Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669
(1895)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 1519.
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ce qui fut fait, et elle fut conceüe d'une maniere que vous eustes sujet d'en estre contentGa naar voetnoot9). Vous remarquerés cependant, Monsieur que l'on entreprit l'affaire sans m'en donner part ni me mesler dans la negotiation afin sans doute d'auoir tout le merite du succes, et les regalesGa naar voetnoot10) que vous envoyastes sur ce pied là à cette Personne monstrent bien que vous aviés compris que je n'y auois point contribué. Peut estre neantmoins que si l'on m'en eust fait le negotiateur comme vostre ancien Ami et asses propre à menager vos interests aupres du vertueux Ministre de qui ils dependoient j'eusse pris des mesures plus justes et eusse conduit la chose de façon ou que je l'eusse fait resoudre sans ambiguité, ou que si je n'y eusse pas veu les dernieres assurances je ne vous l'aurois pas seulement laissé esperer. Mais, Monsieur comme c'est une faute et que ce qu'il y peut auoir eu de moins prudent pour faire prontement reussir cette louable intention, n'empesche pas que cette intention n'ait este tres bonne, il faut s'accommoder à l'estat ou elle se trouve, qui dailleurs n'est point si mauuais qu'on doive desesperer de la voir reussir. Car je suis tousjours persuadé que le Ministre est dans sa disposition premiere, et que ce qu'il ne se presse pas de vous euoquer c'est qu'il attend d'auoir choisi une Maison propreGa naar voetnoot11) pour vous loger auec tout l'attirail necessaire aux trauaux à quoy l'on vous destine. Au moins nostre Ami m'en a tousjours parlé ainsi, et je le croy tres veritable. Je vous conseille donc sur tout ce que je vous viens d'exposer de ne vous impatienter point ni de croire l'affaire deplorée, mais de penser que ce soit par la raison du logement qu'on ne vous a pas encore trouué, soit par l'occasion de la guerre ou nous entrons auec l'Angleterre et par la maxime que les petites affaires souffrent par les plus grandes, cellecy peut bien estre differée mais nullement rompüe; sauf à vous de dire à ceux qui vous questionneront la dessus que vos interests domestiques ne vous permettent pas de partir si tost de chés vous et qu'il tient plus à vous qu'à nous que vous ne faciés si tost le voyage. Que si quelque grand auantage s'offroit pour vous que cette dilation vous fist courre fortune de perdre, vous estes en droit de vous en expliquer civilement par nostre Ami à son Patron plustost que de manquer à vostre bien par une attente incertaine; mais il faudroit que cet auantage fust bien grand et bien certain, pour vous faire faire un pas de cette consequence. Voila mon sentiment candide à mon ordinaire dont vous profiterés s'il vous plaist, sans m'alleguer du tout, et j'y adjousteray que vous devés escrire encore à nostre | |
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AmiGa naar voetnoot12), comme estonné de ne voir point l'effet de ses promesses et le priant d'y faire mettre une fin qui vous mette l'esprit en repos. Je suis
Monsieur
Vostre etc.
De Paris ce xxvii Janvier mviclxvi.
A Monsieur Monsieur Christianus Huggens de Zulichem A la Haye. |
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