Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome VIII 1581-1584
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre MCLXVIII.
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Ga naar margenoot+Madame, en particulier. Mais quand je regarde d'aultre part que la conjonction que le feu monseigneur le Prince a avec nostre souverain frère et Seigneur Jésus Christ, auquel il fault estre rendu conforme et que par ceste trahison, de laquelle il a pleu à Dieu se servir à cest effect, la conjonction qu'il avoit en sa juste cause avec le chief, a esté comme seeléeGa naar voetnoot1, je trouve suffisament des soulasGa naar voetnoot2 en ce qui passe la nature pour surmonter la douleur naturelle, augmentée par l'indignité du faict si énorme, respondant à l'esprit qui les pousse; car la mort des serviteurs de Dieu est précieuse devant Luy, comme l'Escripture tesmoigne, et d'aultant plus précieuse que les meurtres sont énormes. Secondement aussy, considérant la cause commune de l'Église de Dieu, je ne doubte nullement que les triomphes que les ennemys de Dieu en font desjà, ayent devant les yeux des pouvres esblouys quelque apparence, mais en vérité ce sont des préparatifs à leur ruine, car Dieu qui est juste, tient cest ordre, de lascher la bride à quelques cupidités des mechants, afin qu'eux mesmes se préparent le chemin à leur propre confusion. Et de nostre part Dieu retire nostre fiance des créatures à Soy seul, afin qu'Il nous possède entièrement, commeGa naar voetnoot3 faict aussy la fiance des enfans de Dieu n'est fondée en aultre qu'en Jésu Christ. Non sans cause S. Paul exhorte Timothée: ‘Ayez en souvenance Jésu-Christ, qui est de la semence de David, resuscité des morts’ d'aultant qu'en ce peu de mots il luy met devant les yeux toutes les promesses et le serment de Dieu de l'éternité du règne de Christ, auquel est fondé un secours perpétuel, lequel aussy a la victoire en main, comme aussy il ne porte ce tiltre sans cause, qu'il est appellé Admirable. | |
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Ga naar margenoot+Oultre plus, quand à vostre personne, Madame, Dieu vous a honoré pour la seconde fois, non seulement de mary fort honorable, mais des tesmoings de Jésu-Christ plus qu'honorables, dont il reste, quand à vostre personne, qu'en ceste seconde approbation de vostre foy, la vertu qui s'est monstrée en vostre première espreuve, se monstre non moins, d'aultant que l'honeur que Dieu vous a faict est double. Quant est de moy, Madame, encores que je ne sois nullement à comparer à feu Monseigneur le Prince, attendu le grand comble de dons que Dieu avoit mis en luy, toutesfoys selon ma petitesse, je vous tiens pour héritier de la saincte affection que j'ay porté à Son Excellence, ce que j'aime mieux monstrer de faict que de paroles. Et de faict nostre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné tant d'espreuves de Son assistance, ne nous défauldra jamais, car se sont aultant d'arrhes de sa faveur perpétuelle...... Priant nostre bon Dieu et Sauveur, Madame, de regarder en pitié toutes Ses Églises et vous en particulier avec les vostres, vous consolant et assistant en tout et par tout, selon Sa promesse infaillible, me recommendant à vos bonnes et sainctes prières. Donné à Dillenburg, ce 19 juillet l'an de grâce, 1584, selon le style accoustumé. Vostre très-humble serviteur, Jean Conte de Nassaw. A Madame Louyse de Colligny, Princesse d'Oranges, vefve. |
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