Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690
(1901)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2401.
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ce que je n'ay pas fait achever vostre forme. Vous scaurez de plus que cette affaire des Longitudes me tient encore occupè et que je suis apres a mettre par escrit l'ordre et les preceptes necessaires pour l'usage des HorologeGa naar voetnoot2), apres que, par l'experience que je viens de faire sur le Zuyderzee, je tiens pour asseurè qu'elles souffriront facilement le mouvement des grands vaisseaux, dans quelque temps qu'il fasse. Je fus sur mer ce mardi 11me du mois, lors que les troupes arriverent la ou vous estes pour la reveüe, lequel jour, s'il vous en souvient, il faisoit tempeste, et si bien, que le maitre de la Galeotte ou j'estois, me vint dire que nous ne pouvions continuer nostre route a cause que la mer estoit trop agitée, et que la force du vent alloit casser la voile. Il est vray que l'une des 2 horloges s'arresta plusieurs fois, sçavoir la moins bien appropriée pour les secousses, mais l'autre conserva tousjours son mouvement, ce qui me suffit, par ce qu'on les peut faire toutes de mesme. Et puis cet essay a estè tres rude, de sorte que nos pilotes m'asseurerent que dans les grands vaisseaux il n'y avoit jamais une si forte agitation à essuier. J'allay mouiller ce soir devant Enckhuijsen et fus voir le Sr. FererisGa naar voetnoot3), qui est fort proprement logè, et a quelques beaux tableaux, outre les copies qu'il a faites en Italie apres des originaux des meilleurs maitres. Il me montra aussi la piece qu'il a faite nouvellement pour Mr. le Prince pour une cheminée a Soesdijck, ou il y a une fort belle figure de femme, pourveu qu'il ait corrigè quelque chose au bras, dont je luij fis convenir qu'il estoit trop grossier a proportion du reste. J'avois dessein de sortir en pleine mer hors du Texel, mais il me prit une manière de fievre, causée par la trop grande application et le peu de sommeil que j'avois pu prendre parmy le bruict que faisoient nos gens, de sorte que je m'en retournay au plus viste a la Haye, ou je fus attaquè de mon mal d'autre fois, l'insomnie, mais par de certains remedes je m'en suis guery ou peu s'en faut. Je fais estat de reprendre le travail Telescopique dans peu, et voicy une occasion extraordinaire qui m'y convie. C'est que Mr. le Lantgrave de HesseGa naar voetnoot4), ayant vu ceans ma machine Planetaire et l'appareil des grandes Lunettes, m'a envoyè ce matin son Agent van der Hecke, pour me remercier une seconde fois de la vue de ces belles choses, et pour me prier de luy faire avoir les instruments &c. pour l'Astroscopie, ou il comprend aussi sans doute les verres, objectif et oculaire. | |
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J'ay dit, que je n'en avois jamais donnè a personne mais que j'avois trop de consideration pour Mr. le Lantgrave, pour ne luy pas faire plaisir, en ce que je pourrois. Ainsi je crois qu'il faudra travailler, mais j'attens que Mr. L'Agent me viene encore parler, a qui je feray bien comprendre la raretè et la valeur de ces sortes de verres. Ce Prince est magnifique et l'on ne sçait pas quel bien il m'en pourroit arriver. Mr. d'Oyen apres son retour m'a envoiè deux plaques de verre epais qu'il avoit receu d'Angletetre. la matiere est assez belle de l'une des plaques ou peut avoir pour deux grands verres de 7 a 8 pouces, de l'autre deux un peu moindres. Il en attend encore d'autres d'une autre verrerie et d'une matiere plus claire. Je voudrois vous desia voir de retour. |
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