Oeuvres complètes. Tome III. Correspondance 1660-1661
(1890)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 819.
| |
[pagina 201]
| |
pas la peine. Bisschop advient icy touts les matins pour desseigner ces deux petites figures d'ivoire qu'a mon Pere, et que vous connoissez. MadameGa naar voetnoot5) part aujourdhuy pour CleuesGa naar voetnoot6) avec toute sa Cour et famille. Avant son depart il a encor esté parlé de cette placeGa naar voetnoot7) dont elle a donné une expectative a mon Pere, et il s'est trouvé qu'auant quelque temps elle en a donné une quasi de la mesme teneur a celui qui l'a pourchassée il y a long temps et que vous connoissez. Elle dit ne s'en estre pas souvenu quand elle nous donna la nostre, et qu'allant maintenant à Cleves ou ce jeune homme viendra aussi, elle taschera de faire en sorte que Monsieur l'Electeur luy donne quelque autre chose, et qu'alors on le fera demordre de cellecy en nostre faveur, chose que je crois estre pourtant subjecte a beaucoup d'accidents, il faudra voir ce qui en arrivera. En tout cas il est necessaire que cela demeure secret, car s'il en auoit le vent, il ne voudroit jamais prendre autre chose pour perdre celle que vous scauez. Je vous ay recommandé et vous recommande encore de tascher d'envoyer mon livre avec le bagage de Messieurs de Villers en cas qu'il l'envoyent par terre car je ne voy point de voye plus courte. Je croy que mon Pere vous parlera aussi de luy faire tenir quelque chose par le mesme moyen. Les dames d'icy se portent tres bien et font l'honneur a leurs galands de venir à la ComedieGa naar voetnoot8) auec eux tres souvent en estant requises sans gueres refuser ces parties. Il y a deux jours qu'on representa l'Andromede de Corneille et il se trouva que le Pegase sur lequel estoit monté PesseursGa naar voetnoot9), n'ayant pas esté assez bien attaché par devant, ou bien le Cavalier se demenant trop dessus, ses deux pieds de devant se destacherent, et il versa son Heros tout net et le fit mestre pied a terre (ou cul plus tost) plus viste qu'il n'avoit envie, tombant d'assez hault pour se pouvoir faire du mal. Il se releva pourtant de sa cheute et se resolut de combattre a pied son monstre marin, ce qu'il fit avec bon succes. J'ay esté quatre jours sans pouvoir quitter la maison a cause d'une fluxion sur les dents à laquelle je suis fort subjet, cela est fait presentement, et j'iray apprendre des nouvelles pour vous en mander par le prochain ordinaire. Adio. je vous prie d'auoir soin de mon livre, mais de ne l'envoyer pas par mer. |
|