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† Lettre MCXLIX.
Le Roi de Navarre à l'Électeur de Cologne. Il est trèsdisposé à lui prêter secours.
*** Dès le commencement le Roi de Navarre avoit senti l'importance des évènements de Cologne pour la cause des Réformés en général (p. 161). Peut-être aussi les informations du Sieur de Banos (T.V.p. lxxxi) étoient-elles plus explicites et complètes sur les espérances que sur les nombreux revers de Truchsess.
Monsieur mon Cousin, nous avons eu ung très-grand contentement d'avoir receu vostre lettre et entendu si particulièrement par le Sr de Banois, vostre Conseillier et Ambassadeur, présent porteur, la sainte résolution que Dieu vous a mis au coeur et en laquelle vous persévérez si constamment. Mais d'aultre costé nous compatissons avec vous, aux grands travaulx que vous soustenés contre les continuels assaults et effects des ennemis de Dieu et désirons que par Sa bonté et providence, Il bénisse vos fermes et chrestiennes résolutions et labeurs, ausquels nous serons tousjours prests de conjoindre nos moyens et conseils, avec telle promptitude et affection, que nous ayant le dict Sr de Banois remonstré que l'effort des ennemis communs et la nécessité de nos affaires estre telle, qu'elle ne pouvoyt permettre aulcung retardement ou dilation, ne mesmes attendre le temps de l'assemblée des Églises, convoe- | |
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Ga naar margenoot+quée à Montauban, j'ay advisé de dépêcher, au premier jour, le Sr de Clervant à Paris, pour faire de moy-mesmes et sans aulcun aide des dictes Églises, recouvrer ce qu'il pourra promptement des deniers et ce que nous avons moien de fournir à présent, pour les faire tenir et délivrer à Franckfort, avec ceulx que les aultres Princes et Seigneurs Chrestiens et communaultés contribueront pour vostre défense et secours, et néanmoins nous ne laisserons cy après en la dicte assemblée d'apporter toute affection et diligence pour faire accomplir et satisfaire à ce qui est
porté par les instructions, que le dict Sr de Banoys nous a apportées de vostre part et laissées entre nos mains, n'ayans rien plus au coeur que vostre bien, seureté et conservation et que vous soyés diligement subvenu, pour pouvoir advancer et parachever ce que vous avez si sainctement commencé et constament résolu, ainsi que le dict Sr de Banois vous tesmoignera plus particulièrement, sur lequel nous remettans nous ne vous ferons ceste plus longue, si ce n'est pour vous remercier de l'imaigeGa naar voetnoot(1) et souvenance que m'avez par luy envoyé et vous asseurer en tous bons et certains effects de mon amitié, qui seront en mon pouvoir, pour vous en servir par tout où j'auray moyen. Sur ce supplieray nostre Seigneur vouloir, Monsieur mon Cousin, bénir vos sainctes résolutions et maintenir vostre Exce en bonne et heureuse prospérité. De Pau, le 11sième jour de mars 1584.
Vostre très-affectionné cousin et assuré amy à vous obéir,
Henry.
A Monseigneur l'Électeur de Coloigne.
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Ga naar margenoot+Voici la Responce aux Instructions apportées au Roy de Navarre et aux Églises de France par le Sr Théoph. de Banos.
‘Premièrement le dit Seigneur Roy a loué Dieu grandement de la ferme et chrestienne résolution du dit Sr Électeur, à l'advancement et manutention de la vraye Religion et à la Réformation des Églises de ses pays suivant la pure doctrine et discipline ecclésiastique, comme aussy il estime singulièrement la piété et magnanimité du dict Sr Électeur, tant à sa dict résolution, que en la persévérance qu'il promest et asseure, laquelle le dict Sr Roy prie Dieu luy voulloir continuer, recongnoissant que c'est un oeuvre de Dieu très-marquable en ce temps et qui est de telle conséquence, qu'il y a plusieurs siècles qu'il ne s'en est offert de pareil ne plus important à toute la Chrestienté pour l'advancement du règne de Dieu et ruine du siège opposé à celluy de Jésus Christ.
C'est pourquoy le dict Sr Roy, sur les premiers advis qn'il eust de la saincte résolution du dict Sr Électeur, ne fit aulcun doubte que Satan, l'Antéchrist et leurs suppostz, qui de tout temps n'ont peu souffrir l'advancement du règne de Dieu, ne s'y opposassent incontinant et feissent tous leurs effortz pour empescher et ruiner ce bastiment spirituel des Églises de Dieu ésdicts pays et provinces.
Ce qui doibt esmouvoir de plus en plus tous les vrays membres de Jésus Christ et de son Église à estre uniz et conjointz avec une sainte intelligence et correspondance pour résister aux ennemis de Dieu, à quoy le dit Sr Roy à commencé de monstrer le chemin et le préparer, tant par les lettres escriptes du Synode général tenu à Vitré en Bretaigne au dict Sr Électeur, que par la légation du Sr de Ségur, dépesche par le dit Sr Roy vers les Princes Chrestiens pour la réunion des confessions et réconciliation des Églises.
