Les Bataves à la Nouvelle-Zemble, poème en deux chants, suivi de poésies diverses de Tollens, de Bilderdyk et du traducteur(1828)–Willem Bilderdijk, Aug. J.Th.A. Clavareau, Hendrik Tollens– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 121] [p. 121] Le Chant du vieillard. Le doux Printemps est de retour: De sa verte prison la rose se dégage; Timide, elle sourit aux caresses du jour, Et déjà se colore à travers le feuillage. Les prés émaillés d'or, de perle et de saphir, Déroulent aux regards leurs tapis de verdure: D'un long sommeil de mort, les accens du plaisir Partout réveillent la nature! Mais toi, mon coeur, triste et glacé, De l'inflexible temps tu souffres les outrages; Pour toi plus de beau jour! ton printemps est passé, Comme un rapide éclair au milieu des orages. L'Été vint m'embraser de ses feux dévorans, [pagina 122] [p. 122] Et bientôt, sur mes pas, le languissant Automne, Paré de quelques fruits respectés par les vents, Effeuilla sa pâle couronne. Déjà ma défaillante main Laisse échapper l'appui qui soutient ma faiblesse; Je penche vers la tombe; et peut-être demain Il me faudra céder à la mort qui me presse. Nul folâtre Zéphyr, dans son vol embaumé, Ne vient plus m'apporter un parfum qui rauime. Des scènes du printemps mon oeil n'est plus charmé: La mort appelle sa victime! Vainement sur un lit de fleurs, J'ai voulu reposer ma débile vieillesse: La nature a perdu ses attraits enchanteurs; Son aspect ne vient plus me remplir d'allégresse. Quel soleil aujourd'hui me rendrait mon printemps? Mon sang ne coule plus; de craquemens funèbres, Tout mon corps retentit; et mes pas chancelans Se traînent parmi les ténèbres. [pagina 123] [p. 123] Du front serein de la beauté, Que la brise du soir fasse flotter les tresses; Tout est fini pour moi; mon coeur sans volupté, Ne porte plus envie à ces tendres caresses. Nulle voix, nul coup-d'oeil n'agitent plus mes sens; Les ressorts sont usés; leur marche est assoupie; Et, dans mon sein flétri, de momens en momens, S'étéint la flamme de la vie! Vorige Volgende