Conclusion
La cause de la grande difficulté qu'il y a à déterminer l'influence littéraire de Boileau, c'est que sa doctrine est un mélange de vues personnelles et de théories empruntées. Ce qu'on adopte et suit surtout, ce sont les dernières, qui se rapportent aux règles du métier et à la technique du vers. Quant aux premières, qui contiennent ce qu'on peut appeler la philosophie esthétique de Boileau, on les cite et les admire sans les appliquer.
Les poètes hollandais invoquent son autorité, quand les théories du poète français peuvent servir à étayer leurs propres idées sur la poésie, mais ils la rejettent sans aucun scrupule, quand ils sont d'une autre opinion que lui, comme s'il s'agissait d'un égal et non pas d'un maître.
Pour la pratique du théâtre il est tout naturel que la sèche théorie de Boileau ait eu moins d'influence que l'exemple vivant des auteurs tragiques français.
Comme son opinion sur l'épopée et sur le rôle du merveilleux dans l'épopée est fausse, son influence sur ce genre poétique n'ira pas jusqu'à son essence, mais elle se bornera aux côtés extérieurs et aux questions accessoires, telles que la simplicité de l'exorde, la sobriété des descriptions, l'action ininterrompue.
Son esthétique a bien moins intéressé les Hollandais que l'ensemble des règles techniques que contient son Art Poétique. Mais ces règles, ce n'est pas uniquement du Boileau: on les trouvait déjà pour la plus grande partie dans les poétiques des Anciens.
Boileau surpasse tous ses traducteurs hollandais de toute la hauteur de son génie. Toutes les traductions, même les meilleures, sont beaucoup plus lourdes, voire plus grossières