Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1243.
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des Horologes. les deux dont Je vous ay parléGa naar voetnoot4) il y a 6 mois viennent d'estre acheuez. ils ne sont point encore tout a fait aiustez, mais on y trauaille. Jl me semblent assez bien faits, mais le temps qu'on met a les faire, et le prix me semblent assez incommodes. L'ouurier, qui est le fils de FromantelGa naar voetnoot5), qui a esté nourri a la Haye, dit qu'il n'en scauroit faire un, en moins de temps qu'un mois, et quoyque le marché pour ceuxcy ait esté fait, a 15. liures sterlins tout y compris, le plomb, la balle par laquelle l'Horologe pend, et tout, il n'en veut point faire d'autres semblables a moins de 20. liures. de sorte que ne s'en peuuent pas faire grand nombre en peu de temps, à cause que celuy des bons artisans n'est que petit; le prix estant grand et chaque vaisseau estant obligé d'en auoir deux, il ne sen pourra faire grand debit. C'est pourquoy il sera à propos que nous nous informions de toutes pars, des ouuriers, sil y a moyen d'en faire faire un nombre suffisant pour ceux qui en voudront auoir et en reduire le prix le plus bas qu'il se peut. Voyez donc par de là sil se trouue des Horologeurs en assez grand nombre pour en faire quantité, et quel est le moindre prix qu'il veulent prendre. J'en feray icy de mesme. Je feray voir ces deux qui sont icy, à plusieurs maistres et tascheray de les reduire au moindre prix qu'il est possible. Car comme vous auez dit dans uneGa naar voetnoot6) de vos precedentes, nous pourrons peut estre, iuger à propos, d'auoir le priuilege de la vente des Horologes à pendule qui seruent a la mer du moins en quelques lieux, ou on n'en peut tirer recompence des souuerains ou des corps des marchands. Mais il y a encore une chose qui est si fort à craindre dans lusage de ces Horologes sur mer que si l'on n'y trouue point de remede, ils ne seruiront pas de grande chose. C'est que dans les Jsles occidentales les Antibes et autres, dans la coste de l'Afrique, et generalement entre les Tropiques, et aux lieux meridionaux tant sur la mer, que les costes dicelle, toute sorte de chose faite de fer se rouille ineuitablement et le preiudice que cela apportera a ces Horologes les rendra sans doubte peu utiles. Or J'ay rencontré icy un gentilhommeGa naar voetnoot7) qui a veu en flandres un homme qui a un secret pour la trempe de fer, (Je dis de fer sans y comprendre l'acier) qu'il le scait rendre si dur que la lime n'y scauroit toucher, et que la rouille ne sy attachera iamais. J'ay veu un platine d'harquebuse de sa façon, qui a este gardée plusieurs mois dans du cuir salé, apres auoir esté mouillié auec toutes les liqueurs qui font rouiller le fer, sans que la rouille y ait mordu en façon du monde. Je | |
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crois que dans peu de iours elle sera, ou à moy, ou à nostre Societé. Et Je pretends mettre Monsieur du SonGa naar voetnoot8) (ce diable d'ingenieur qui a fait ce bateau merueilleux, ou plustost chimerique à RoterdamGa naar voetnoot9)) et tous ceux qui se meslent de | |
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telles curiositez, en besogne, pour en trouuer le secret, que celuy de Flandres n'a pas voulu communiquer pour chose du monde. Au reste J'ay veu autrefois un espece de cuiure, ou plustost de bronze, de la couleur d'or, mais un peu plus rougeastre, qui ne se rouille pas non plus. Euertuez vous à trouuer ces secrets ou quelque autre expedient pour garder les Horologes de la rouilleur, et nous en ferons icy de mesme. Je suis et seray à iamais
Monsieur Vostre treshumble tresobeissant et tresaffectionné Seruiteur R. Moray.
Nous sommes apres les Experiences de la MonochordeGa naar voetnoot10). A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem A la Haye. |
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