Oeuvres complètes. Tome III. Correspondance 1660-1661
(1890)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
[pagina 202]
| |
No 820.
| |
[pagina 203]
| |
a jamais produit. On lappelle la du Rocher, elle est belle comme un ange et joue en perfection, au jugement mesme de madame la BarreGa naar voetnoot3), qui se connoist un peu a ce mestier. Entre les hommes il ij en a deux qui font bien, Monsieur Donoy ose presque comparer l'un a FloridorGa naar voetnoot4). le reste ne vaut pas grand chose. la plus part de nos dames, s'entant les plus zelees pour la Commedie, ont de petits retranchemens ou Loges de trois ou quattre personnes dans le parterre, quelles loüent pour cinquante francs par mois, s'entant chasque place, et de la sorte les Aerssens ij vont pour 250 francs par mois. Les autres a l'aduenant, tellement qu'on les meijne a fort peu de frais a la Comedie, en paijant pour soij mesme, et fautte de galands les dames et demoiselles y vont touttes seules, comme a l'Eglise sans scandale aucun. Celles qui ont de ces Loges comme je vous dis sont madame de HoornGa naar voetnoot5), de MompouillanGa naar voetnoot6), de CatsGa naar voetnoot7), de DüuenvoordeGa naar voetnoot8), de ValckenbourgGa naar voetnoot9), qui s'est assosiee auec la cousine Dorp et mademoiselle de Nieveen, les Aerssens, et encore quelques autres. Le duc de LunebourgGa naar voetnoot10) est de retour depuis quelques jours a la Haije, et a fait faire tout expres un retranchement pour luij tout contre celuij des Aerssens pour entretenir la belle. Ce qui donne bien de la jalousie aux autres et de la vanité a elles. Jl se dit que un de ces jours passez la ReijneGa naar voetnoot11) luij aijant dit entre autre choses, que c'estoient des belles paijsannes, le duc auroit respondu que de paisannes comme celles la on pourroit bien faire des duchesses. S'il est vraij je n'en scaij rien, je vous le donne comme on me l'a donné. | |
[pagina 204]
| |
MadameGa naar voetnoot12) de Carisius doibt arriuer ce soir a la Haije de son voijage de Dannemarck. elle rameine sa fille Sophie, et l'autre demeure en Dannemarck. Les PaeuwtiesGa naar voetnoot13), RyckertiesGa naar voetnoot14), Bellen et le reste de cette volee sont encore au mesme estat que vous les auez laissees. Le mariage de mademoiselle de WaesdorpGa naar voetnoot15), se fera en peu a ce qu'on dit, ilsGa naar voetnoot16) font desia emplette de meubles. Aupres de mademoiselle de Nieueen les places sont vacantes et par un je ne scay quel reuers de fortune il ne luij reste de tous ces adorateurs, que la seule cousine Dorp. on attend de jour a autre quelque nouuelle recreue de galans pour elle. Languerack ne luij parle plus jamais quoij qu'il soit tous les soirs fort proche d'elle a la Comedie. Pendant que j'escris cecij ma femme recoit une lettre du frere Louijs escrite a la Rade de St. Antonio en Biscaije le neufjesme du mois passé. jusques la ils estoient venus sans aucune jncommodité. Jl escrit beaucoup de la beauté du paijs, quoij qu'il en ait encore fort peu veu, tout le paijs ou ils sont est tout pleijn d'orangers et citroniers charges de fleurs et de fruict, en la saison ou nous sommes. mais les personnes plus semblables a des Egiptiens, qu'a des Chrestiens, et n'ont point la | |
[pagina 205]
| |
prattique de mettre le blanc d'Espagne en usage. Le sieur Leeuwen est auec sa famille depuis quelque jours a la Haije et y demeure encore quelque temps pour l'amour de la Comedie. Voila tout ce que je scaij pour le present. Je vous prie de nous faire scauoir un peu de ce qu'on fait par de la, comme quoij on vit a l'hostel d'Hollande, ce que fait mademoiselle de TailleferGa naar voetnoot17) la pauure fille, on dit icij qu'elle ne trouue pas son compte a Paris. Si le bon Tassin est encore en vie, c'est ce que je desire fort de scauoir. Sans doutte vous voijez ca et la bien de belles choses et il ne se peut que vous n'aijez desia veu les Sieurs Nantueil, BosseGa naar voetnoot18), IsraelGa naar voetnoot19) et autres de leur sorte, vous m'obligeriez jnfiniment si, quand par hasard vous voijez quelque chose de nouueau de ce messieurs, vous vouliez prendre la peijne d'en faire quelque emplette pour moij, comme aussi du PautreGa naar voetnoot20), MarotGa naar voetnoot21), et telles gens, qui nous donnent de si belles choses en l'architecture. Je vous en tiendray bon compte a vostre retour, ou bien si vous le trouuez bon je vous pourrois faire tenir pour cet effet quelque somme d'argent de cent Escus ou enuiron pour les emploijer en telles marchandises, liures nouueaux, Comedies etc. Je laisse tout a vostre discretion, vous y cognoissant aux belles et bonnes choses comme vous faittes. Vous me feriez plaisir aussi de m'aschepter les Oeuures GeographiquesGa naar voetnoot22) du Sieur SansonGa naar voetnoot23). Jl vous souuient sans doutte de | |
[pagina 206]
| |
l'Exemplaire que vous auez veu il y a enuiron un an au Comte de Dhona, il estoit enluminé, sur touttes les limites des Prouinces et Royaumes, et tout le reste scauoir les ornemens etc. estoient en blanc, s'il estoit possible je desirerois de l'auoir de mesmeGa naar voetnoot24). On m'a parlé de planches en taille douceGa naar voetnoot25). qui auroient esté faittes des Arcs Triompheaux erigez a Paris lors de l'Entrée du Roij. S'il en est quelque chose je seraij bien aise de les pouuoir auoir, s'entend s'ils le merittent, comme aussi des nouueaux bastimens du Louure, sachons un peu s'il vous plaist comment ce vaste édifice auance, je me l'jmagine tresgrand et superbe. Je suis jnciuil me direz vous ou au moins vous le penserez mon cher frere, d'oser vous scharger de tant de commissions, mais je serois marri que vous en fissiez quelque chose, sinon a vos heures perdues et que vous n'auriez rien autre chose a faire, et si cependant je vous puis estre utile par deca en quelque chose que ce soit vous n'auez qu'a commander celuy qui tiendra a grand bonheur de vous pouuoir tesmoigner combien je suis Monsieur mon Frere Vostre tresaffectionné serviteur et Frere Ph. Doublet. Ma Femme vous baise les mains et ne laisse pas pour cela de se plaindre de ce que vous ne vous souuenez plus d'elle. c'est ce qu'elle me commande de vous dire. adieu. |
|