Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

M^o 1657.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
10 Août 1668.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 10 Aoust 1668.

Ma calesche est a peu pres refaite et je n'attens que le train qui sera achevè dans 5 ou 6 jours. La forme du corps ne sera pas tout a fait si bonne que si d'abord je l'avois fait pour estre vittè. Ie crois qu'aux arcs il y a outre l'avantage de tourner plus court, encore celuy de plus grande douceur, et c'eft en quoy Moggershil dit¹⁾ que sa calesche est merveilleuse. Il m'a mandè aussi qu'il s'en fait 5 ou 6 copies et cependant vous dites que son invention n'est guere suivie. Cela ne me plait pas fort qu'il a besoin de flesche pour affermir sa machine. quoyque cela ne puisse rien diminuer de la douceur.

1) Nous ne possèdons pas cette lettre de Philips Doublet à Christiaan Huygens. Consultez la lettre N^o. 1655, note 1

[p. 249]

I'ay veu d'abord apres avoir receu la derniere de Monsieur van Leeuwen²⁾ l'abus que j'avois commis³⁾ en faisant la supputation des livres, et que son calcul estoit juste. Je luy envoie une lettre de change de 400 rijxdalers dont il restera io ℔ 19 Penning pour les frais, et si vous trouvez qu'il n'y en ait pas assez, vous me le ferez scavoir. I'avoit demandè encore 100 escus seulement pour supplement aux 300 qu'on avoit donnè ordre de paier auparavant. Mais le Banquier ayant non obstant cela fait ce billet de 400, je juge par la qu'il ne doibt pas avoir donnè l'ordre d'auparavant, ou non pas comme il faut.

Je vous prie de faire partir au plustost, s'il n'est pas encore parti nostre balot, sans oublier d'y mettre les 4 ou 5 livres³⁾ des miens que je vous ay specifiez.

Ie n'oserois vous conseiller, pour ce qui est de la suspension de vostre Sculler⁴⁾, et d'autant moins que je ne scay pas bien de quelle maniere vous vous servez maintenant m'estant confondu par la multitude des changemens, que de temps en temps vous m'avez fait entendre. N'avez vous pas les arcs de bois avec des flesches pliantes par dessus? Ie ne scay quel en est l'effect, et ainsi je ne vous scaurois dire si mes courroies fout mieux. Leur jonction en un point ne guarantit pas tant la chaise du branslement a costè que je me l'estois imaginè⁵⁾, parce que par devant elle demeure necessairement attachée a l'ordinaire aux deux consoles.

Madame de Buat⁶⁾ me dit hier qu'on luy avoit mandè de la Haye que le mariage de la Cousine Caron⁷⁾ estoit rompu et que le Sieur Vredenburg⁸⁾ s'estoit laissè aller a la sollicitation de ses parens⁹⁾. ce que j'ay de la peine a croire, voiant qu'il est assidu chez la belle autant que jamais. L'on y a receu des lettres du Pere¹⁰⁾ de Madagascar vieilles de 9 mois, d'ou il est parti en suite vers les Indes. Il s'estoit tousjours bien proè et ses enfans¹¹⁾; pour l'estat de la flotte il n'en mande rien dans ces lettres mais les nouuelles que l'on en a du Sieur de Mondevery et d'ailleurs ne font que medocrement bonnes.

Madame de Buat a eftè fort mal pour s'estre baignee a la riviere, ce qui est encore arrivè a d'autres.

L'on m'apporta hier la deseription de la feste de Versaille¹²⁾ mais elle est de

2) Nous ne possédons pas cette lettre de D. van Leyden van Leeuwen.

3) Consultez la Lettre N^o. 1652.

3) Consultez la Lettre N^o. 1652.

4) Sculler (anglais, pour une sorte de barque) désigne ici la calèche du frère Louis.

5) Consultez la Lettre N^o. 1644.

6) Elisabeth Maria Musch, veuve de Buat.

7) Susanna Caron.

8) Adriaen van Vredenburgh.

9) Son frère Gerard van Vredenburgh, et son beau-frère Maerten harpertsz. Tromp.

10) François Caron, qui en 1666 partit pour Madagascar comme agent de la compagnie française des Indes orientales.

11) Il était accompagné de ses fils aîné et second.

12) Voir l'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 1656, note 4.

[p. 250]

trop grand volume pour estre envoiee dans le pacquet, et aussi bien estes vous dans les festes maintenant jusqu'aux oreilles.

Ie trouve vostre Hermaphrodite bien cher. adieu.

Ie n'escris pas au frere de Zeelhem parce que je n'ay pas encore de medailles a luy envoier¹³⁾.

Pour mon frere Louis.

13) Consultez la Lettre N^o. 1654.