Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

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N^o 1751.
H. Oldenburg à Christiaan Huygens.
15 juillet 1669.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 1744. Chr. Huygens y répondit par le No. 1754.

Monsieur,

Dans l'inprimé cy-joint¹⁾ vous trouuerez vne demonstration de Monsieur Wren, laquelle sans doubte vous ne deplaira point. Nous verrons desormais, si la chose y demonstrée se peut accommoder à la pratique.

Le verre de 60. pieds n'a pas reussi comme l'Artiste²⁾ auoit esperé. Il travaille à un autre de la mesme longueur. Et puisque vous y faitez travailler de mesme, nous serons bien aises d'entendre le succes de vostre ouvrage.

Le poids, dont se sert Monsieur Hook dans l'application du pendule à vne montre de poche, est si grand, que l'impression, qu'y fait la montre, n'y peut auoir aucun effet; joint que le mouuement est environ 1½ pied au dessus du poids.

J'ay fait voir³⁾ à nos Messieurs la figure Geometrique⁴⁾, que vous auez fait inprimer par vostre nouuelle maniere. Ils m'ont commandé de vous en rendre graces; et Monsieur Wren pense, que vous vous servez de la facon suivante: Prenant de la platine d'airain, aussi deliée que du papier, vous la couvrez auec du vernis propre à graver et faitez graver lá dessus (auec soin de ne fermer pas les lettres) auec de l'eau forte si penetrante que de percer la platine tout à fait. Ce qui estant fait, vous tournez la platine, la mettant sur vne autre qui soit espaisse, toute couuerte de l'ancre d'inprimeurs; et qu'ainsi vous la passez par la presse roulante selon la facon ordinaire. Il vous plaira nous dire lá dessus, si Monsieur Wren a bien rencontré, ou non. La maniere du Chevalier Petty⁵⁾ est differente de celle-cy; luy n'estant pas en Angleterre, ie n'ay pas la permission de la communiquer à present.

Touchant le grand miroir concave, il faudroit scavoir, de quelle espaisseur est

1) Consultez la pièce N^o. 1752.

2) George Cock. Consultez la Lettre N^o. 1742.

3) Dans la séance de la Société Royale du 1^er juillet 1669 (V. st.).

4) Consultez la planche vis-à-vis de la page 468.

5) Consultez la Lettre N^o. 1742.

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le fer, qu'il fond, et de quelle largeur est le focus. Si ie ne me trompe, celuy de l'autre⁶⁾ du mesme Artiste estoit large d'un demi Louys d'or. Vous nous ferez la grace de nous mander toutes les particularitez de l'effet, que vous en aurez observées vous mesme.

C'est vn horologe à ressort, qui se meut à l'aide d'une pierre d'aimant, et ce n'est qu'un essay, personne ne determinant encor rien la dessus. On le monstra l'autre iour⁷⁾ entre autres choses à l'Ambassadeur⁸⁾ de Venise, qui vint voir nostre Societé: On luy montra encore la maniere de peser l'eau dans l'eau; et d'espuiser l'air de l'eau ensorte que la liqueur tombe contre le fonds du verre, comme vne pierre ou quelque metal: ce qui est assez surprenant⁹⁾.

Le livre de Monsieur Malpighi est presque achevé d'inprimer. J'espere d'en envoyer un exemplaire à Monsieur Justel dans peu de temps. Nous n'auons pas encor veu celuy de Monsieur Redi touchant la Generation des Insectes: cependant Monsieur Magalotti¹⁰⁾ m'a promis de m'en faire venir vn exemplaire par la premiere commodité. Nos libraires sont fort paresseux et nonchalans en matiere du commerce des livres curieux, vû le petit nombre de ceux, qui y prennent plaisir, en comparaison des autres.

J'espere, que vous aurez receu le pacquet¹¹⁾ que ie vous ay envoié par la voye de Monsieur Bleswick de Delft, où il y auoit la theorie¹²⁾ de Monsieur Neile touchant le mouuement, le mesme se chargea d'un autre pacquet de livres pour Monsieur Justel, et ie ne doubte pas, qu'il ne soit heureusement arrivé à Paris. C'estoit le 18^me juin, que ie luy baillay ces pacquets là, y adjoustant la confutation de la Quadratura de Hobbs par Wallis¹³⁾.

6) Celui que le roi de Danemark avait acheté. Consultez la Lettre N^o. 1744.

7) Dans la séance de la Societé Royale mentionnée dans la note 3.

8) Luigi Mocenigo appartenait à une famille noble vénitienne, dont plusieurs membres ont été doges. Lui-même aussi devint doge, le cent-unième, en 1700, et mourut le 6 mai 1709.

9) D'après les comptes rendus de la séance de la Société Royale du 1^er juillet 1669 (V. st.) ces méthodes étaient dues à R. Boyle. Consultez, sur la dernière, les Philosophical Transactions N^o. 50, du 10 avril 1669 (V. st.).

10) Sur Lorenzo Magalotti voir la Lettre N^o. 793, note 4.

11) Consultez la Lettre N^o. 1746.

12) Voir la pièce N^o. 1747.

13) Thomae Hobbes Quadratura Circuli, Cubatio Sphaerae & Duplicatio Cubi, Confutata. Authore Johanno Wallis S.T.D. Geometriae Professore Saviliano. Oxon. 1669. in-4^o.
ouvrage dont il y eut une seconde édition:
Hobbii Quadratura Circuli, Cubatio Sphaerae & Duplicatio Cubi, secundis curis edita, denuo refutata. Oxon. 1669. in-8^o.

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Le Medecin du Prince de Toscane¹⁰⁾, Signor Gornia¹¹⁾, me mande par sa lettre d'Amsterdam du 1 juillet, que son Altesse estoit alors preste pour partir en France. Messieurs Magalotti et Falconieri¹²⁾, que sans doubte vous aurez vû cydevant, sont de sa suite; personnes d'esprit et de grande curiosité, qui seront tresaises de cultiver vostre amitié, come ie tacheray de le faire soigneusement, en qualité de

Monsieur

Vostre treshumble et tresaffectionné serviteur H. Oldenburg.

A Londres le 5. Juillet 1669.

A Monsieur

Monsieur Christian Hugens de Zulichem, dans la bibliotheque du Roy à

Paris.

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10) Cosimo III de Medicis, fils aîné de Ferdinando II de Medicis et de Vittoria de la Rouvère, naquit le 14 août 1642 et mourut le 31 octobre 1723 à Florence. Il épousa, le 19 avril 1661,
Marguerite Louise d'Orléans: mais celle-ci se dégoûta tellement de son mari, qu'elle essaya plusieurs fois de l'abandonner, et que, sur l'ordre de Ferdinando II, il dut, en 1669, entreprendre un voyage, d'où il revint pour monter sur le trône le 24 mai 1670. D'abord il resta sous l'influence salutaire de son oncle, le Cardinal Leopoldo de Medicis, mais après la mort de celui-ci, en 1675, il se livra à toutes sortes d'extravagances.

11) Ce médecin de Cosimo III de Medicis s'appelait Giovanni Battista Giornia.

12) Sur Ottavio Falconieri, voir la Lettre N^o. 1635, note 9.