Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675
(1897)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2006.
| |
[pagina 406]
| |
l'obligation de luy avoir donnè de l'instruction et de la pratique en ce qui regarde les PendulesGa naar voetnoot3). Il me fit tout sur l'heure le premier modelle qui est celuy que j'ay eu l'honneur de montrer a Monseigneur. Je demeuray pour cela dans sa boutique jusqu'a trois heures apres midy sans disner, ce qui fait que mes gens se souvienent du jour, et sçavent qu'ils m'ont vu revenir avec ce modelle enveloppè dans du papier. Le jour d'apres qui estoit mercredy 23 Jan. je dis dans nostre assemblée a Messieurs Picard Cassini et Mariotte, que j'avois trouvè cette invention, et en mesme temps Thuret me fit appeler hors de l'assemblée pour me montrer un autre modelle du mesme balancier qu'il avoit fait pour luy. Je ne pus m'imaginer alors pourquoy, sinon par ce qu'il affectionnoit fort la chose. Il me recommanda extremement le secret, et je crois maintenant qu'il ne venoit que pour cela, et que des lors il avoit le dessein de s'attribuer cette invention. Je n'en eus pas le moindre soupçon alors, ni mesme plusieurs jours apres, pendant lesquels je donnay avis de cette decouuerte a mes amis tant icy qu'en AngleterreGa naar voetnoot4) et en Hollande. Ayant en suite fait avec Thuret quelques essais sur des montres de poche pour m'assurer tout a fait du succes de l'invention, je crus qu'il estoit temps d'en parler a Monseigneur, et de la luy faire voir, comme je fis le 31 Jan. jeudy, ne scachant encore rien du tout du dessein de Thuret, a qui je dis le mesme jour que j'avois montré mon modelle a Monseigneur, que je luy avois dit que je faisois travailler a une montre de cette façon pour estre presentée au Roy. Il me conseilla de ne haster pas la demande du privilege disant qu'il faloit voir premierement l'effect assurè de nos montres, et que d'ailleurs le privilege ne serviroit de guere. Il commença aussi a me dire obscurement qu'il esperoit bien que je luy donnerois quelque part a l'invention, a quoy je respondis qu'apparemment il y profiteroit plus que moy, et que je tesmoignerois tousjours qu'il avoit contribuè beaucoup de son industrie a l'executer. Il repliqua encore quelques mots, qui me firent comprendre qu'il souhaitoit avoir part a l'honneur de l'invention, ce qui me paroissant fort deraisonnable, je n'y respondis rien, et parlay d'autre chose. Le lendemain 1 fevr. quelqu'un me dit qu'on parloit de cette invention comme si Thuret y avoit bonne part. Et de la, en faisant reflexion de ce qu'il m'avoit dit le jour d'auparavant je commencay a me douter de son mauuais procedè, qui m'a esté confirmè en suite de tous costezGa naar voetnoot5). |
|