Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665

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N^o 1386.
R. Moray à Christiaan Huygens.
10 avril 1665.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 1362.

A Whitehall ce 31. Mars. 1665.

Monsieur

Vostre derniere du 27. me donne suiet de vous entretenir encor un peu sur les Horologes. Monsieur Holmes m'a confirmé plusieurs fois la promesse qu'il me fit a son arriuee¹⁾ mais il ne la point encor accomplie. il s'excuse sur les affaires qu'il a sur les bras: Mais il me fait esperer que dans une semaine ou deux Je lauray sans faute. Cependant Je tasche d'auoir aussi les journaux de tous les autres Maistres de Nauires qui estoyent en sa Compagnie. et c'est mon dessein de vous enuoyer copie de tout. On jnserera²⁾ dans l'instruction pour les pilotes ce que vous dites touchant l'attachement des Horologes à une poultre; vous en aurez aussi copie aussi tost quelle sera imprimee.

Je ne doubte point que Monsieur Dauidson n'aye le soin requis de l'Horologe, selon la recommandation que Je luy en ay faite. Ce n'est pas, à la verité, sans suiet, que vous prennez tant de plaisir dans ce liure³⁾ de Monsieur Hook. aussi vous a il pourtant bien de l'obligation du charactere que vous m'en donnez, puisque quelque iustice qu'il y ait dans l'eloge que vous luy donnez, vous y temoignez aussi une affection à la personne qui a tant pris de peine de mettre au iour ce qu'il a decouuert auec beaucoup de diligence et d'industrie. Vous ne luy faites pas tort aussi en ce que vous dites de la hardiesse dont il se sert en proposant ses Hypotheses. Mais puisqu'il s'en excuse d'assez bonne façon dans sa preface il faut la prendre en bonne part. Et je crois qu'il est si sensible de l'erreur qu'il a commise en parlant si positiuement qu'il ne se seruira plus de ce stile là desormais.

J'auois prié Monsieur Oldenbourg de vous enuoyer les Philosophicall Transactions⁴⁾ lorsque J'estois a la Campagne. Mais puisque vous ne vous plaignez pas, que le port ne vous en couste plus qu'elles ne vallent, Je pretends vous les enuoyer reiglement. J'ay fait voir a Monsieur Oldenbourg, ce que vous dites de luy: et il m'a temoigné beaucoup de ressentiment de l'estime que vous auez pour luy. Je suis d'auis comme vous que Nostre Societé pourra de temps en temps fournir assez de matiere pour le peu de feuilles que cela occupe. aussi pretend il

1) Consultez la Lettre N^o. 1329.

2) On ne trouve pas cette insertion dans les Philosophical Transactions, N^o. 47 du 10 mai 1669: peut-être qu'il y a eu une édition antérieure de ces Instructions.

3) La Micrographia.

4) C'est le numéro 1, du 5 mars 1665.

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y en employer une bonne partie quand il sera une fois en train: Mais il est a propos que d'autres choses s'y mettent aussi qui ne sont pas des productions de Nostre Societé pour plusieurs raisons qu'il n'est pas necessaire de vous alleguer comme estant faciles à s'imaginer. Jl ny auoit que bien peu de personnes icy qui auoyent veu les predictions⁵⁾ de Monsieur Auzoust deuant que ces Transactions fussent imprimees. Et comme Monsieur Auzoust auait desiré que l'on les sceut partout, il a cru estre obligé a les mettre de la façon qu'il a fait⁶⁾ tant pour luy faire plaisir que pour en informer tous les curieux de ce païs.

Je ne trouue nullement estrange que les gens de mer chez vous sont difficiles a mettre en pratique l'inuention des Horologes pour la longitude. C'est une rage qui possede le genre humain, que de ne se laisser aisement persuader a quitter leur vieilles pratiques pour se seruir d'autres facons de faire, quelque raisonables qu'elles soyent. Mais quant à ces Horologes, Je ne doubte pas qu'auec le temps on ne sen serue partout apres que l'usage en sera approuué par quelques experiences. Jl est vray que Jauois oublié de vous dire que ce n'estoit pas le Corps du Cruset qui enflama le Soufre, et il estoit facile a simaginer que vous le iugeriez bien comme vous auez fait. Ca esté en effet le nitre qui a allumé le soufre et lors mesme qu'il ne paroissoit point rouge du tout, à l'oeil. Quant a ce que vous dites de la poudre a Cannon, Je ne crois pas quil soit difficile a fournir une raison assez probable pourquoy elle ne senflamme pas aussi bien par une verre conuexe dans le recipient comme le soufre fait par le Nitre lors mesme quand il n'est pas rouge: Mais J'ay quelque peine a admettre que la poudre ne se peut allumer, par quelque moyen ou autre, bienque ceux que vous y auez employez n'y ont pas reussi, et si Je ne me trompe, J'ay oui dire a Monsieur Boile qu'il a fait. Comme que c'en soit Je tascheray dy faire employer Monsieur Hook par la Societé, et puis vous en diray le succez.

Nous voyons icy une autre Comete depuis 3. ou 4. iours, Je dis une autre, parceque bien quelle ressemble fort a la premiere, et n'est pas loin du lieu ou elle a esté veue dernierement: neantmoins c'en est une nouuelle, parce que Monsieur Hook qui a veu la premiere depuis 8. iours, a veu aussi cellecy, et met la chose hors de doubte. Nous tascherons de lengager a lobseruer le plus soigneusement qu'il se peut. Mais Je crois que lapparition de cette derniere l'obligera a retarder ce qu'il preparoit⁷⁾ pour mettre auiour touchant la premiere, iusqu'a ce qu'il en voye aussi le mouuement peut estre iusqu'a la fin. J'ay veu cette derniere ce matin a 4 heures. Elle estoit alors haute d'enuirons 15^o. 30′. et l'Azimut en estoit a quelque 34^o. de l'Est vers le Nort. Mais il faut icy couper apres vous auoir dit,

5) Consultez l'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 1362, note 4.

6) Consultez, dans les Philosophical Transactions N^o. 1, du 5 mars 1665, l'article ‘the motion of the late comet praedicted’.

7) Consultez la Lettre N^o. 1363.

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que lorsque vous m'employez a vous acheter icy des liures ou autre chose, Je vous en diray le prix. Mais pour le peu que Je vous en enuoye de mon chef, il ne vaut pas la peine d'en parler: et quand il seroit beaucoup plus considerable en les acceptant vous obligez

Monsieur

Vostre treshumble & tresobeissant seruiteur R. Moray.

A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem A la Haye.

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