Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1348.
| |
[pagina 260]
| |
de Monsieur Holmes comme vous auez fait: ce qui vous seruira d'assurance que ce que vous y auez fait m'est bien agreable. Mais vous en serez encor plus satisfait lorsque Je vous auray dit, qu'ayant repeté a un des Capitaines qui commandoit un des 3. vaisseaux qui estoyent auec Monsieur Holmes la relation dudit Holmes, de mot en mot, il me l'a tout confirmé. Ca esté en effet une surprise bien agreable a Monsieur nostre presidentGa naar voetnoot6) et a moy d'apprendre cette nouuelle sorte de sympathie que vous auez remarquee dans vos Horologes. Jl y aura bien à discourir sans doubte et nous pretendons en parler dans nostre premiere Assemblee. mais peut estre n'en raisonnerons nous pas qua celle de la huictaine d'apresGa naar voetnoot7) afin qu'on y pense bien auparauant que d'en parler. Comme que c'en soit Je fais estat de vous communiquer ce qui sy en dira si J'y trouue quelque chose qui en vaille la peine. Cependant Je vous diray que si ce n'estoit, que chacun de nous sçait, que vous estes assez capable d'inuenter de vostre chef, toutes les experiences qui pourront estre requises, ou pour penetrer plus auant dans cette affaire, ou pour en tirer les consequences utiles, on vous proposeroit d'en faire peut estre quelques unes sur ce suiet. Mais puisque vous faites estat de la poursuivre il faut s'en remettre a-vous. Seulement vous auertiray Je que je serois aise que vous sçeussiez precisement iusqu'a combien il faut que les deux Horologes sapprochent l'un de l'autre en iustesse, deuant que cette sympathie paroisse: cest a dire de 2. 3. 4. ou autre nombre de secondes, en 24. heures. Apres si 3. ou 4. montres se pourront accorder ensemble de la sorte: et en dernier lieu, puisque y ayant la difference de 2. ou 3. secondes en 24. heures, entre deux Horologes, ils ne laissent pas de s'accorder, que vous sçeussiez lequel cede a l'autre, dautantque apparemment l'un rectifie l'autre. Ces differences se pouuant ce me semble obseruer comme aussi la solution de cette derniere difficulté, en les comparant auec vostre Grand Horologe qui bat les secondes. Au reste si aucun mouuement imperceptible dans l'air peut causer cette Isochroneité, Je crains qu'on aura quelque raison à soupsonner que quelques mouuements desreglez dans l'air pourront plustost les faire deuoyer de leur vraye iustesse, que rendre leurs vibrations egalles. et qu'en fin les Horologes qui sentent ces mouuemens se pourront plus facilement egarer, que ceux qui ne les sentent point, et par consequent qu'il vaudroit mieux que les deux Horologes dont on | |
[pagina 261]
| |
se sert sur mer, ne fussent point si bien daccord qu'autrement, puisque leur distance estant tousiours egalle on sen peut aussi bien seruir comme sil ny en auoit point de tout: au lieu que se tennant tousiours ensemble on ne peut pas estre si bien assuré qu'il ne perdent rien de leur vraye iustesse. la chose estant euidente par vos experiences que lors qu'a la verité il y a 2. ou 3. secondes à dire qu'ils soyent tous deux egalement iustes. cela nempesche pas qu'ils n'aillent egalement viste lors quils sont proches lun de lautre d'un pied ou deux. Je me suis laissé aller bien plus auant dans cette matiere que je ne pensois faire quand je me suis mis a escrire. Mais cest pour iustifier ce que je vous ay dit au commencement que J'agis auec vous sans me constraindre en façon quelconque. Vous me direz peut estre que ce que Je viens de dire ne conclud rien au desauantage des Horologes, quant à leur utilité et Je vous l'auoueray bien. tousiours trouuerez vous que Je ne fais que discourir a mon ordinaire sur ce qui se presente en vous entretenant. Mais de peur que Je ne sois bientost interrompu comme il marriue presque tousiours Je laisse là cette matiere pour le present, pour la reprendre une autre fois; et men vay voir ce que J'ay a vous dire sur les autres passages de Vostre lettre. Monsieur Dauidson partit dicy la semaine passee, qui vous apporte le liure de Monsieur Hook. Ne layant point encore leu Je ne sçauois pas qu'il y eust parlé de sa machine. Mais ce que vous en dites est fort raisonable. toutesfois vous diray Je, qu'il est a present si fort occupé en plusieurs choses plus pressantes qu'il ne peut pas bonnement auoir assez de loisir de trauailler à faire ses verres pour le present. on n'oubliera pas de l'y engager au plus tost. Jl a maintenant sur les bras une lecture de la mechanique qu'il fait tous les Mercredis a l'heure de nostre Assemblee. un Marchand appellé Sir John CutlerGa naar voetnoot8) nous ayant donné 50. liures sterlin par an a perpetuité, pour maintenir cette lecture, il est aussi fait Curator de nos Experiences ordinairesGa naar voetnoot9) dont nous luy donnons aussi une pension de 30. Jacobus par an. et jl sen va aussi estre professeur d'Astronomie au College de Gres- | |
[pagina 262]
| |
ham. pour ce qui est de son inuention pour les longitudes Je tascheray de vous en sçauoir dire quelque chose par ma premiere. Vous aurez dans peu de temps ce que Monsieur Wren a fait sur la Comete. Ce que vous dites des predictions de Monsieur Auzout suffit pour le faire voir qu'il sen auroit pu espargner la peine. mais je crois aussi qu'il se trouuera a redire dans dautres particularitez que celles que vous marquez. mais Je m'en remets a ce que vous en fera voir ce que Monsieur Wren va publierGa naar voetnoot10) sur cette matiere. Le Roy approuue fort ce chariot que luy a fait faire Monsieur de SonGa naar voetnoot11). il est vray qu'il ne la pas encore essayé dans des chemins rabboteux: mais Je ne doubte pas qu'il ny reussist fort bien. les ressorts de derriere ont plus de 5. ou 6. pieds de long comme Je pense vous auoir dit. et ceux de deuant plus que 3. de sorte qu'il ne se peut qu'il ne soit assez aisé. au reste si c'est une faute que les branches sont attachees trop fort a la selle du cheual il n'est pas difficile d'y remedier. Mais quand le cheual viendroit à tomber cela ne feroit pas verser le Chariot a moins qu'il toucheroit dun costé ce qu'il aura de la peine a faire a cause que le Chariot le soustiendra. En un mot (parce qu'il faut que Je couppe icy) la cheute du Cheual incommoderoit si Je ne me trompe le chariot moins qu'il ne feroit la chaise roulante bien que les flesches n'en sont point si fortement attachez a la selle du Cheual. Ayant releu les 4 pages precedentes Je m'estonne que vous nayiez remarques cent fautes en toutes mes autres lettres que Je n'ay pas eu le temps de relire. Mais vous auez beaucoup d'indulgence pour
Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur R. Moray.
A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem A la Haye. XII |
|