Les Bataves à la Nouvelle-Zemble, poème en deux chants, suivi de poésies diverses de Tollens, de Bilderdyk et du traducteur(1828)–Willem Bilderdijk, Aug. J.Th.A. Clavareau, Hendrik Tollens– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 255] [p. 255] A Émilie. Est-il bien vrai? vous voulez, Émilie, Que l'amitié règne seule en mon coeur? Ce sentiment embellit notre vie; Quelquefois même il suffit au bonheur. Mais pensez-vous que l'ardente jeunesse Puisse goûter sa paisible douceur? Laissons ce bien à la sage vieillesse, Écoutez-moi: l'impitoyable Temps N'a point encor, de sa faux éternelle, Osé fletrîr les roses de nos ans: Un Dieu puissant sous ses lois nous appelle. Ce Dieu punit les coeurs indifférens; Mais aux mortels qui brûlent de sa flamme, Il sait promettre et donner tour à tour Mille plaisirs, délices de notre ame. Ce Dieu puissant, quel est-il? C'est l'Amour. [pagina 256] [p. 256] Eh oui! l'Amour. A ce nom plein de charmes, Pourquoi, déjà, pourquoi frémir de peur? Ne tremblez point et soyez sans alarmes: La confiance est le calme du coeur. Tous ces trésors, adorable Émilie, Ce doux sourire et ces yeux enchanteurs, Ce pied mignon, cette main si jolie, Tous ces trésors sont autant de faveurs De cet Amour, de ce Dieu de la vie. Pour enchaîner à jamais les amans, Il sut aussi, par un heureux caprice, A tant de grâce, à tant d'appas charmans, Unir en vous l'esprit et la malice. Et vous croyez que ces rares présens, Dons si flatteurs, et surtout quand on aime, De l'amitié doivent être le prix! Ah! revenez de cette erreur extrême. Lorsque le temps à nos sens affaiblis Ne promet plus de vive jouissance, L'amour finit et l'amitié commence. Cette saison est si loin de nos jours! N'y pensons pas; profitons du bel âge; Et retenons cet avis doux et sage: Bonheur qui fuit est perdu pour toujours. Vorige Volgende