Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

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N^o 1638.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
11 mai 1668.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Const. Huygens, frère, y répondit le 18 et le 24 mai 1668¹⁾.

A Paris ce 11 Maj 1668.

Il est vray que l'experience confirme ce que dit Spinosa que les petits objectifs au microscope representent plus distinctement les objects que les grands, avec des ouvertures proportionelles, et sans doute la raison s'en peut donner, quoyque le Sieur Spinosa ni moy ne la scachions pas encore. mais aussi de l'autre costè il est certain qu'on distingue plus de profondeur aux objects quand l'objectif est moins convexe. de sorte qu'il faut tenir le milieu entre l'un et l'autre pour avoir des microscopes qui fassent un effect agreable, mais si on ne cherche qu'a grossir beaucoup il faut des petites lentilles. I'ay essayè vostre derniere proportion avec vos objectifs et deux oculaires joints l'un contre l'autre qui font un bon effect sinon que les points paroissent trop, et bien plus que lors qu'on n'emploie qu'un oculaire seul de 2 pouces, et la raison y est toute evidente, puis que l'un est de 3 pouces et l'autre de 2½. Il vaudroit donc mieux que l'un fut de 4 ou 5 pouces et l'autre le plus pres de l'oeil d'un pouce et demy ou environ, et distant de 2 pouces du premier, parce qu'ainsi les points de l'un ni de l'autre ne paroistront pas.

Nostre anciene maniere²⁾ avoit les deux oculaires si pres de l'oeil que cela empeschoit les points d'estre veus, a quoy contribuoit encore beaucoup l'ouuerture de l'objectif un peu grande. car estant petite et la multiplication forte, il est malaisè que les points de l'oculaire pres de l'oeil ne paroissent, et le meilleur remede est de le faire d'une matiere qui n'aye que fort peu de points. I'ay dans mon microscope un petit oculaire de 6 lignes, qui est de telle matiere, et aussi blanche que du cristal de roche; avec cela elle est fort bonne et souffre pour le moins aussi grande ouuerture que vostre petite que je vous renvoie. Je retiens l'autre pour faire des essais et vous en remercie. le poly est fort bon.

Voicy les mesures de la vraye Campanine, avec la quelle j'ay estè comparer la miene, qui a cause de la grande ouverture que j'avois donnè a l'objectif estoit beaucoup plus claire, mais en recompense un peu moins distincte que l'autre, qui en effect est un peu sombre, mais pourtant tres excellente. J'ay du depuis estre cy

1) Lettres que nous ne possédons pas.

2) Consultez la Lettre N^o. 1633.

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mon ouverture, mais cela fait paroistre les points des oculaires qui en sont assez chargez.

L'ouverture chez l'Abbè Charles est cellecy.

Le diaphragme tel



Du trou de l'oeil au premier oculaire.

Du premier au second oculaire.

Du second oculaire au troisiesme.

Je prens tousjours du milieu de l'epaisseur des verres.

Les 3 oculaires ont chacun leur distance de foier d' 1 pouce 10 lignes.

L'objectif est de 2 pieds 5 pouces.

Toute la longueur de la lunette 3 pieds 3 pouces, qui est moindre de 4 pouces que la miene. tout est mesure de Rhynlande.

Pour ce qui est de ma nouuelle methode de composer un petit cave avec un objectif³⁾, Ie ne trouve pas qu'il y ait de vos petites formes qui vous puissent servir. mais pour un verre planoconvexe de 2 pieds 8 pouces comme vous en faites, il faut un oculaire dont l'une des superficies soit travaillee dans un creux comme cettuicy dont le demidiametre soit 289/1000 d'un pouce, et l'autre sur une boule dont le demidiametre soit 187/1000 d'un pouce, qui est telle, de sorte que vostre lentille creuse sera de cette forme , et il faut tourner le costè convexe vers l'oeil. Cette lunette grossira 30 fois, et pour cela il faut travailler l'objectif un peu grand, a fin de luy donner grande ouverture. Le costè convexe doit estre en dehors. Ce composè, suivant la demonstration, doibt faire autant que les verres hyperboliques, parce que le concave corrige les defauts de l'objectif qui vienent de la figure spherique. c'est pourquoy je ne puis pas determiner l'ouverture de l'objectif qui peut estre pourra estre 3 ou 4 fois plus grande qu'a l'ordinaire, mais si nous la pouvons seulement faire double ce sera beaucoup

3) Consultez la Lettre N^o. 1635.

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gaignè et la clartè sera assez grande pour la multiplication de 30. L'oculaire ne doibt avoir qu'une petite ouverture et qui soit prise justement au milieu. Il n'est pas necessaire de vous recommander le secret. et quand mesme l'invention ne reussiroit pas je ne voudrois pas que vous en dissiez rien a l'Israelite⁴⁾, a fin que par luy, Hudden⁵⁾ ou d'autres ne penetrassent dans cette speculation qui a encore d'autres utilitez.

Pour autheur de dioptrique je n'en vois pas encore de meilleur que Kepler⁶⁾, dont il y a un exemplaire dans la bibliotheque de mon Pere, outre celuy que j'ay empottè, qui est reliè avec d'autres traitez⁷⁾. demandez moy ce que vous n'ycomprendrez pas, et ce que vous voulez scavoir d'avantage, et je vous esclairci-

4) Baruch de Spinosa.

5) Consultez la Lettre N^o. 1633.

