Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665

N^o 1225.
Ph. Doublet à [Christiaan Huygens].
9 avril 1664.

La lettre se trouve à Amsterdam, Archives Municipales.

le 9^e Avril 1664.

Je veux croire que vous m'avez escrit¹⁾ par ce dernier ordinaire mais je n'en scaij rien encore, le frere Louis estant a Zuijlichem a qui l'ainé a envoijé hier son pacquet, de sorte qu'il me faudra attendre a scavoir de vos nouuelles jusques a ce que ma lettre aura achevé sa promenade, cepandant nous esperons (sur tout ma mere) et moij par ce que j'en dois ouijr tous les jours le discours, que la monstre²⁾ aura esté relachee par le Signor Padre puis qu'on ne se peut pas jmaginer icij quelles pretensions il y peut avoir hors celle de son bon plaisir nonobstant la grande jmpatience ou ma mere est d'en r'avoir une en estant depourveue presentement contre sa coustume.

Sans doutte le Sieur Loret, n'aura pas oublié dans quelque une de ses gasettes Burlesques³⁾ l'avanture de la Pucelle. La quelle donc je vous prie de nous faire avoir du plustost pour cause.

le Sieur Petit⁴⁾ ne scauroit il point si personne ne travaille a donner au jour les plans et Elevations du Louure comme il doit estre en sa perfection; vous me feriez plaisir de le luij demander quand l'occasion s'en presentera.

Cette semaine tout le monde a esté voir et feliciter la dame de Buat⁵⁾, qui jouue

1) Nous n'avons pas trouvé cette lettre de Chr. Huygens à Ph. Doublet, ni la minute.

2) Consultez les Lettres N^os. 1215 et 1220.

3) Dans les ‘Lettres en vers de la Muse Historique’ on ne trouve rien qui se rapporte à l'enlèvement de Catharina van Orliens.

4) Pierre Petit, l'intendant.

5) Elisabeth Maria Musch était nouvellement mariée à Henry de Fleury de Coulan, seigneur de Buat. Consultez les Lettres N^os. 1217 et 1220

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son personnage admirablement bien et tout de mesme comme si elle n'eust fait autre chose depuis vingt ans. Madame la Douairiere de Brederode⁶⁾ et touttes les autres l'ont esté voir outre tous les Princes⁷⁾ et ambassadeurs dont il y a bon nombre a present a la Haije. le frere Louijs vous aura sans doutte mandé la semaine passée que le Sieur⁸⁾ et la dame⁹⁾ de Nieuenheijm, representans Monsieur le Prince¹⁰⁾ et Madame¹¹⁾, avoient assisté a la ceremonie qui se fist a Naeldwijck d'ou on vint jnmediatement apres a la Haije, la Mariee dans le beau carosse de Madame la Princesse et le Marié dans celuy de Monsieur le Prince qui se trouua le soir au festin, qui estoit tres magnifique dit on quoy que composé seulement de dix huit personnes, et en suitte mena l'epouse dans sa chambre, dont elle sortit le lendemain plus gaije que jamais et cette humeur luy dure encore etc. lang moet het duren¹²⁾ Amen.

Le discours qui a occupé touttes les conversations depuis quelques semaines et dont on s'estoit desia tout a fait lassé recommence derechef plus que jamais par la prise de Mortagne qui aijant esté recognu par quelques soldats qui estoient en garde en entrant dans la ville de Bremen auec un de ses complices l'on ne scait pas encore qui, deux autres se sont sauuez. Le Magistrat de cette ville la en a donné avis¹³⁾ a Messieurs les Etats, et qu'on le livreroit a ceux qu'ils envoyeroijent pour cet effet. comme on y a envoije hier matin un officier des guardes¹⁴⁾ avec quinse

6) Ludovica Christiana von Solms, fille de Johann Albert comte de Solms et de Juliana comtesse de Katsenellebogen, naquit en 1606. Elle épousa Joan Wolfart van Brederode, veus d'Anna, comtesse de Nassau.

7) Consultez la Lettre N^o. 1216.

