No 2409.
Constantyn Huygens, père, à J.A. Comte d'avaux.
8 novembre 1685.
La minute se trouve à Amsterdam, Académie des Sciences.
8 Nov. 85.
Monsieur,
Mon indisposition ayant sauué V.E. de l'importunité que j'auroy cru luy donner auant son depart au sujet de l'affaire de mon Fils, ie ne puis encor m'empescher de vous en persecuter de loin et pour seulement vous tesmoigner, monsieur, en Pere, combien ie suis sensible de la surprenante maniere dont je voij traicter cet excellent garçon. Je puis faire veoir par des lettres de feu monsieur Colbert, auec combien d'instance et de persuasions il me demanda au nom du Roij et me fit resoudre de m'en priuer pour prester son assistence au College des sciences, où toute la france sçait s'il ne s'est rendu digne de la pension dont S.M. l'auoit honoré, et si peut estre luij seul n'y a produit plus de scauantes nouuautez que tout le reste de ses Collegues. Cependant, monsieur, [c'est] depuis peu seulement qu'il m'a appris, qu'à toutes les fois que son devoir l'a porté à sortir de Paris, pour me rendre visite en ce mien aage si auancé, la dite pension luij a esté roignée et deduite precisement jusqu'au jour de son retour, chose, à mon aduis si éloignée de la magnificence du Roij, que je ne puis m'imaginer que cela soit jamais parti des ordres expres de S.M. Au moins si telle condition m'eust esté proposée cest bien chose seure que je l'auroy jugée trop mercenaire pour ij pouuoir condescendre. Mais enfin, monsieur cela est passé, il n'est plus temps d'en murmurer et V.E. sçait si nous sommes gens à nous en plaindre par indigence. Ce qui me touche beaucoup plus, c'est que comme on s'est auiséGa naar voetnoot1), je ne sçay pour quoij, de licentier mon dit fils, toute l'intimation qu'on nous en a faicte, n'a consisté qu'en ces belles paroles, que s'il vouloit venir
reprendre ses hardes, il seroit le bien venu. Il me semble, monsieur, que si ce compliment auoit esté faict à un Palfrenier qui n'auroit pas mal serui, il auroit sujet de s'en tenir peu satisfaict. Et je retourne encor à dire, que je ne sçauray receuoir cela mesme pour un ordre du Roij, de la bonne volonté du quel nous auons, Pere et fils, eu trop de gracieuses marques, pour nous en veoir descheus jusqu'à estre renuoyez auec mespris. V.E. pourra auoir de raison de penser à quoij peut seruir, que je la fatigue de ces plaintes, je ne vous diraij autre chose, monsieur, sinon que voijant nous arriver une chose si inopinée et si irreguliere, il ne se peut que tout le monde n'y fasse des facheuses reflexions en nostre esgard. Je prens la liberté de me preualoir si auant de l'occasion de vostre sejour à la Cour, que de