Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

N^o 1552.
Christiaan Huygens à [Ph. Doublet].
8 juillet 1666.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 8 Julliet 1666.

Quand j'aurois estè en Hollande je ne serois pas mieux informè de ce qui s'est passè dans nostre Combat naval et aux rejouissances qu'il a causè que je ne le suis apres l'arrivée du dernier ordinaire, la Relation imprimée¹⁾ m'ayant appris tout le detail de ces quatre grandes Journees, vostre lettre les festes de la Haije, et celle de mon Pere²⁾ tout ce qui s'est passè jusques dans nostre voisinage et chez nous.

1) Verhael van 't gepasseerde inde Zee-Slach tusschen de Vlooten van Engelandt ende vande Vereenighde Nederlanden, opgestelt volgens last ende ordre vande Heeren Staten-Generael der selver Landen, in dato den 24 Junij 1666 by de Heeren Raedt-Pensionnaris de Witt, Vrybergen, vander Hoolck, Kann, ende Gerlacins, Gedeputeerden ende Gevolmachtighden van haar Ho. Mo. jegenwoordigh inde Wielinge zijnde, tot expeditie ende over 't employ van de selve Nederlandsche Vloote, naar een curieus examen vande Hooft-Officieren, Commandeurs ende Capitainen der voorsz. Vloote. In 's Graven-Hage, By Hillebrandt van Wouw, ordinaris Drucker vande Hoogh Mogende Heeren Staten Generael der Vereenighae Nederlanden. Anno 1666. in-4^o.
De cet écrit parut en même temps la traduction:
Recit de ce qui s'est passé en la Bataille Navale, entre les Flottes d'Angleterre & des Provinces Unies des Païs-Bas, dressé de l'ordre de Messieurs les Estats-Generaux des mesmes Provinces du 24 Juin 1666, par Messieurs le Conseiller-Pensionnaire de Wit, Vrybergen, van der Hoolck, Kann & Gerlacius, Deputés & Plenipotentiaires de leurs Hautes Puissances, se trouvans presentement dans la Flotte au Wilingue, pour l'expedition & employ de la mesme Flotte, sur l'enqueste exacte faite de ses Chefs, Capitaines, Commandeurs & autres Officiers. A la Haye, chez Hillebrandt de Wouw, Imprimeur ordinaire des Hauts & Puissants Seigneurs Estats Generaux des Provinces Unies des Païs-Bas. Anno 1666. in-4^o.
Cette plaquette de 16 pages, publiée officiellement en hollandais et en français, fut signée par le secrétaire G. Borth.

2) Nous ne possédons pas ces lettres.

[p. 67]

Je vous envie seulement cette visite au Goereesche Gat et aux vaisseaux Anglois, car je m'imagine qu'il y a bien du plaisir a entrer dans un vaisseau des Ennemis quand ils n'y sont plus, et mesme d'avangage qu'autrement, quoyqu'en puisse dire le Consul³⁾, quem non terrent vestigia⁴⁾ a ce que j'entens. Je croy pourtant que son destin n'est pas d'estre mangè par les poissons, et que la volontè de Madame sa mere⁵⁾ est le moyen par le quel le bon Dieu opere pour l'en preserver.

Je consens facilement à la condemnation de la Cariole Roanesque⁶⁾ et principalement par la consideration du cocher, quoyque l'on pourroit alleguer qu'on en trouue icy de bien jolis et legers qui ne pesent pas la moitiè de nos cochers d'Hollande. Car pour ce qui est des ressorts de bois on les peut si bien proportionner qu'ils soient assez forts et doux tout ensemble.

L'on m'a priè d'escrire en nostre pais pour avoir les planches⁷⁾ des ports de mer de France mis en lumiere par Fr. de Wit⁸⁾. Il me semble que cet autheur est de vos correspondans a Amsterdam, c'est pour quoy je vous prie de tascher de recouurer les dites planches, et d'en envoier le pacquet par la poste avec cette superscription.