8) Johan Frederik van Neukirchen, dit de Nyvenheym, fils de Johan van Neukirchen, sieur de Rath, et de Hedwig van Vlatten.

9) Margaretha van Boetselaer tot Toutenburg, fille de George van den Boetselaer et de Anna van Palaes.

10) Willem III, Prince d'Orange.

11) Amalia von Solms, la Princesse Douairière.

12) Traduction: que cela dure longtemps.

13) Consultez la plaquette:
Brief van de Vrye Rijcx Stadt Breemen, aen Haer Ho: Mo: De Heeren Staeten Generael. Mitsgaders Attestatien, Bewijsen ende Verklaringhe, van veele Officieren der Stadt Breemen, raeckende het eschappeeren van Johan Diederick van Mortaigne, ende het Resisteren van den Hollantsche Lieutenant, ende des selfs Militie in het na volgen van den selven. Tot Utrecht, By Cornelis vander Vloet, Boeckverkooper woonende achter 't Stadt huys, Anno 1664. in-4^o.

14) Cornelis Geestdorp, lieutenant des gardes, était accompagné d'un sergent avec douze soldats, de quatre sergents de police, de Cornelis van der Beecke, premier huissier de la cour de Hollande, et de Johan Broeckman, huissier ordinaire de la même cour. Ils partirent le 7 avril 1664 de la Haye et arrivèrent le 11 avril à Bremen; de Mortaigne leur fut livré par le magistrat, mais il s'évada avec la connivence du peuple et par l'inaction des militaires Brémois. Consultez la plaquette:
Verbael gehouden by Cornelis Geesdorp, Luytenant vande Guarde van haer Ed. Gro. Mo. Heeren de Staten van Hollandt en West-vrieslant, Cornelis vander Beecke, eerste Deurwaerder, ende Iohan Broeckman, mede Deurwaerder vanden Hove van Hollant. Noopende haer Reyse naer Breemen, Aenkomste, ende het gepasseerde aldaer, nevens het over leveren ende het Eschappeeren van Johan Diederick van Mortaigne, sedert den 8 April, tot den 16 April 1664. Tot Utrecht, Gedruct voor Symon Dircksz. vander Vloet, Boeckverkooper woonende achter het Stadthuys, 1664. in-4^o.

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ou seise soldats, pour le mener icij. on dit que la Pucelle¹⁵⁾ qui est retournee en Zelande a esté contremandee pour cet effet. hier mede vrees ick dat het Pucellage daer noch geweldich pro et contra over gedisputeert werdt heel bloot gestelt werden¹⁶⁾, sans doutte elle aimeroit mieux que le Cavalier fust cent lieues loing qu'entre les mains de la justice qu'oy qu'elle ait dit le contraire a tout le monde. tant y a cet un cas fort douteux. Vlaerdinge¹⁷⁾ et touts ces autres amants n'en veulent plus, depuis qu'on a sceu touttes les circonstances de ce qui s'est passé a Culembourg cet a dire ce qu'on a pu scavoir.

La ditte ville est encore assiegee par les trouppes de l'estat, qui n'y laissent entrer ny sortir personne sans passe port d'un des Messieurs de la Cour d'Hollande qui est dedans, le Comte¹⁸⁾ est a Nimwege op den Lantdach¹⁹⁾, ou il a disposé ceux de Gueldres en quelque façon a le proteger²⁰⁾.

Languerack²¹⁾ est encore fort estroittement gardé sans que personne puisse parler a luij.

15) Catharina van Orliens.

16) Traduction: je crains que par cela le Pucelage, dont on dispute encore terriblement pro et contra, ne soit tout à fait compromis.

17) Jan van Ruytenburgh.

18) H. Walraeth, comte de Waldeck, Pyrmont et Culembourg.

19) Traduction: à l'assemblée des états (de Gueldre).

20) Cette protection lui a été de peu d'effet contre les Etats de Hollande, exaspérés: Culembourg fut démantelé.

21) F.H. van den Boetselaer fut banni plus tard par la Cour de Hollande.