No 327.
J. Chapelain à Christiaan Huygens.
24 août 1656.
La lettre se treuve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 323.
Monsieur
je ne vous demande point de ciuilités mais seulement de l'amitié, parce que les termes ciuils ne sont pas tousjours des marques de franchise. C'est aussi pourquoy je vous conjure de ne prendre jamais pour complimens quelque chose que je vous puisse escrire. Car ayant pour vous vne parfaitte estime je n'ay point besoin de me desguiser pour traitter auec vous et ce qui aupres d'autres passeroit pour de simples courtoisies ne peut passer aupres de vous que pour verite. Je vous supplie de ne le regarder jamais d'autre sorte si vous voulés auoir autant de justice pour moy que vous aués de bonté. Je vous promets en recompense de prendre tout ce que vous me dirés à l'auenir au pied de la lettre et de ne douter non plus de vos paroles que vous n'aurés sujet de douter des miennes.
Je communiqueray a Monsieur de Montmor la response que vous m'aués faitte a ses questions et je luy donneray vne grande joye en luy monstrant lespoir que vous aues de terminer l'hyuer prochain vos Obseruations sur Saturne et de mettre la derniere main au Systeme que vous en aués conceu à la difference de ceux de Fontana et d'Heuelius quelque insignes Obseruateurs qu'ils puissent estre. La netteté, l'ordre, et la modestie qui ont paru en ce petit Imprimé que vous menuoyastes il y a trois mois ont laissé vne impression tresavantageuse de vous à tous ceux qui se connoissent en gens de ceruelle, et on attend de vos Estudes en cette matiere ce qu'on n'attend aucunement des autres qui s'en sont mesles jusqu'icy. Vous aués perdu vn grand admirateur en feu Monsieur Gassendi, qui faisoit desja grand cas de vous et qui eust esté rauy s'il eust veu le progres de vos descouuertes. Autresfois Monsieur Descartes se promettoit de faire ses verres d'vne fabrique si parfaitte qu'on pourroit voir par leur moyen dans le disque de la lune si elle estoit habitee et quelle seroit la forme des animaux sil y en auoit. Jay veu la lettreGa naar voetnoot1) ou estoient ces paroles entre les mains d'vn nommé FerrierGa naar voetnoot2) qui estoit son Amy et son ouurier. Nous nous contenterions de moins sans doute. Pour moy je vous declare que je croy que où vous nirés pas personne nira, et que vous estes né pour ce quil y a de plus grand en ce genre de connoissances. Je vous suis tresoblige de ce quil vous a pleu de respondre aux autres questions de mon Amy de CaenGa naar voetnoot3) qui en est demeuré pleinement
satis-