No 2408.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
5 novembre 1685.
La lettre et la cople se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2405.
Du Loo le 5 Nov. 1685.
Connoissant vostre aversion naturelle pour ce qui est de travailler seul aux choses de l'art je n'ay pu esperer que vous ayez voulu faire le rond des pierres bleües comme je vous en avois prié en mon absence. Mais ce mal n'est pas grand car quand je seray arrivé, s'il plaist a Dieu apres demain en huict jours cela sera bien tost depesché. Je voudrois seulement que vous pussiez vous resoudre a faire raccommoder avant mon retour le Polissoir pour pouvoir s'en servir a deux mains car cela retardera mon ouvrage et m'empeschera d'achever mon grand verre aussi promptement que je voudrois.
Meester est icy avec son niveauGa naar voetnoot1) dont il dit qu'il se sert maintenant avec beaucoup de facilité apres l'avoir mis dans une petite tente faite pour cela expres qui l'empesche d'estre remuée par le vent.
Il m'a conté plusjeurs choses touchant le LandgraveGa naar voetnoot2), lequel il ira voir cet hyver chez luy. Il dit qu'il est fort curieux pour la mechanique; qu'il taille aussi luy mesme des verres de Lunette, qu'il est Tourneur fort expert, et dessine fort bien, jusques a avoir fait son propre portrait qui lui ressembloit mieux que touts ceux que d'autres avoyent fait.
Il avoit esté avec luy chez Leeuwenhoeck qui ne luy avoit voulu montrer de ses microscopes que ceux qu'il montre a tout le monde et dont les petits verres avoyent pour le moins la largeur d'un dos de coûteau de foyer, que quand le Landgrave luy avoit demandé s'il en pourroit avoir quelques uns de sa façon, il avoit repondu avec beaucoup de fierté qu'il n'en avoit jamais donné a personne, ny avoit dessein de le faire, que si une fois il se laisseroit aller à cela il seroit en suitte esclave de tout le monde, et d'autres choses de cette force là. Apres avoir montré trois ou quatre de ses microscopes il les emportoit, et en alloit querir autant d'autres, disant qu'il faisoit cela de peur qu'il ne s'en egarast quelqu'un entre les mains des spectateurs, qu'il ne se fioit pas aux gens, particulierement aux Allemans; repetant cela deux ou trois fois. O che bestia!
Je vous prie n'oubliez par le Polissoir.
Voor Broer Huygens.