Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659
(1889)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 23a.
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formel, s'il ne se fust contenté de vous dire demie parole comme à bon entendeur. Voyez si dans l'aage où il est ce n'est pas raisonné aveq prestance et d'un train de maistre. Le musicienGa naar voetnoot3) que m'a choisy Monsieur Gobert est arrivé et correspond a peu près à mon attente. s'il continue d'estre sage et moderé il subsistera icy aveq satisfaction et sera bien voulu parmi les gens de condition. Je voudray que vous l'entendissiez entonner mes Pseaumes aveq moy. Il me semble que nous y reuscisons, et il est complaisant jusques a en dire davantage. Je voudray veoir un premierfueillet de l'impression du Sieur Ballart. Ce sera à son loysir et le vostre. Voyci encor un portraict de ma lanterne tant en front qu'en profil, chose tres niaise et simple sans verre aucun, la flamme subsistant toutefois contre les tempestes et tout, par ce qu'il n'y a ouverture que sur le devant. Il ne se peut qu'on en ayt à Paris où confluent toutes choses. La chose est trop petite pour vous en dire davantage, mais le service en est en estime icy. Il y a 17 ans que l'Apollonius est entre les mains du Professeur GoliusGa naar voetnoot4), qui ne cesse de la promettre à l'esperance du publiq, et jamais n'en donne aucune apparence. un très-sçavant personnageGa naar voetnoot5) Conseiller de Son Altesse mary d'une de mes soeurs, le luy porta d'orient pour le bien commun. Je ne scay s'il n'y rencontre trop de difficulté. Notre PelliusGa naar voetnoot6) voudroit fort l'avoir et assurement en viendroit promptement à bout, mais le moyen de l'arracher au premier sans le picquer ou affronter. Nous avons a Leiden un habil hommeGa naar voetnoot7) qui prepare un livreGa naar voetnoot8) a prouver que les langues Grecque et Latine, et autres, aussi bien nostre Germanique sont evidemment et très-évidemment derivées de l'ancienne Schythique. Voyci bien des nouvelles. où sont vos polis conservateurs de la langue françoise, ou ceux de l'Italienne ou Espagnole? il ne nous vault pas la peine de les considerer, si ce n'est pour bran- | |
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ches pourries du Grec et Latin, qui encor vont debuoir leur origine où vous voyez. Tant il y a, nous verrons des plaisans discours et bien doctes soustenus par des exemples, au dire de l'autheur, indisputables. Je vous envoyeray le motet du CollegueGa naar voetnoot9) de Monsieur Gobert. nous l'avons essayé et trouvè faire beau bruict, à quoy je croy bien que ces Messieurs luttent uniquement, aille de la parole comme il plaist à Dieu, et ainsi tout trepigne ou galoppe, qui est une etrange sorte de devotion et peut estre touchera plus les coeurs du S.P.Q.R. que les nostres, mais pour tout cela, l'auteur temoigne entendre bien son mestier et que s'il vouloit s'y appliquer d'une autre sorte (qui peut estre n'est pas auiourd'huy de la mode) il le feroit en perfection, car veritablement l'harmonie en est belle. Nous essayerons aussi celle de Monsieur Gobert. Je seray tres content de vous envoyer un motet de ma façon à 5 ou 6 pour le faire essayer à Rome, ou peut être, mon stile symbolizeroit autant aveq l'humeur de la nation, que celuy du meilleur Catholique Romain, mais le moyen de plus songer à ces passetemps, tout mon loysir se trouvant si entrecouppé ut hanc etiam vix, Tityre, ducam? Je ne sache point d'homme Grec aujourd'huy en ces quartiers icy qui nous puisse esclarcir de la musique dont vous parlez et demeure
Monsieur
Vostre tres humble seruiteur, C. Huijgens.
A la Haye. 9 cal. Jan. Anni ciɔiɔcxlvii quem deus prosperrimum det ac felicissimum. |
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