6) Sur J. Kepler, Dioptrice, voir la Lettre N^o. 5, note 5.

7) Ce volume, que nous avons retrouvé, contenait, outre l'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 519, note 2 et N^o. 1317, note 6, les opuscules suivants:
a) Tertius Interveniens, Das ist, Warnung an etliche Theologos, Medicos vnd Philosophos, sonderlich D. Philippum Faselivm, dasz sie bey billicher Verwerffung der Sternguckerischen Aberglauben nicht das Kindt mit den Badt ausschütten vnd hiermit jhrer Profession unwissendt zuwider handlen. Mit vielen hochwichtigen zuvor nie erregten oder erörteten Philosophischen Fragen gezieret, Allen wahren Liebhabern der natürlichen Geheymnussen zu nohtwendigen Vnterricht Gestellet durch Johann Kepplern, der Röm. Kays. Maiest. Mathematicum. Horatius, Est modus in rebus, sunt certi deniques fines, Quos vltra citraque nequit consistere rectum. Mit Röm. Kays. Maj. Freyheit nicht nachzutrucken. Gedruckt zu Franckfurt am Mayn. In Verlegung Godtfriedt Tampachs. Im Jahr 1610. in-4^o.
b) Antwort Joannes Keppleri J.C.M. Mathematici auff D. Helinaei Roslini Medici et Philosophi Discurs von heutiger zeit beschaffenheit, vnd wie es ins Künfftig ergehen werde. Belangend sonderlich etliche puncten, so D. Röslin auss Kepleri Buch de Stella Anni 1604 angezogen. Allen Liebhabern der wahren Philosophia, sunderlich aber auch denen, wölche kunfftige Sachen gern wissen wolten zu sonderm Nutz vnd vnderricht, worauff sie sich entlich zu verlassen haben. Gedruckt zu Prag bey Paulus Sena. Im Jahr 1609. in-4^o.
c) De vero anno qvo Aeternvs Dei Filivs hvmanam Natvram in vtero Benedictae Virginis Mariae assvmpsit Joannis Keppleri Impe. Caesar. Matthiae Mathematici Commentariuncula recocta, Privs Tevtonica lingva edita, nvnc ad exterorum petitionem in latinam linguam translata; & responsionibus ad objecta Sethi Caluisii Chronologi nuperrima locupletata. Theologis Chronologis, Historicis omnibusq; antiquitatis studiosis lectu iucundissima et utilissima. Cum priuilegio ad annos XV. Francofurti, Typis ac sumptibus Joannis Bringeri. mdcxiv. in-4^o.
d) Joannis Keppleri Mathematici Eclogae Chronicae ex Epistolis Doctissimorvm aliquot Virorum, & Suis mutuis, Quibus examinantur tempora nobilissima I. Herodis Herodiadumque. II. Baptismi & Ministerii Christiannorum non plus 2¼. III. Passionis, Mortis, Et Resvrrectionis DN N. Jesu Christi, anno aerae nostrae vulgaris, 31 non vt vulgo, 33. IV. Belli Iudaici, quo funerata fuit cum Ierosolymis & Templo Synagoge Iudaica, sublatumque Vetus Testamentum. Inter alia & Commentarius luculentus in locum Epiphanij obscurissimum de cyclo veteri Iudaeorum. Cum Priuilegio ad annos XV. Francofurti. Typis Joannis Bringeri, Impensis vero Godefridi Tampachii. m.dc.xv. in-4^o.

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ray de tout. Si ma dioptrique ne s'avance pas plus, ce n'est que faute de loisir, et parce qu'il est difficile de s'appliquer a ces matieres par intervalles, quand on est distrait par beaucoup d'autres choses comme je le suis tousjours icy. Pour la perspective je n'ay veu aucun autheur que Stevin⁸⁾, c'est pourquoy je ne puis pas vous dire qui est le meilleur. Il y a si peu de difficultè en cette science, qui se peut comprendre dans une ou deux regles, que je ne doute pas, que vous ne puissiez trouver tout par vous mesme. Dites moy ce que vous y trouvez de plus difficile, et je vous l'expliqueray.

Quand vous aurez le loisir faites moy un petit dessein de vostre tour⁹⁾ avec les mesures et remarques necessaires a fin que j'en fasse faire un de mesme.

8) Consultez les:
Hypomnemata Mathematica, Hoc est eruditus ille pulvis, iu quo se exercuit illvstrissimvs, illvstrissimo & antiquissimo stemmate ortus Princeps, ac Dominus, Mauritius Princeps Auraîcus, Comes Nassoviae, Cattimaelibocorum, Viandae, Moersii, &c. Marchio Verae & Vlissingae, &c. Dominus civitatis Gravae & ditonis Cuyc, civitatum Uyt, Daesburgh, &c. Gubernator Geldriae, Hollandiae, Zelandiae, Westfrisiae, Zutphaniae, Ultrajecti, Transisalanae, &c. Imperator exercitus Provinciarum foedere consociatarum Belgii, Architalassus Generalis &c. A Simone Stevino conscripta, & è Belgico in Latinum à Wil. Sn. conversa. Lvgdvni Batavorvm, Ex Ofsicinâ Joannis Patii, Academiae Typographi. Anno cIƆ.IƆ.c.viii. II Vol. in-folio.
où l'on trouve dans le second volume:
Tomvs Tertivs de Optica, Liber primvs, de Sciagraphia.

9) Consultez la Lettre N^o. 1635.