3) Il s'agit de:
David Suerius, fils de Joris Suerius, bailli principal de Maasland et de Jeanne Becker. En 1660 il fut nommé consul des Etats-Généraux à Rouen. Il épousa, à la sin de 1672, Maria van Baerle et fut tué le 21 août 1673 dans le combat naval près de Kykduin, auquel il prit part comme capitaine de frégate: on frappa une médaille en son honneur.

4) Voir Horatius, Epist. I. vers 74.

5) Jeanne Becker, veuve de
Joris Suerius, fils de Jacob Suerius et de Catharina Hoefnagel. Il mourut le 4 mai 1637.

6) Consultez la Lettre N^o. 1545.

7) Nous n'avons pu trouver aucune indication d'un tel ouvrage, la première partie d'un catalogue de fonds de la maison de Wit nous étant restée inconnue: il n'en est fait aucune mention dans la seconde partie, que l'on trouve dans l'ouvrage:
Curieuse Gedancken von den vornehmsten und accuratesten Alt- und Neuen Land-Charten nach ihrem ersten Ursprunge, Erfindung, Auctoribus und Sculptoribus, Gebrauch und Nutzen entworffen, auch denen Liebhabern der Zeitungen zum Vergnügen, aus der Geographie, Historie, Chronologie, Politica und Jure Publico erläutert und nebst kurtzen Lebens-Beschreibungen der berühmtesten Geographorum ausgefertiget durch Johann Gottfried Gregorii, von Toba aus Thüringen. Franckfurt und Leipzig, zu finden bey Hieronymo Philippo Ritscheln, Buchhändlern. Anno 1713. in-8^o.
L'auteur de cet ouvrage est:
Johann Friedrich Gregorii, connu sous le nom de Melissantes. Il naquit à Toba (Schwarzburg Sonderhausen) le 17 février 1685 et mourut à Dornheim le 4 août 1770. Il fut pasteur à Siegelbach, Dordorff et Dornheim, se consacra à l'étude de la géographie, de l'histoire et des antiquités, et publia plusieurs ouvrages.
La grande collection de cartes maritimes et terrestres qui se trouve dans la bibliothèque de Leiden, ne possède aucun atlas qui corresponde au titre mentionné dans la lettre. Consultez en outre la Lettre N^o. 1556.

8) Frederik de Wit (Widt, Witt) fonda en 1648, à Amsterdam, un atelier de gravure de cartes et de planches. Son fils, de même nom, et son petit-fils lui succédèrent, le premier en 1689; en 1706 on publia un catalogue de 400 pièces, et le magasin passa aux libraires C. Mortier et G. Covens.

[p. 68]

A Monsieur Perraut⁹⁾ chez Monsieur Colbert.

Vous m'obligerez beaucoup et j'auray soin de vous faire rendre ce qu'elle coustent.

Prenez la peine de dire a nos bien aimees Mademoiselles Ida et Constantia¹⁰⁾. qu'ayant longtemps cherchè en vain le Licpot¹¹⁾ je l'ay en fin rencontrè ces jours passez dans un estat qu'il leur auroit fait peur et pitiè, sans habits ni chemise, se baignant dans la riviere, ou se trouua aussi leur tres humble serviteur, et nous eumes de la peine ainsi nuds et depouillez a nous reconnoistre l'un l'autre. Nous parlames fort d'elles en cette entrevuë et depuis encore dans une autre au mesme lieu, et il me dit qu'il esperoit bientost les reveoir parce que le Roy luy avoit promis un vaisseau de ceux qu'il fait equiper en Hollande. peut estre que cecy leur servira de quelque consolation.

Je ne suis pas encore delogè d'icy mais ce sera assurement dans l'autre semaine. Je fais faire un lict et de la tapisserie de certains brocatels de fil et de soye que je m'assure que vous trouuerez forts beaux quand quelque jour vous viendrez nous veoir.

9) Claude Perrault était occupé alors à la façade et à la colonnade du Louvre et aux dessins de l'Observatoire, où il ne fit entrer ni bois ni fer, et dont les pièces voûtées sont considérées comme un chef-d'oeuvre.

10) Ida van Dorp et Constantia le Leu de Wilhem. Consultez la Lettre N^o. 1542.

11) Probablement l'auteur indique Monsieur de Saint-Tot. Consultez la Lettre N^o. 1542, note 10.