No 1819.
Christiaan Huygens à H. Oldenburg.
31 octobre 1670.
La lettre se trouve à Londres, Royal SocietyGa naar voetnoot1).
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 1816. H. Oldenburg y répondit par le No. 1820.
A la Haye ce dernier Octobre 1670.
Monsieur
Je m'estois donné l'honneur de vous escrireGa naar voetnoot2) peu de jours auparavant que de recevoir la vostre, qui m'a esté rendue par l'Estudiant Polonois avec le excellent livre de Monsieur Wallis. Monsieur Morhovius estoit porteur de la mienne, qui m'avoit prié de lui procurer vostre connoissance. Je vous rends graces tres humbles de vostre conjouissance et bons souhaits en ce qui regarde le heureux retablissement de ma santé, a la quelle Dieu mercy, il ne manque plus gueres. La peur que j'ay de retomber, apres un avertissement aussi fort qu'a esté ce dernier, est cause, que je n'oserois encore retourner aux speculations de Geometrie et toutefois il m'a esté impossible de ne pas feuilleter ce nouveau Traité de Monsieur Wallis, ou il y a des choses d'un subtilité merveilleuse, et qui font voir la force et l'universalité de sa methode. Je ne scay comment il ose se proposer des problemes aussi difficiles et desesperez, qu'est celuy du centre de gravité de la spirale, le quel cependant, il semble avoir demeslé heureusement. Je dis qu'il me le semble, parce qu'a dire la verité, je n'entens pas encore clairement sa demonstration, et le consulterois volontiers sur quelques passages obscurs, que j'y ay trouvez, mais je le differe, jusques a ce qu'il me soit permis d'estudier avec plus d'attention; et peut estre aussi qu'alors j'y verray plus clair, et me satisferay moy mesme. Pour le livre de Monsieur Barrow je l'ay veu a Paris, et j'y ay remarqué un endroit ou il est parle de moy a l'occasion de la dimension du cercleGa naar voetnoot3), mais je n'avois garde alors d'examiner ce que c'est qu'il pretend avoir adjouté a ce que j'en ay trouvé.
En partant de Paris, je ne scavois pas que Monsieur Hevelius avoit observé la nouvelle estoile du cigne, mais seulement qu'elle avoit esté decouverte par ce Chartreux de DijonGa naar voetnoot4). Il n'y a rien de meilleur pour verifier des observations comme celle la que d'en avoir de deux endroits differents. J'observay Saturne avec ma [longue] lunette de 22 pieds peu devant que partir de France, ayant trouvé moyen de m'en servir sans sortir de ma chambre, et remarquay sa figure tres conforme a ce qu'elle devoit estre suivant mon hypothese; c'est a dire les anses fort
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J'ay esté voir dernierement a Amsterdam ce Monsieur de Swammerdam qui relevoit de maladie, mais ne laissa pas de me montrer tout ce qu'il a amassé de curieux touchant les Insectes, ou il y a des choses estonnantes, et qui n'ont jamais este sceues auparavant.
Nous avons icy depuis quelques jours Monsieur de MonceauxGa naar voetnoot12) gentilhomme de condition, et mon voisin a Paris, qui a voiagé au Levant ces dernieres années, et a fait des remarques très curieuses partout il a esté, principalement en ce qui regarde les bastimens et ruines antiques, dont il a raporté une quantité incroiable de desseins, qu'il m'a fait veoir a Paris, meritant d'être publiez, et le seront un de ces jours. Maintenant ayant envie de passer en Angleterre, il m'a prié que je luy enseignasse ou il pourroit faire tenir quelques lettres de consequence qu'il attend de chez luij, pour les trouver a Londres a son arrivée, sur quoy j'ay pris la liberté Monsieur de vous indiquer, ne doutant pas que vous ne sissiez volontiers ce plaisir a une personne de son merite. de sorte que je luy ay dit, qu'il sist mettre sur le couvert des lettres qu'on luy envoiera, vostre adresse de Monsieur Grubendol, et luy ay enseigné vostre demeure, afin qu'aussitost il pust les aller prendre. Si vous avez avec cela la bonté de le faire connoistre a Monsieur Wren, je ne doute pas que vous ne fassiez plaisir a l'un et a l'autre, puis qu'ils se plaisent tous deux a l'architecture ou ce pelerin est fort scavant.
