9), il vous plaira de luij donner satisfaction sur sa demande.

Mon Marij vous prie mon Frere si vous avez fait son Emplette de Livres de Taille douces10), et si vous n'avez pas encore trouvé d'occasion pour les envoijer, de les donner a Monsieur La Cote, Marchand d'icij qui est presentement A Paris. il vous viendra trouver, pour celá et les envoijera avec ses Marchandises. i'en aij parlé a sa Femme aujourdhuij, la quelle m'a promise de luij en donner Avis par ce mesme ordinaire.


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