Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1362.
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veoir la confirmation de ce qu'a raportè le major Holmes. Pour le scrupule que vous aviez conceu par la fausse raison que j'avois donnée de l'accord merveilleux de mes horologes, je ne diray rien puis que vous ne l'avez plus, apres que je vous ay fait scavoir la cause veritable de la pretendue sympathie. Il vaut mieux en effect qu'elle soit telle que je l'ay trouuée par ce que l'autre auroit causè des inconvenients et il auroit du moins fallu eloigner les horologes a fin que l'une n'entrainoit pas l'autre. A Paris l'on s'est hastèGa naar voetnoot3) de mettre mon observation dans le Journal hebdomadal sans que j'en sceusse rien, dont je ne suis par fort aise. Quand vous n'auriez dessein de rien adjouter a l'Instruction que je vous ay envoiée, il seroit pourtant necessaire d'y joindre un article touchant la suspension des horologes, a scavoir qu'il faut bien prendre garde de les attacher fermement avec leur visses a quelque poutre du vaisseau et que sur terre en les accordant il faut de mesme chercher une telle suspension entierement ferme et inebranslable par ce que sans cela l'on a non seulement plus de peine a les accorder ensemble, mais ayant estè d'accord a terre elles ne le seroient pas sur mer. Car c'est ce que j'ay trouuè par mes observations (et je puis dire a mes depens) que le mouuement du pendule, quoy que de si petit poids en comparaison de toute l'horologe, donne aussi du mouuement au corps dont elle est suspendue s'il est capable du moindre bransle. Monsieur Davison que j'avois estè veoir a Amsterdam fut icy avant hier, et en m'envoiant le livre de Monsieur Hook me fit demander pour aller ensemble chez l'horologer, ce que je luy offris pour l'apresdinée, mais l'ayant estè chercher de bon heure je le trouuay desia sorti, et il partit le mesme soir. Je ne scay si peut estre il reviendra bien tost, mais il me dit a Amsterdam qu'il avoit vostre ordre pour prendre l'horologe, et il ne tiendra qu'a luy de l'accomplir. Au reste je suis raui de posseder a la fin le dit livre de Monsieur Hook que je ne m'estoit pas imaginè estre un volume de telle importance. Certainement c'est un tres bel ouurage et aussi curieux qu'il ne s'en est imprimè de long temps. Je prends si grand plaisir a le fouilleter qu'a peine je m'en suis detachè pour vous escrire ces lignes. L'on ne peut pas donner des observations plus exactes en ce genre, ni des figures mieux faites qui assurement luy ont coustè une peine incroiable tant a dessigner comme a faire si bien executer au graveur. Il n'y a point de matiere qui puisse m'agreer d'avantage que la mechanique et geometrie qu'on void dans les ouvrages de la nature, dont la contemplation semble estre le principal but de l'autheur, et dans la quelle il penetre bien avant. Il est vray qu'il est un peu hardi a former des hypotheses, mais aussi ne les donne t il que pour telles ainsi qu'il avoue dans sa preface. J'y vois plusieurs choses que je me propose d'examiner a loisir, comme ce qu'il dit des couleurs, des refractions, de la | |
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flexion de l'air &c. et dont je vous diray apres mon opinion, car jusqu'icy je ne fais que parcourir tout l'ouvrage en gros. Je viens de recevoir les Philosophical Transactions, de la part comme je crois de Monsieur Oldenbourg que je vous prie d'en remercier de ma part, et de l'honneur qu'il m'a fait de m'y nommer plus d'une fois. Il me semble que vostre Societè Royale seroit suffisante, quand il ne viendroit pas de nouuelles du dehors de fournir de la matière, pour le moins chaque mois, a un tel recueil qui n'occupe pas plus de feuilles. Je ne scay pas pour quoy les predictions de Monsieur Auzout yGa naar voetnoot4) sont si fort au long puis que tout le monde les avoit desia vues chez vous et qu'on y trouuoit assez a redire, a ce que vous m'avez escrit. J'y trouue la RelationGa naar voetnoot5) de Monsieur Holmes corrigee quant aux nombres des lieues, suivant ce que vous m'aviez adverti. Mais ne manquez pas, je vous prie de me communiquer ce que vous aurez appris de luy a l'entrevue que vous me faites esperer dans vostre derniere. Dans les conversations que j'ay eues a Amsterdam avec quelques uns de nos gens de mer j'ay veu avec admiration combien ils sont tardifs et difficiles pour admettre quelque chose de nouveau, bien que l'utilitè en soit evidente. Il n'y auroit rien de meilleur si non que vous fissiez cesser nostre guerre, et que je m'enbarquasse avec mes horologes pour en enseigner l'usage et le mettre en train, et je vous assure qu'en ce cas je n'en ferois pas difficultè. Je suis a tout jamais
Monsieur
Votre tres humble et tres obeissant seruiteur Chr. Hugens de Zulichem.
Vous m'obligerez s'il vous plait de me dire le prix du livre de Monsieur Hook et me donnerez la libertè par la de vous en demander par fois quelques autres de ce pais la. L'experience du souffre allumè par le nitre est fort belle, sur tout si le souffre seul en tombant sur le creuset rouge dans le feu ne s'allumoit point comme je le croy, quoy que vous ne l'adjoutez pas. Mais si le nitre est cause que le feu si met d'ou vient que dans le recipient bien vuide d'air l'on ne peut point allumer avec un verre convexe de la poudre a canon, comme j'en ay l'experience. |
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