Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

N^o 2300.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
26 avril 1683.

La copie se trouve à Leiden, coll Huygens.

Dieren ce 26. d'Avril 1683.

La vostre du 23¹⁾ vient de m'estre rendue. J'espere que ma femme vous aura communiqué ce que je lui ay mandé touchant le Phenomene que nous avons veu

1) Cette lettre de Chr. Huygens nous manque, ainsi qu'une autre de Constantyn Huygens, frère, qui paraît l'avoir précédée. Voir la Lettre N^o. 2301.

[p. 421]

icy il y a quatre jours, et qui semble avoir predit, qu'il y auroit du vent. Si je ne me trompe on tire cette prediction la, de ses semblables. Il est facheux que ces petites formes pour les oculaires nous trompent a chaque fois. Je croijois que vous aviez une methode seure de mesurer avec le compas la longueur de leur foijer. Si par ce moijen la, ou par l'experience vous jugez, que aurions besoin de quelqu'autre differente de celles que nous avons, je vous prie, de la faire faire pour mon compte le plustost le meilleur, car cela est fascheux que nous aijons les grands objectifs, et que nous manquions d'oculaires. Ce rapport de mesure entre l'ouverture des objectifs, et le foyer des oculaires, est assez surprenant²⁾. Ce que vous dites de soupçonner touchant ma Radix Quadrata, est assez bien deviné, mais je veux repeter cela avec tout le reste de mes estudes de Mathematique avant qu'il soit longtems. Je n'apprens quoij que ce soit de Sr. Gabriel³⁾, depuis que je lui ay escrit pour avoir de grandes pieces pour les objectifs de 160 pieds. d'Allonne⁴⁾ dit, qu'on lui mande qu'il est a la campagne et qu'apres le couronnement⁵⁾ il s'en va en Danemarc ainsy je ne scais ce que nous devons attendre du chevalier. L'invention de blanchir le verre seroit quelque chose de bien beau, mais j'ay grand peur que ce ne sera rien, mandez moy le succes. Mons.^r le Prince m'a fait escrire au Frere de St. Annelandt de faire un tour icij, et voudroit bien qu'il y fust dimanche prochain ou Lundy au plus tard, parce que mardy nous allons au Loo. Je crois qu'il n'ij aura point de repugnance, mais s'il en avoit vous devez l'encourager, car les Princes n'aijment pas d'estre refusés. Vous pouriez bien escrire un mot a Oijen⁶⁾, afin qu'il fasse souvenir Sylvius de nostre affaire. Je luy ay fait escrire aussy par d'Alonne, il faut un peu le reveiller.

2) La page 183 du livre F des Adversaria est remplie par un calcul tendant à démontrer le théoréme suivant: Aperturarum diametri in subdupla ratione foci distantiarum; positâ radii dispersione velut ex diversis duabus refractionibus minimum quid discrepantibus.

3) Gabriel Silvius; voir la Lettre N^o. 1229, note 1.

4) D'Alonne était le sils d'une demoiselle Brunier, que celle-ci eut avant son mariage avec M. Tassin d'Alonne, officier français, qui fut tué en duel vers 1656. Ce dernier n'avait jamais voulu reconnaître l'enfant de sa femme, mais, après sa mort, son frère, avocat à Paris, l'adopta comme neveu, lui donnant le nom d'Abel Tassin d'Alonne. D'après la rumeur publique, le père aurait été Willem II, prince d'Orange. La mère, veuve d'Alonne, devint ménagère chez van Beuningen, jusqu'à ce que celui-ci, à l'âge de 64 ans, épousa Jacoba Victoria Bartelotti van den Heuvel, agée de 46. Abel Tassin d'Alonne fut en grande faveur à la Cour de Willem III, où il remplit la charge de secrétaire de la Princesse. A la mort de Constantyn Huygens, frère, en 1698, il succéda à ce dernier comme secrétaire de Willem III. Il mourut à la Haye le 24 octobre 1723.

5) Le mariage de la princesse Anna, fille du duc d'York, avec le prince Georg, frère du roi Christiaan V du Danemarck.

6) Sur Mattheus Hoeufft, seigneur d'Oyen, voir la Lettre N^o. 2159, note 17.