Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1328.
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qui auoit esté plus desiré qu'esperé. L'objection de nostre AmiGa naar voetnoot2) sur la diuersité des airs selon celle des climats et des Temps ne me fait plus de peine a l'esprit apres lheureuse ExperienceGa naar voetnoot3) dont Monsieur de Moray vous a informé et celle que vous aués faitte vous mesme durant le cours d'une année dans la difference des saisons qui ne pouuoient manquer dauoir des temperatures diuerses sans que dans le mouuement du Pendule vous ayés remarqué aucune diuersité. J'auois imagine mesme que dans le cas de l'air espais la resistance quil doit faire au jeu du Pendule moderant son bransle pourroit a chaque extremité des vibrations arrester imperceptiblement quelques instans son jeu deuant qu'il repassast vers l'autre extremité et par cette petite suspension de mouuement compenser les momens qu'il auroit employés a pousser plus loin son action dans vn air plus libre, et que par la le temps reuiendroit a la proportion qu'il gardoit auant que cette espaisseur d'air luy eust serui d'obstacle, et ce qui me donnoit lieu de le croire est ce qui semble estre receu pour vray, que quand vn mobile a esté porté aussi haut que la force mouuante l'a pu faire aller, il demeure vn moment en repos auant que de descendre. Voyés Monsieur ce qu'inspire l'affection quand elle est ardente, et combien elle est ingenieuse a chercher des expediens pour maintenir ce qu'elle veut qui reussisse. Vous en jugerés en maistre et si c'est vne vision vous la receurés comme vn enfant de mon zele pour vous et comme vne innocente erreur dont je ne respons en aucune sorte. Pour moy qui suis persuadé de la verité de vostre proposition sans m'engager dans la recherche des raisons qui la rendent vraye je me contenteray de la faire scauoir a tous nos Mathematiciens, Physiciens et curieux des belles Descouuertes afin que si je ne vous puis seruir de mon esprit je vous serue au moins de ma voix et que mes soins contribuent selon leur foiblesse a vostre reputation. En recompense je vous supplie de ne souffrir pas que j'en ignore la suite et que je sois tousjours des premiers qui en sache le progres soit pour la confirmation de cette verité illustre soit pour les auantages qui vous en reuiendront du costé de l'interest. J'approuue au reste que vous n'exposiés pas jusques la la methode de la construction de la MachineGa naar voetnoot4) ni les raisons demonstratiues qui en establissent la solidité. Mais si tost que vous vous en serés assuré le fruit, il faudra la justifier par les preuues selon vostre resolution et en faire l'offrande aussi bien que des autres Traittés dont nous auons parlé, au Monarque qui vous a preuenu de ses graces. J'ay bien de la joye que sur les experiences du Campani le Pere Fabri ait esté reduit a confesser la debte touchant vostre Systeme Saturnien. Cela ferme bien la bouche a l'Enuie et vous met bien au dessus des Oppositions. Je n'auois point ouy | |
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parler de ces Experiences du Campani et ne scay encore en quoy elles consistent. Vous n'aurés pas failli a approfondir ce qu'on nous a dit icy du Limbe rond de vostre Anneau de SaturneGa naar voetnoot5). Ce bruit venoit d'Angleterre ou vostre gloire fait mal aux yeux a quelques vns. J'auray vne grande consolation de voir en son temps vostre Traitte des PendulesGa naar voetnoot6) et la subtilité de vostre speculation la dessus. Car je me promets que vous m'esclaircirés de tout par vos premières, comme de ma part je feray tout ce que je croiray qui regarde vostre bien en ces quartiers y estant obligé par la profession que je fais d'estre tres sincerement
Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Chapelain.
De Paris ce 13. Feurier 1665.
A Monsieur Monsieur Christianus Huggens Gentilhomme Hollandois A la Haye. |
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