En ce sainct oeuvre le dict Seigneur Roy sera tousjours prest d'apporter ses conseilz et moyens et de secourir et assister ceulx qui en auront besoing de tout son pouvoir, et aultant que le temps et ses facultez le pourront permettre, mais il prie le dit Sr Électeur de considérer que, n'ayant receu la lettre de son Excellence sinon le cinquiesme du présent mois de mars, il luy a esté impossible de satisfaire à ce qu'elle demandoit de luy pour le plus tard dedans le mois de febvrier passé, et aussy pen faire tenir à son Excellence la somme
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Ga naar margenoot+de trente mil escus, pour tout ce dit mois de mars; et néantmoings, combien que aux guerres passées il ayt souffert grandes et notables pertes en la ruine de ses maisons et en la non-jouissance de ses biens, et supporté des fraix et despenses excessives, comme encores à présent il luy en convient porter pour les affaires généraulx et le soustien des Églises de la France, à la protection desquelles il a esté appellé, et que l'incertitude du temps et des évènemens soit maintenant très grande sur la reddition de villes de seureté et le péril presque inévitable de la dissipation des dictes Églises menassées de ruine prochaine, si est-ce que Sa Majesté, postposant toutes les susdites considérations à la charité chrestienne et compatissant aux afflictions et saincts travaux de Son Excellence, a résolu, pour obvier aux longucurs et difficultez qui pourront naistre attendant le temps de l'assemblée des Églizes de France, convoquée à Montauban, de faire recouvrer, de soy mesme et sans l'ayde d'icelles, la somme de dix mil eseus et à ceste effect dépescher exprès et en poste à Paris le Sr de Clervant, Conseiller en son Conseil privé et Super-intendant de sa Maison, pour donner ordre au recouvrement d'icelle et à la faire délivrer et fournir promptement à Frankforth, soubz l'obligation du dit Électeur, entre les mains de celuy dont on sera d'accord en la dite ville, pour icelle estre employée pour le secours et affaires de son Excellence pour l'advenir, avec les sommes
que les autres Princes et Srs voudront contribuer pour le même effect; par ce que aultrement la dicte somme ne seroit suffisante pour la deffence et conservation de son Excellence.
Qui est tout ce que le dit Sr Roy a moyen de faire pour le présent, luy estant impossible de toucher aulcunement au dépost qu'il a hors la France, sans violer sa foy qu'il a promise aux Églyses d'icelle, de ne l'employer pour quelconque occasion ailleurs, que pour leur propre deffence et avec leur advis.
Mais hien sa dite Majesté proposera en la dite assemblée convoquée à Montauban, de secourir le dit Sr Électeur de gens et d'argent, prendra son faict à cueur et y apportera toute l'affection qu'il pourroit en son propre faict, de quoy il luy est auparavant impossisible de donner à son Excellence aulcune certaine asseurance, sans en avoir conféré et communiqué avec les dits Églises ou leurs
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Ga naar margenoot+députez, suyvant ce quil fut arresté en la dernière assemblée de rien entreprendre aultrement.
Espère néantmoings sa dite Majesté que, après la tenue de la dite assemblée, pourveu que ceulx de la religion demeurent en paix et que la France ne retumbe à malheur des guerres civilles, il se trouvera bon nombre de Srs Gentilhommes, cappitaines et aultres gens de guerre, qui de bonne volonté employeront leurs personnes pour mener des forces à Son Excellence [et à Sa Maté de sa part]Ga naar voetnoot1, n'y espargnera ce qui sera en son pouvoyr et particulièrement recherchera tous moyens pour faire agréer le dit secours au Roy, qui a fait puis naguières deffenses très-expresses de faire levées de gens et de les tirer et faire sortir hors son Royaulme, afin que, sy le dit Sr Roy le peult obtenir, le dit secours puisse être plus grand et plus fort; pour la conduite duquel il sera pourveu et ordonné de chef et conducteurs par Sa Maté au contentement ou nomination de Son Excellence, s'estant Manfredo Balban, par ses lettres excusé de prendre l'estat de Colonnel que sa dite Excellence avoit délibéré lui donner, ce que estime le dit Sr Roy avoir esté faict par le dit Sr Balbani, parce qu'ayant peu hanté les bandes françoyses, il a pensé qu'il n'y pourroit avoir la créance, l'obéyssance et respect, tel que ceulx qui y ont esté nourris et y ont commandé et sont de longtemps cognus des cappitaines et soldats, mais en tout ce que on le pourroit honnorer le dit Sr Roy désire qu'il soit faict.
Au reste le dit Seigneur Roy remercie le dit Sr Électeur des honnestes offres et asseurances qu'il faict de s'employer luy et ses amys réciproquement pour le dit Seigneur Roy et les dit Églises, quand l'occasion et nécessité escherroit, à quoy un chacun doybt estre disposé et préparé, pour estre un faict sy juste et estant la cause de Dieu et non la nostre, en laquelle celluy qui apporte le plus, doibt estre plus estimé et honoré et y faict plus de gaing et profit.
Comme aussy pour la même raison le dict Seigneur Roy approuve le conseil des collectes généralles des Églises de la Chrestienté pour leur défense, seureté et conservation; en quoy il est le premier qui a servi d'exemple et qui a porté son symbole et dépost, sans lequel, pour n'y pouvoir toucher, il eust peu faire davantage pour
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Ga naar margenoot+Son Excellence, et désire que on poursuive générallement que ce couseil soit mis à exécution avec promptitude et libéralité entre les Églises de la Chrestienté. Utque aerarium illud per collectas annuas constituatur et expendatur in Ecclesiarum usus necessarios et earum presertim quas hostes Dei adorientur et prement: ita tamen ut collectarum administrationi et distributioni rite provideatur. Caeterum Rex ipse conventu Ecclesiarum Gallicarum Montalbani habito quid eâ de re ipsis consultum visum fuerit, ud ad Illustrissimum Electorem ceterosque pios principes et Ecclesias Christianas scribant aut per idoneum hominem referant, curabit.
Faict en la ville et chasteau de Pau, le unzième jour de mars l'an mil cinq cens quatre vingtz et quatre.’
Henry. |
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voetnoot(1)
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imaige: probablement le portrait de l'Électeur.
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