Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665

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N^o 1214.
Christiaan Huygens à [Lodewijk Huygens].
22 février 1664.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 22 Fevrier 1664.

Avanthier nous vismes danser le Ballet¹⁾ au Palais Royal qui fut beau et magnifique, et sur tout les Entrees des dames, qui estoient jusqu'a 22 en nombre, et plusieurs fort belles. C'estoit la 3^me fois et aujourdhuy ce sera la 4^me et lundy la 5^me et derniere. Au sortir de là j'avois si chaud qu'il falut changer de chemise.

J'ay dit a Monsieur Thevenot les soins que vous voulez prendre pour luy, dont il vous remercie fort.

Je ne scaurois pas vous dire pour certain si le frere de Zeelhem a demandè nouuellement avis a mon Pere touchant ce que scavez²⁾, mais je scay bien que cy devant il y a 2 ou 3 mois, il luy proposa celle la avec deux autres encore, et que le Signor Padre des lors sembloit incliner a cette premiere, aupres de qui vous dites qu'il est tousjours si assidu. J'ay fait venir a propos cette matiere encore aujourdhuy, et je voy qu'il est encore assez portè de ce costè la, et qu'il ne s'opposeroit pas fort si le frere venoit a le consulter. Il dit que le Pere et mere sont d'honnestes gens, et que la dote de 40 mille ℔ n'est pas si petite, quoy qu'il souhaiteroit qu'elle fust meilleure. En suite multa de iniquitate temporum pour nous autres, ce qui nous porta dans d'autres discours. Quand on me demandera mon avis je le diray librement et soutiendray tousjours que le frere devroit aspirer a quelque alliance plus considerable et plus utile, et qu'il sera d'ailleurs tresmal a son aise avec la rente de ces 40 mille ℔ et ce qu'il apportera de son costè, qui durant la vie de Pere ne sera pas grand chose. Pour moy j'avoue que ce ne seroit pas mon affaire, et que j'aimeray tousjours plus de supporter la pauuretè estant seul, qu'en ayant femme et enfans. Mais vous à propos, avec vostre Zelandoise³⁾ croiez vous faire beaucoup mieux vos affaires? Ou en estes vous, quels rivaux avez vous? Il me semble que vous en parlez assez froidement cette fois.

Je m'estonne comment vous ayez pu ignorer si longtemps que j'avois receu le present du Roy⁴⁾, puis que je l'ay escrit au frere de Zeelhem⁵⁾ et a ma soeur⁶⁾ si je ne me trompe. Ce n'estoit que 400 escus, qui a dire vray me sont venus fort

1) Consultez la Lettre N^o. 1213.

2) Consultez, sur les projets de mariage du frère Constantyn, les Lettres N^os. 1172 et 1176.

3) Cobetje Thibault.

4) Consultez la Lettre N^o. 1150, note 9.

5) Cette lettre à Constantyn Huygens est le N^o. 1158.

6) Sur sa lettre à Susanna Huygens, consultez la Lettre N^o. 1176.

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bien a poinct et m'ont espargnè la peine de demander si souuent de l'argent a mon Pere comme sans cela j'eusse estè contraint de faire; qui comme vous scavez est chose tres facheuse. S'il se plaint avec tout cela que je luy couste cher, c'est qu'il cherche suject de vous prescher le menage. Il me fit lire dernierement une lettre au frere par la quelle il sembloit accorder quelque augmentation a nostre pension ordinaire, et demandoit de combien l'on pretendoit qu'elle fut. I' espere qu'on n'aura pas negligè d'en profiter, et voudrois bien scavoir ce qui s'en est ensuivi. Par ce que j'avois quelques machines a payer, que j'avois fait faire, et dont je ne voulois pas parler a mon Pere⁷⁾.

Nous dinames hier chez Monsieur de Guenegaut⁸⁾, ou je fis venir apresdiner la machine du vuide qu'a Monsieur de Montmor, pour faire veoir les experiences a cette dame⁹⁾ qui est la meilleure femme du monde, et a 2 ou 3 autres curieux et curieuses.

Le bon Don Sebastian a perdu depuis peu son Pere, sur quoy je m'en vay luy escrire un mot de compliment.

Je vous remercie de toutes vos nouuelles et attendray par vostre premiere un poco di raguaglio des nopces d'Amsterdam¹⁰⁾.

7) Cette dernière phrase se trouve seulement dans la copie.

8) Sur Henri I de Guénégaud, voir la Lettre N^o. 484, note 4.

9) Isabelle de Choiseul-Praslin était la fille du maréchal de France, César duc de Choiseul, seigneur du Plessis-Praslin, connu sous le nom de Maréchal du Plessis. Elle épousa en 1642 Henri I de Guénégaud, eut cinq fils d'une certaine réputation, et mourut en 1677.

10) Il s'agit du mariage de David Becker et Justina van Baerle; consultez les Lettres N^os. 1205 et 1211.