Vous m'aviez fait esperer des eschantillons de verre pour des lunettes, qu'on sait chez vousGa naar voetnoot13); je vous prieray lors que Mon Pere sera arrivéGa naar voetnoot14) de luy indiquer ou il en puisse avoir. Je vous baise les mains, et suis a jamais
Monsieur
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur
Hugens de Zulichem. |
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voetnoot1)
- Elle a été lue dans la séance du 27 octobre 1670 (V. st.).
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voetnoot5)
- Oldenburg communiqua cette observation à la Société Royale. Voir Phil. Trans. No. 65, du 14 novembre 1670.
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voetnoot8)
- Theodori Kerckringii Doctoris Medici Spicilegivm Anatomicvm, Continens Observationum Anatomicarum rariorum centuriam unam nec non osteogeniam foetvvm in qua quid cuique ossiculo singulis accedat mensibus, quidve decedat & in eo per varia immutetur tempora, accuratissimè oculis subjicitur. Amstelodami, Sumptibus Andreae Frisii.
cIƆIƆclxx. in-4o. avec 39 planches.
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voetnoot9)
- Theodorus Kerckring naquit à Hambourg en 1639, et y mourut le 2 novembre 1693. Pendant sa jeunesse, sa famille s'établit à Amsterdam, où, à l'âge de 18 ans, il apprit les langues classiques chez François van den Ende, le précepteur de Spinoza. Il étudia à Leiden en 1659. Devenu catholique il épousa Claire Marie, la fille aînée de van den Ende, et après un séjour à Anvers, retourna, en 1678, à Hambourg. Il y pratiqua la médecine, devint résident du duc de Toscane, et fut nommé membre de la Société Royale à Londres. Il fit quelques découvertes en anatomie, qui ont encore conservé son nom, et laissa un magnifique cabinet d'objets d'anatomie; il publia plusieurs ouvrages relatifs à cette science.
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voetnoot10)
- Johannis Swammerdam, Amsterdammer Doctor in de Medicynen, Historia Insectorum Generalis, ofte Algemeene Verhandeling van de Bloedeloose Dierkens. Waar in, de waaragtige Gronden van haare langsaame Aangroeingen in Leedemaaten, klaarelijk werden voorgestelt: kragtiglijk, van de gemeene dwaaling der Vervorming, anders Metamorphosis genoemd, gesuyvert: ende beknoptelijk, in vier onderscheide Orderen van Veranderingen, ofte natuurlijke uytbottingen in leeden, begreepen. Het Eerste Deel. Met uytgesogte afbeeldingen verrijkt. t'Utrecht, By Meinardus van Dreunen, ordinaris Drucker van d'Academie. Anno 1669. avec XIII planches, in-4o.
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voetnoot11)
- Joannes Swammerdam, fils d'un apothicaire, naquit en 1637 à Amsterdam, où il mourut le 17 février 1680. Il étudia à Leiden et
y devint candidat en médecine. Après avoir voyagé en France et s'y être associé aux travaux de N. Steno, il retourna à Amsterdam en 1665 et prit le grade de docteur à Leiden, en 1667. Il s'occupa durant 16 ans de l'étude des insectes, et en disséqua plus de 3000. Souffrant beaucoup d'accès de fièvre, il tomba dans l'hypochrondrie dès 1672; la lecture des oeuvres d'Antoinette de Bourignon le rendit mystique et bigot à tel point qu'il regardait ses études comme de vaines et indignes occupations. Il légua tous ces manuscrits, ainsi que ses préparations, à M. Thevenot, qui l'avait toujours protégé. On les croyait perdus, mais Boerhaave les retrouva, les acheta et les publia en 1737 et 1738.
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voetnoot12)
- Nous savons très-peu de ce voyageur et architecte de Monceaux: il était ami de J. Chapelain.
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