Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659

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N^o 670.
Ch. Bellair à Christiaan Huygens.
22 septembre 1659.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 659.

ce 22 Sept. 1659.

Monsieur

Vne petitte fiebure qui me retient aulit depuis quelque temps moblige d'emprunter la main d'vn de mes amis¹⁾ pour respondre a la lettre que vous m'auez fait l'honneur de m'escrire et que jay receue il y a dix ou douze jours. Les deux derniers pendules pour Monseigneur le duc de Luynes ont esté receuz²⁾ et il m'a chargé de vous en remercier et de vous tesmoigner combien il se sent obligé du soin que vous en auez pris. Jattend tousiours auec impatience les deux autres dont jay pris la liberte de vous faire escrire par Monsieur Brunetti³⁾. Mais quoy que vous me mandiez qu'apparemment lvn des deux estoit arriue a paris chez Le Sieur Hannet correspondant de vostre ouurier⁴⁾ il m'a néanmoint esté impossible den apprendre aucune nouuelle parce que dans vne aussi grande ville que paris il est tres difficile de trouuer le monde sans scauoir expressement le lieu ou ils demeurent ce que vous ne mauez pas escrit. Je vous suplie donc Monsieur de vouloir prendre la peine de me marquer le lieu ou il demeure à fin qu'on le puisse trouuer assurement, ou plustost afin de ne vous point donner la peine de mescrire pour vn si petit suiet, il suffiroit dauertir vostre ouurier de mander a son correspondant que si tost que lvn ou lautre de ces pendules seront arriuez il vienne en donner auis a l'hostel de luine en y laissant aussi l'adresse de son Logis, afin qu'on me le fasse scauoir au lieu ou nous demeurons qui est a six lieues de paris⁵⁾ et que je les puisse ensuitte faire retirer.

Il y a peu d'apparence que vous puissiez auoir de longtemps la solution du doute que vous auiez proposé⁶⁾ a Monsieur Pascal. Lincommodité ou il est lempeschant entierement de s'appliquer a tout ce qui a besoin de quelque contention desprit. ce qui ne cause pas peu de douleur a tous ses amis qui se voyent par la priuez de ce quils pouuoient attendre dvn esprit aussi rare comme le sien, et qui est encore

1) Du Gast. Voir la Lettre N^o. 687.

2) La première horloge avait été envoyée le 22 mai (Voir la Lettre N^o. 658).

3) Voir la Lettre N^o. 647.

4) C'est-à-dire Salomon Coster.

5) Le duc de Luynes demeurait à la campagne, à Dampierre près de Vaumurier.

6) Consultez les Lettres N^o. 621 et 637, note 3.

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plus eminent en dautres sciences plus vtiles et plus considerables que dans les mathematiques qui ne font que son diuertissement, quoy que vous puissiez juger par ce quil vient de produire quil y en a peu qui Ly egalent. Au reste Monsieur je ne vous scaurois dire auec combien djmpatience on attend icy vostre traitte sur la planette de Saturne. Monseigneur Le Duc de Luynes et quelque personnes de lettres qui sont auec Luy en jugeant par vos autres productions ne doutent point quils ny trouuent vne jnfinite de Lumieres nouuelles et inconnues a tous les autres astronomes sur la nature et le cours de cette planette et ils veulent bien que je vous mande par auance le sentiment quils en ont sans craindre d'estre obligez de sen dedire aprez l'auoir leu. lestime quils ont pour vous leur donnant vne entiere assurance que vous ne scauriez rien produire que d'excellent et d'acheué. vous pouuez croire que vous estant particulierement attache je ne suis pas dans vn autre sentiment. Je vous supplie Monsieur de me conseruer tousiours lhonneur de vos bonnes graces et de croire quil n'y a personne qui soit auec plus de passion que moi

Monsieur

Vostre treshumble & tres obeissant seruiteur Bellair.

Quand il vous plaira me faire lhonneur de mescrire il ne faut qu'adresser vos lettres a lhostel de Luynes.

A Monsieur Monsieur Christianus Vgens de Zulichem A la Haye en hollande.

poste de Hollande

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