Les Bataves à la Nouvelle-Zemble, poème en deux chants, suivi de poésies diverses de Tollens, de Bilderdyk et du traducteur(1828)–Willem Bilderdijk, Aug. J.Th.A. Clavareau, Hendrik Tollens– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 251] [p. 251] Les Femmes. Oui, je veux, d'un sexe adorable, Esquisser les traits enchanteurs: Choisissons un modèle aimable Et qu'il subjugue tous les coeurs. C'en est fait: Corinne m'inspire; Ses beaux yeux animent ma lyre; J'aperçois le sacré vallon: Sa voix, comme une enchanteresse, M'appelle aux rives du Permesse; Corinne est mon seul Apollon. Femmes! recevez mon hommage! L'univers vous doit des autels. Accordez-moi votre suffrage, [pagina 252] [p. 252] Et mes vers seront immortels. Que n'ai-je votre plume habile Qui, sous vos doigts toujours docile, A votre gré changeant de ton, Tour à tour savante ou légère, Sait peindre comme La Bruyère, Ou badiner comme Hamilton! Sexe adoré! de nos alarmes, Vous êtes le consolateur; Par votre esprit et par vos charmes, Vous calmez les peines du coeur. Vos tendres soins, votre présence Embellissent notre existence; Heureux qui fixe votre choix! Charmer est votre aimable étude: On n'aime plus la solitude, Quand on a vécu sous vos lois. La femme, par un doux sourire, Soumet l'orgueilleuse fierté, Et ne doit jamais son empire Qu'à ses attraits, à sa bonté. L'homme, fier amant de la gloire, [pagina 253] [p. 253] Brûlant d'enchaîner la victoire, Veut-il régner sur l'univers? Superbe monarque du monde, C'est sur sa force qu'il se fonde, Et son pouvoir donne des fers. De l'antique chevalerie, Combien j'aime le souvenir! O temps heureux où notre vie N'était qu'amour, gloire et plaisir! Ivre d'exploits et de tendresse, Belles, la vaillante jeunesse Ne vivait alors que pour vous: On dit même que la vieillesse, Rappelant une douce ivresse, Tombait encore à vos genoux. Laissons aux despotes d'Asie La gloire d'être vos tyrans: Leur inquiète jalousie Fait le supplice des amans. A la puissance de vos charmes, Mortels soumis, rendons les armes; Respectons votre volonté: [pagina 254] [p. 254] Nous sommes vos heureux esclaves; Pourquoi vouloir, par des entraves, Enchaîner votre liberté? Que la femme soit l'ennemie Des philosophes ennuyeux; Je plains leur aveugle folie: Le bonheur est-il fait pour eux? Mais je hais un rimeur sauvage Qui des Dieux parlant le langage, Insulte au chef-d'oeuvre des cieux. Que le malheur soit sur ses traces! Quand on ose affliger les Grâces, On est coupable à tous les yeux. Vorige Volgende