Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659
(1889)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 46a.
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charges. J'ay dit a vostre dit fils ce que luy & ses compagnons devoient en cette occurrence. Vous scavez qu'en telles choses il est mal-aisé de retenir les langues, mais après un jour ou deux cela s'esvanouist. S'il faict bien son devoir d'ailleurs, il ne s'en parlera plus. Mais, par le nouveau programe je voy qu'il faict estat seulement d'employer deux heures, ou plustost quarts d'heures de la sepmaine a expliquer trois ou quatre vers d'Homere bien maigrement, & deux autres dans le jardin qui tiendront lieu d'alternative. Or vous scavez Monsieur, que les herbes ne se monstrent que trois mois de l'an, & ce sur les cinq heures du soir par pourmenade, & que les botaniques ne remettent rien pour cela des heures de l'auditoire public. Il n'aura aussi point d'Escholiers s'il ne les oblige par quelques colleges particulieres comme font les autres, et les attire par sa diligence. Mais de tout cela et autres necessaires reformations publiques & particulieres on viendroit mieux a bout, si apres un etablissement arresté vous veniéz icy avec Monsieur de HenvlietGa naar voetnoot5), & que par commun concert a un chacun fust prescrit ce qu'il devroit faire. Ce retardement faict beaucoup de mal; car l'incertitude qu'on publie artificieusement retient les Escholiers de venir icy; decourage ceux qui font bien, et je crains que si cela dure, les meilleures & plus necessaires pieces nous eschapent, & que tout nostre faict s'en aille a neant. Je ne doubte pas que cela ne vous touche vivement, & que vous n'y portiéz ce que vous pouvéz. J'en ai dit un mot en passant a son Altesse, en la lettre que je luy ai escrite par mon filsGa naar voetnoot6). J'attendray par Monsieur HausmanGa naar voetnoot7) ce qu'il nous en apportera de vostre part. Monsieur Dauber me louë fort la diligence, la modestie, & le jugement de son escholierGa naar voetnoot8). Monsieur Bornius est a Amsterdam en estat de recevoir la benediction nuptialeGa naar voetnoot9) la sepmaine apres quasi modo pour retourner a ses charges. Il prend honneste alliance & accommodée. Mais je scay aussi qu'on nous le tente d'ailleursGa naar voetnoot10). Aidèz nous donques Monsieur a conserver l'acquis, & acquerir de nouveau, & me donnèz sur tout vos bons advis, faisant estat asseuré que je suis & seray le reste de mes jours
Vostre tres-humble & tres-affectionné serviteur, André Rivet.
Monsieur
Ma bonne femme, c'est à dire vieille, toute travaillée qu'elle est de Catharre, vous | |
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baise tres-humblement les mains, comme faict sa niepce, elles se tiennent fort obligées de vostre souvenir. Cette ci ayant appris l'Ebreu par routine avec son Pere proffite en la grammaire par communication avec Monsieur Dauber, qui trouue son esprit plus souple que de plusieurs Escholiers. Son Pere est entré en l'an 80 de son aage, list et presche publiquement, a faict encor imprimer une Decade de nouveaux sermons, et sur ce que la Cour commence a leur retrancher de la somme promise, il me dit qu'il a un heritage a demie lieuë de Sedan, où il va & vient a pied, & se range a estre jardinier, laboureur de bonne foy, & berger, sa gayeté luy est entierement revenuë.
De Breda le 28 Mars 1648.
Je vous supplie, Monsieur, aux occasions donner a mon fils vos bons advertissemens pour sa conduite & conversation en vostre Cour; et l'honorer de vos bonnes graces.
A Monsieur Monsieur De Zuylicheim Conseiller & Secretaire de Son Altesse, & Curateur de l'Illustre Eschole & College d'Orange de Breda. A la Haye. |
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