Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665

N^o 1284.
[A. Gouffier] à [Christiaan Huygens].
11 décembre 1664.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 1295.

Il y a longtemps que I attens la nouuelle du succez de la pendulle, depuis la premiere fois que vous m'auez mandé¹⁾ que vous m'en escririez Ie n'ay point receu de vos lettres, Pour ce qui regarde la chaise, le vous diray que cela va touiours de mieux en mieux, et que la reputation en est tellement establie quil ny a plus rien a desirer, Le Marquis de Caracene²⁾ a qui La Reyne mere³⁾ auoit donnè vne

1) Nous n'avons pas trouvé cette lettre de Chr. Huygens à A. Gouffier, duc de Roannes.

2) Don Luiz de Benavides.

3) Anna d'Autriche.

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chaise Roullante en passant a paris est allé en dix Iours dedans en poste de Paris a Madrid, Il en a fait remercier La Reyne, et les espagnols qui n'admirent rien de ce qui vient de france aduoüent quils n'ont jamais veu rien de si commode, et de si vtile; presentement Les femmes de Condition qui ont de ces chaises ayment mieux aller dedans a la Campagne, que dans leurs carrosses. Madame de Longueuille⁴⁾ est partie auiourdhuy dans sa chaise pour aller a vingt Lieues dicy, et ce qui met Les chaises en grande reputation, cest que presentement que les chemins sont extremement mauuais en bretagne, et en normandie. Les chaises y vont comme si cestoit fur vne plouze dans Les Lieux mesmes ou les Carrosses ne peuuent aller, Monsieur de Rouuigny⁵⁾ est allé en Angleterre de la part du Roy, Il y est allé dans vne chaise en poste, et a mandé a Monsieur Turenne⁶⁾ que cest la première chose du monde. Monsieur Le cheualier de Trellon⁷⁾ ambassadeur en dannemark y est aussy allé dans vne chaise roullante, Le Roy de Dannemark⁸⁾ a este dedans, et en a esté tout a fait satisfait, Il en a accordé Le don au Seigneur Conty⁹⁾. Il y auroit bien d'autres histoires a vous conter de la chaise, Mais cest assez pour vne lettre, La chaise est a present reduitte a quatorze pieds, ce qui fait qu'on tourne fort facilement. elles sont aussy douces qu'a seize. parce quon a touiours soin de les faire ployer autant que lors quelles auoient seize pieds, Vous scauez que Le ployement estoit de trois pouces et demy Lors q'un homme se mettoit dedans, presentement jl y a des cloux dorez autour de l'imperialle, auec des cartons aux

4) Anne Geneviève de Bourbon, duchesse de Longueville, fille de Henri II de Bourbon, prince de Condé, et de Charlotte Marguerite de Montmorency, naquit à Vincennes le 29 août 1619 et mourut le 15 avril 1679 dans la maison des Carmélites à Paris. En 1642 elle épousa Henri II, duc de Longueville. Belle et de beaucoup d'esprit, elle joua un rôle éminent dans la Fronde.

5) Henri de Massue, marquis de Rouvigny, fils de Daniel de Massue, gouverneur de la Bastille, naquit en 1610 et mourut à Greenwich en 1689. Protestant zélé, il fut maréchal de camp, eut souvent des missions politiques en Angleterre et fut nommé, en 1653, député général des églises protestantes de France. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il se retira, en 1686, à Greenwich. Sa fille Rachel épousa en secondes noces le comte de Southampton.

6) Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, deuxième fils de Henri, duc de Bouillon, et de Elisabeth van Nassau, fille du Taciturne, naquit à Sedan le 11 septembre 1611 et fut tué à Salzbach le 27 juillet 1675.

7) Hugues, chevalier de Terlon, fils d'un conseiller au parlement de Toulouse, naquit vers 1620 à Toulouse et mourut vers 1690. Gentilhomme du cardinal de Mazarin, il fut envoyé en mission diplomatique à Stockholm en 1655, et devint plus tard conseiller d'Etat et ambassadeur extraordinaire à Copenhague, où il resta jusqu' en 1675. Il entretint une correspondance avec la reine Christine de Suède.

8) Friedrich III. Voir la Lettre N^o. 67, note 4.

9) Armand de Bourbon, prince de Conti, fils de Henri II de Bourbon et de Charlotte Marguerite de Montmorency, naquit en 1629 à Paris et mourut en 1666. Sous l'influence de sa soeur (voir la note 4), il prit part à la Fronde et plus tard épousa une nièce du cardinal de Mazarin.

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goultieres comme aux Carrosses, et on en fait quelques vnes dont La toille est cousüe en forme de mantelets de Carrosse si bien que le vent ne fait point faire de ventre a la toille, et quand jl fait du vent on abbat le mantelet qui est vis a vis de la portiere tout comme a vn carrosse, Ce quil y a de plus, cest quautour du fauteuil jl y a vne petite tringle de boys pour faire des eslerons comme a vn Carrosse, vos associez sont en peine de ce que vous ne Leurs mandez point des Nouuelles de ce qui se passe en angleterre touchant les chaises¹⁰⁾, Ils vous prient de Leurs faire scauoir si ceux que vous auez associez en ont obtenu le priuilege, et sils lont expedié en la miere¹¹⁾ quil doit estre, donnez aduis en angleterre qu'on prenne exemple sur La chaise de Monsieur de Rouuigny, Parceque c'est la derniere faite, Ie vous supplie que nous puissions scauoir plus souuent de vos nouuelles, et de croire que Ie suis votre tres humble seruiteur.

Monsieur de Crenan m'a prié de vous faire ses tres humbles baisemains.

A Paris ce xi X^bre. 1664.

10) Consultez la Lettre N^o. 1268.

11) Lisez: maniere.