A l'occasion de la trentième année
Ces fleuves qui nous unissent...
Ce quatrième et dernier numéro de la trentième année de Septentrion est consacré pour l'essentiel à la Meuse. Il fait pendant au premier numéro, thématique lui aussi, qui comportait un volumineux dossier sur l'Escaut.
La Meuse prend sa source au plateau de Langres, dans le petit village de Pouilly-en-Bassigny. Elle arrose Domrémy, Verdun et Sedan, des toponymes aux résonances historiques, et passe ensuite à Charleville-Mézières où Arthur Rimbaud, n'ayant pas encore vu la mer à ce moment-là, composa Le Bateau ivre.
Transporté par trois bateaux ivres, notre ‘explorateur’ Luc Devoldere, a descendu la Meuse. Il a longé des forêts, des usines et des villes, s'acheminant, d'écluse en écluse, vers la plaine de la Meuse et du Waal. S'étant perdu dans l'immensité du delta, il a fini par échouer à Rotterdam, le premier port du monde, et a découvert la mer à Hoek van Holland. Le compte rendu circonstancié de ses pérégrinations, mélange subtil d'érudition et de sensibilité, illustre clairement l'importance d'un cours d'eau qui a si souvent joué un rôle déterminant dans l'histoire des Plats Pays.
Un certain nombre de grandes villes situées sur la Meuse font chacune l'objet d'un article: Charleville-Mézières, ville de garnison fortifiée; Namur, capitale de la Wallonie, au confluent de la Sambre et de la Meuse; Liège, incroyablement indépendante d'esprit et passionnante à découvrir; Maastricht, chaleureuse et européenne; Rotterdam, à laquelle les Allemands arrachèrent le coeur au cours d'un bombardement aérien meurtrier le 14 mai 1940, à présent la ville la plus cosmopolite des Pays-Bas.
Le cours de la Meuse, son histoire, sa batellerie, sa gestion hydraulique sont présentés dans un diptyque dû à un historien liégeois et à un ingénieur néerlandais. Le premier décrit le fleuve de sa source jusqu'à la frontière néerlandaise, le second depuis cette frontière jusqu'au delta.
La vallée de la Meuse, terre d'intense activité artistique se jouant des frontières, a produit des oeuvres d'art impressionnantes. Un article abondamment illustré présente ces joyaux.
Ce numéro, comme celui consacré à l'Escaut, offre à son tour une vaste anthologie, un fleuve de mots mosans et meusiens, de Julien Gracq à J.A. Deelder, en passant par Gérard de Nerval, Jacques Brel et Leonard Nolens.
Par le biais des numéros thématiques présentant respectivement l'Escaut et la Meuse, la rédaction de Septentrion a voulu attirer l'attention sur les liens naturels qui unissent les espaces culturels francophone et néerlandophone. Ce faisant, la revue se situe au coeur de la coopération européenne, laquelle, loin de nier la réalité des frontières et les différences qu'elles engendrent, les reconnaît et les respecte tout en cherchant à les transcender dans un esprit d'ouverture et de créativité.
Jozef Deleu
Rédacteur en chef de ‘Septentrion’.
Administrateur délégué de la fondation flamando-néerlandaise ‘Stichting Ons Erfdeel’.