Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 6
(1967)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd2339. 1635 november 5. Van Ch. MariniGa naar voetnoot1.Monsieur, Je receu vos deux aggréables du 8 et 11 de 7breGa naar voetnoot2 prochainement passé, vous remerciant de tout mon coeur de la communication de vos nouvelles et de ce qu'avez si honorablement escrit à Son Ex.ceGa naar voetnoot3 de ma personne. Dont comme ie vous ay d'obligation, ainsi sur l'appuy de la mesme bonne affection ie vous supplieray d'en continuer, estant icy despourveu de toute communication avec les autres ministres et l'argent me manquant durant ceste incroyable cherté de iour en iour: de façon que ie seray mis en un très mauvais estat, si on ne donne autre ordre pour ma provision qu'on me doit desià pour six mois. Je suis icy avec quatre personnes et trois chevaux et achetant la moindre chose par argent vous pouvez bien juger quelles despences que ie fais. Nos biens sont tout à fait gastées par les Espagnols qui y sont voisins, de sorte que pour ceste année ie n'en tireray rien. J'avois bien commencé à prétendre sur quelques rebattes qui nous doivent, mais les impériauxGa naar voetnoot4 venans du costé de Bormio et CerbellonyGa naar voetnoot5 de l'autre vers Morbegno, où nos biens sont, voilà dereschef mon desseing sans fruit. Les impérialistes assemblés à Tyrol au nombre de 15 mille hommes et 12 cent curriassiers ont commencé leur effort contre le ducGa naar voetnoot6 la sepmaine passée, une partie d'eux estant par un chemin incognu venus proche de Bormio, mais nostre garnison s'en est prontement retirée aux Ba.rs, lieu fort estroit, et cependant vient le secours de monsieur de Rhuan qui les repoussa en arrière avec la perte de quelques hommes de leurs. L'ennemy a aussy donné à l'arme en deux endroits aux frontières des Grisons, sans toutesfois aucun succez, et finalement tourna tout le gros de son armée vers le val de Levin qu'il a desià occupé, le lieu estant fort large et mal aise à garder avec peu de gens. Toute nostre armée y va et le duc en personne, pour l'en deschasser à vive force, et puisque ceste passé le combat y fut faict à nostre advantage, sans doute le mesme sera à présent, les François estant résolus de donner la bataille pour estre impossible d'empêcher leur passage autrement. Et pourveu que les Grisons et Suisses tiennent bien, les François ne manqueront | |
en rien. Et comme, si la victoire tombe de nostre part, le milanois sera perdu, de mesme suis-ie d'opinion que, si les François auront la pire, non seulement les Grisons comme un peuple fort variable bransleront, mais les princes aussy italiens du party françois pourront changer de party, le secours qu'on porte en Italie n'estant de petite considération. CréquiGa naar voetnoot1 est encor attaché au siège de Valence où l'on a nouvellement indroduit de la munition de bouche et de guerre, aussy bien qu'aux autres places du milanois, où il faut que les Espagnols soyent bien forts, puisque Cerbellony s'est avancé vers Morbegno avec 2m hommes et 300 chevaux et pièces de canon, pour donner de la diversion aux François et si les impériaux occupent Tyran, leur aller quand et quand au devant et se ioindre ensemble. Si nous gagnons, monsieur le duc aura faict un gran coup d'estat et pour l'Allemagne et pour l'Italie qui après une telle action secoueront le ioug espagnol que les Allemans par leur lâcheté ne prennent. Peu de iours nous en esclairciront. Si vous avez quelque chose de monseigneur le gran chancelier, ie vous supplie de m'en faire part, quelques-uns disant que les affaires vont mal et que BrandeburgGa naar voetnoot2 et MekelburgGa naar voetnoot3, LuneburgGa naar voetnoot4 ayent accepté la paix de SaxeGa naar voetnoot5. Je m'estonne que nul des secrétaires nous escrit iamais, pour moy ayant parfois honte de ne pouvoir informer de rien monsieur le duc sinon ce que i'entend par commun bruit. Pour fin vous reccomandant l'enclose et quand ma personne ie demeure éternellement, monsieur, vostre très humble et redevable serviteur
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Chiavenne, ce 5 de 9bre st. n.
Tout à ceste heur nous recevons la nouvelle du camp qui porte que monsieur le duc a tellement battu les impériaux dan[s] le val Frela, que mille et 700 en sont demeurés sur la place; bea[u]coup de prisonniers, les nostres les poursuivans à la Gagliarde. Plus de particularitez vous aurez avec la prochaineGa naar voetnoot6. Ceste victoire refaira la perte de Placence que les Espagnols ont gagné par trahison. |
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