Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1285.
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comme ça tousjours esté mon opinion je m'y laisse facilement aller parce quelle me frappe moins rudement l'imagination que l'autre qu'il sera asses temps de prendre lors que j'en seray conuaincu par des signes moins equiuoques que celuy qui a paru jusqu'icy. Dans l'incertitude je me flate volontairement de la pensée que mon Medecin se pourroit aussi bien tromper que l'autre et je joüis de la contestation de ces deux grands hommes me rangeant du costé de celuy qui sest range du mien. Ie croyois vous auoir parle de cette infirmité pendant vostre sejour en France et vous l'auoir alleguee pour vne trop bonne excuse de ce que je n'estois pas tous les jours chés vous, la distance de nos demeures me rendant impossible l'execution du dessein que j'en auois, parce que mon infirmité ne me permettoit aucune sorte de voiture, de carosse, de chaise, ni de cheual, ni mesme de faire de longue traitte a pied. Ie suis presentement en l'estat ou j'estois quand la furie de mon mal me terraça et pour les deuoirs de la vie je puis ce que je pouuois lors que vous estiés parmi nous. Que mon incommodité ne vous empesche donc pas s'il vous plaist de me faire part du succes de vos Entreprises quand il y aura lieu pour cela. Ie crains que les Anglois qui ont porte vos Pendules à la IamaïqueGa naar voetnoot2) ne nous en rapportent pas fidellement l'effet, Le different qu'ils ont auec vos gens vous les rendront malaisement equitables et la jalousie des Machinistes de cette Nation me les fait estre suspects pour vostre gloire et pour vos interests. Mais vos nouuelles Speculations reconnues solides par la pratique fermeront la bouche a lEnuie et mettront tous vos Ialoux a vos pieds. Iay vne fort grande impatience de scauoir ce qui aura reussi de vostre RequesteGa naar voetnoot3) a Messieurs les Etats, et quel honneur ils se seront fait d'vne Proposition aussi auantageuse pour eux que la vostre. Ne me la laissés pas longtemps ignorer s'il vous plaist. Ce sera le plus doux liniment a mes douleurs et il pourroit estre tel que la joye que j'en aurois men feroit perdre jusques a la memoire. Nous auons gouuerne icy Monsieur Vossius qui nous a enleue la fleur de nos liures pour faire de sa Biblioteque vn des principaux ornemens de vostre païs. Nos conuersations vous ont eu souuent pour sujet aussi bien que Monsieur de Beuning, lequel on me dit auanthier qui pourroit bien venirGa naar voetnoot4) en cette Cour Ambassadeur Extraordinaire, et je vous assure que j'en serois raui. Vous m'obligerés sil est a la Haye de luy vouloir faire rendre cette lettre pour Monsieur Heinsius au cas qu'il entretienne vn commerce reglé auec luy afin qu'il me face la grace de la joindre aux siennes par le premier ordinaire. | |
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Sil ne luy escriuist pas je vous supplie de lenuoyer au plustost a Monsieur ElzeuirGa naar voetnoot5) a Amsterdam, et de luy faire recommander qu'il la face partir prontement. Ie ne vous fais point dexcuse de la liberté que je prens de peur de choquer vostre amitié. Imprimerés vous vostre nouuelle Inuention d'horloge auec la figure comme vous fistes la premiereGa naar voetnoot6) qui vous a tant aquis de reputation. Vn de mes Amis venu depuis peu d'Angleterre m'assura que vostre Anneau de Saturne auoit este trouué d'autre forme que vous ne l'aués establiGa naar voetnoot7) c'est a dire rond par le bord exterieur en sorte disoit il qu'il faisoit de l'ombre. Vous jugeres si cela est vray auec vos excellentes Lunettes et si estant vray vostre Systeme en peut souffrir quelque chose. Je suis passionnement
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Chapelain.
De Paris ce 12. Decembre 1664.
Ie recommande encore vne fois a vostre bonte et a vostre diligence lenuoy de ma lettre à Monsieur Heinsius.
A Monsieur Monsieur Christianus Huggens de Zulichem A la Haye. |
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