Oeuvres complètes. Tome I. Correspondance 1638-1656

[p. 448]

N^o 310.
Christiaan Huygens à Cl. Mylon.
6 juillet 1656.

La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 306.

Sommaire:
Une proposition pour resoudre les questions. le reste dans la lettre à Monsieur de Carcavy. de l'infinitè des points de poser questions. que je ecris de Impulsu. Hobbes, qu'il ne m'a pas dit la forme de la parabole. Ies livres. l'adresse Morin¹⁾.

6 Jul. 1656.

A Monsieur Milon.

Monsieur

J'ay priè Monsieur de Carcavy de vous communiquer ce que j'ay escrit sur les problemes, qui estoient dans l'extrait qu'il a pris la peine, de me faire de la lettre de Mr. de Fermat²⁾. Et vous verrez de quelle facon d'analyse je me sers dans ces sortes de questions ce que vous desiriez de scavoir. Je vous asseure que la mesme apresdisnee que je receus vostre lettre, j'ay trouvè la solution de toutes, quant à la methode, non pas quant au calcul; qui est si long dans quelques unes d'elles que je n'ay pas voulu m'amuser à le poursuivre jusque au bout. Il ne me seroit pas difficile d'en inventer encore cent autres en cette matiere qui seroyent beaucoup plus malaisees; mais ce ne serviroit qu'a tourmenter l'esprit et perdre le temps, lequel il vaut mieux employer a la recherche des choses qu'il importe plus de scavoir. J'auray bientost achevè un traitè de la communication du mouvement entre les corps durs par leur rencontre, ou j'ay trouvè de reigles tout à fait contraires à celle de Monsieur de Cartes, hors mis la premiere, et je demonstre que quelque grand que soit un corps qui est en repos, il peut estre meu par la rencontre d'un aussi petit qu'on voudra. Une autre theoreme remarquable est qu'un corps moindre allant pousser un plus grand, luy imprimera une plus grande vistesse par le moyen d'un autre qui sera mis entre deux et qui sera de moyene grandeur, que s'il le poussoit immediatement. Et que le mesme arrivera si le grand va rencontrer le petit. Vous verrez une facon de demonstrer fort estrange mais qui pourtant est evidente. Dans vostre refutation de Monsieur Hobbes vous avez oubliè de me determiner la proportion de l'axe de la parabole a sa base; c'est pourquoy je ne puis l'examiner quoyque je ne doubte pas qu'elle ne soit veritable. Je suis.

Monsieur,

Vostre &c.

les livres que je vous ay envoyèz sont adressez a Monsieur Henry³⁾ advocat au

1) Ce Sommaire se trouve sur la minute de la Lettre N^o. 308.

2) Voir la Lettre N^o. 301.

3) Voyez la Lettre N^o. 308.

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Parlement, demeurant a la Rue de Barthin Poirée proche le Fort l'Evesque. Je seray bien aise d'entendre que vous les aurez receus. J'ay envoyè les 2 Traittez de Monsieur de Beaune et de Monsieur Pallierre à Monsieur Schoten avec vos lettres. Ce dernier me plaist fort et je vous suis bien obligè de ce que vous me l'avez fait veoir.

Il y a un libraire⁴⁾ icy qui s'en va imprimer une Astrologia Gallica⁵⁾ de Monsieur Morin⁶⁾ laquelle il me prie de veoir⁷⁾.

4) Adriaen Vlacq, qui de 1626 à 1633 s'occupa à Gouda du calcul et de l'édition de Tables Logarithmiques; il s'établit successivement comme libraire à Londres en 1633, à Paris en 1642 et à la Haye en 1651; il est souvent question de lui dans cette correspondance.

5) Cet ouvrage a paru plus tard sous le titre:
Astrologia Gallica principiis & rationibus propriis stabilita, atque in xxvi. Libros distributa. Non solum Astrologiae Judiciariae Studiosis, sed etiam Philosophis, Medicis, & Theologis omnibus per-necessaria: Quippe multa complectens eximia ad scientias illas spectantia. Opera & studio Joannis Baptistae Morini, apud Gallos è Bellejocensibus Francopolitani, Doctoris Medici, & Parisiis Regii Mathematum Professoris. Ejus Anagramma. Mira sapiens uni bono stat. Hagae-Comitis. Ex Typographia Adriani Vlacq. m.d.c.lxi. in-folio.

6) Jean Baptiste Morin naquit le 23 février 1583 à Ville franche (Beaujolais) et mourut à Paris le 6 novembre 1656. Il était docteur en médecine, astronome et astrologue. En 1630 il occupa la chaire de Mathématiques au Collège Royal; il traça des horoscopes aux plus grands personnages.

7) Il semble que Chr. Huygens ait biffé ces deux lignes.