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Désir.
Objet de mes constans désirs,
Mon seul espoir dans la tristesse,
O toi, qu'implorent mes soupirs,
Repos, me fuiras-tu sans cesse?
Douce illusion du bonheur,
Qu'un vain rêve souvent caresse,
Tromperas-tu toujours mon coeur?
Destin envieux et volage,
Fertile en amères douleurs,
As-tu bien lassé mon courage
Par tes inflexibles rigueurs?
Hélas! au gré de mon envie,
Quand m'offriras-tu tes faveurs,
Où je voudrais fixer ma vie?
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Ah! laisse-moi fuir ces débris,
Ces palais, ces trônes en poudre,
Et ces vieux monumens noircis
Par les traits brûlans de la foudre.
Lorsque sous les coups de la mort,
Tout semble à mes yeux se dissoudre,
Destin, viens donc m'ouvrir le port!
Oh! que ne puis-je, solitaire,
Détaché des fers d'ici-bas,
Parcourir en paix la carrière
Où tendent mes voeux et mes pas,
Et, sans remords, dans mon asile,
Voir enfin la nuit du trépas
Deseendre sous mon toit tranquille!
Là, quel bonheur plus séduisant
Pourrait encor me faire envie?
Je goûte un sommeil bienfaisant
Que ne trouble aucune insomnie;
Et si le tonnerre en éclats
Fait gronder sa sombre furie,
Ses coups ne m'épouvantent pas.
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Heureux qui, loin de l'opulence,
Trouve chaque jour l'abondance
Dans le verger qu'il a planté,
Et, bénissant ses destinées,
Compte, dans la félicité,
Ses récoltes et ses annés!
Là, de mon champêtre jardin,
Mon art féconde la parure,
Et, sous ma prévoyante main,
Double les dons de la nature;
Là, par les chaleurs dévorés,
Des flots d'un ruisseau qui murmure,
J'arrose mes champs altérés.
Le matin, quand le jour va naître,
Ma voix réveille mes brebis,
Dont le troupeau bêlant va paître
L'émail de mes coteaux fleuris;
Et quand arrive la froidure,
Je couvre mes membres transis
Des dépouilles de leur fourrure.
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Le soir, dans l'ombre du vallon,
Sur un frais tapis de gazon,
Tandis que nos enfans joyeux,
Autour d'une mère attendrie,
Promènent leurs folâtres jeux.
Là, je veux, l'ame recueillie,
Exilé d'un monde orageux,
Au sein de la mélancolie,
Contempler cet astre amoureux,
Dont la lumière pure et tendre,
Dans le coeur d'un mortel heureux,
Comme un jour doux vient se répandre.
Ennemi des vaines grandeurs,
Là, je veux, secouant ma chaîne,
Loin de leurs stériles faveurs,
Des humains mépriser la haine,
Et dans le silence et la paix,
Content de mon étroit domaine,
Jouir d'un bonheur sans regrets.
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Mon seul espoir dans la tristesse,
Objet de mes constans désirs,
O toi, qu'implorent mes soupirs,
Repos, me fuiras-tu sans cesse?
Douce illusion du bonheur,
Qu'un vain rêve souvent caresse,
Tromperas-tu toujouvs mon coeur?
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