Septentrion. Jaargang 29
(2000)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 92]
| |
Walter Prevenier (o1934).
Denier de Charlemagne, ‘Carolus Imperator Augustus’.
Toon Hermans (1916-2000).
| |
ActuellesLa faculté d'histoire de l'Université de Gand jouit depuis bien longtemps d'une grande renommée. C'est ainsi que la célébrité des oeuvres d'Henri Pirenne déborde largement la Belgique. ‘Si une ‘École gantoise’ existe, elle comporte indubitablement une ‘classe Walter Prevenier’. C'est sur ces mots que s'ouvre le liber alumnorum dédié au médiéviste Walter Prevenier (o1934) qui accéda à l'éméritat en 1999. Ce Secretum Scriptorum. Liber alumnorum Walter Prevenier a été édité sous la rédaction de Wim Blockmans, Marc Boone et Thérèse de Hemptinne. Les articles en ont été écrits par des chercheurs qui avaient mené à bien une thèse de doctorat dirigée par Prevenier ou qui étaient en train d'en achever une. Sur un total de 16 articles, 5 sont rédigés en français et 11 en anglais. Les articles en français traitent des femmes copistes dans les Pays-Bas au bas Moyen Age, du débat sur les méthodes d'édition, du droit de livrée à la cour de Louis (comte de Flandre, de Nevers et de Rethel en 1331), des Tolvins (clercs de la ville de Gand, serviteurs des ducs de Bourgogne) et du maïeur Lodewijk Pynnock (xve siècle). Bien que Walter Prevenier ait toujours été fasciné par la période bourguignonne, l'exercice de son métier l'amena à consacrer une grande partie de son attention aux sciences auxiliaires, notamment à la paléographie et la diplomatique. Sa thèse de doctorat, une étude paléographique et diplomatique des actes de Baudouin IX, comte de Flandre, renouvela complètement l'étude des chancelleries médiévales et fit date dans l'histoire de l'édition de textes diplomatiques. Au cours de la préparation de cette étude, à la fin des années 50 et au début des années 60, Prevenier résida à Paris, où il fréquenta l'École des chartes et la Sorbonne. Adresse: Garant, Tienseweg 83, B-3010 Kessel-Lo (ISBN 90 5350 968 2). ◆ L'historien Éric Vanneufville, Flamand de France, s'intéresse vivement à l'histoire de la Belgique et | |
[pagina 93]
| |
tout particulièrement à celle des contrées flamandes. En témoignent notamment ses publications antérieures: La Flandre au fil de l'histoire, l'Histoire de Lille et Le Coq et le Lion. La Belgique à la croisée des chemins. Mais Vanneufville s'est également fait un nom par ses études des relations économiques et culturelles entre les mondes méditerranéen et nordique, du roi Clovis à l'empereur Charlemagne. Dans son ouvrage Charlemagne. Rome chez les Francs, paru aux Éditions France-Empire au printemps 2000, Vanneufville dévoile une grande part du mystère Charlemagne. Il évalue dans quelle mesure Charlemagne était réellement un personnage inconstant et capricieux, un ambitieux conquérant doublé d'un habile diplomate, un esprit tourmenté, à mi-chemin entre deux civilisations. (ISBN 2 7048 0900 3). Voir Septentrion, XXVIII, no 1, 1999, pp. 79-81. ◆ Le Néerlandais Rem Koolhaas (o1944), fondateur d'OMA (Office for Metropolitan Architecture), compte depuis des années parmi les architectes qui donnent le ton à l'échelle internationale. A la miavril 2000, Koolhaas s'est vu décerner le Pritzker Price, la plus haute distinction dans son domaine, assortie d'une somme de 100 000 dollars (soit 0,5 millions de francs français ou 3 millions de francs belges). Koolhaas a acquis la célébrité par une foule de projets, non seulement aux Pays-Bas mais aussi à l'étranger. Il n'a pas seulement conçu le Kunsthal de Rotterdam, mais aussi le centre commercial Euralille et l'extension urbanistique de la ville de Lille. Il a également construit au Portugal, en Allemagne, au Japon et en Corée. En 1998, la revue Time proclama meilleur projet de l'année une villa bâtie par Koolhaas à Bordeaux, pour un invalide et son épouse. Le bureau de ce monsieur, un espace de 3 mètres sur 3 mètres 50, fonctionne également comme ascenseur, lui offrant un accès facile aux trois étages de la villa. Voir Septentrion, XVI, no 3, 1987, pp. 44-47. ◆ Le cabaret néerlandais (le terme ‘cabaret’ désignant en néerlandais ‘l'art du fantaisiste’) a perdu le dernier ‘des trois grands’. Après la mort de Wim Sonneveld (1917-1974) et de Wim Kan (1911-1986) Toon Hermans était le dernier survivant d'une période faste. Il vient de mourir début mai 2000, à l'âge de 83 ans. Toon Hermans était un perfectionniste doublé d'un sentimental, un homme qui avait le sens du théâtre, du timing et du détail. Il était gai, léger et partisan d'une conception de la vie résolument optimiste. Après des débuts hésitants dans diverses revues, Hermans se lança après la seconde guerre mondiale dans le one man show. Ses sketches débordaient d'un humour communicatif, parfois sous-tendu de mélancolie ou de critique sociale. Ils connurent un succès retentissant et lui valurent une immense popularité auprès de toutes les classes d'âge. Il faut dire que Hermans bénéficia de l'apparition d'un média de masse, la télévision. Plusieurs de ses spectacles furent intégralement diffusés sur le petit écran. Une ‘soirée Hermans’ garantissait divertissement, humour savoureux et une pointe de nostalgie. Voir Septentrion, XXI, no 1, 1992, pp. 92-93. ◆ La Maison Saint-Exupéry, fondée en 1971, est une association culturelle très active établie à Lille. Le but de son fondateur, Marcel Debyser, à l'époque curé-doyen d'une paroisse de Lille tout à fait centrale, était clair: faire d'un ancien lieu d'origine paroissiale une maison de la culture ouverte à tous dans le centre-ville de Lille. La présidente actuelle, Monique Dubar, professeur de littérature comparée à l'Université de Lille 3, poursuit dans la même voie. Le grand nombre d'animations, de conférences et de visites organisées par la Maison Saint-Exupéry garantit une offre culturelle diversifiée. De temps à autre, on s'y intéresse aux interactions culturelles entre la Flandre et le Nord de la France. Depuis l'an 2000, la Maison Saint-Exupéry dispose d'un périodique propre, Mélanges, destiné à rendre compte chaque année des grands moments | |
[pagina 94]
| |
Maddy Buysse (1908-2000).
N.G. Lens (o1935).
vécus, au fil des conférences publiques, des sorties à thème et des activités internes. Le premier tome rassemble 17 articles qui offrent une bonne image des thèmes fréquemment abordés à la Maison Saint-Exupéry: un goût légèrement prononcé pour la littérature, accompagné d'un intérêt réel pour l'histoire, la musicologie, la géographie, l'histoire des sciences, le droit, les arts du spectacle et l'histoire de l'art. Adresse: 31, rue des Fossés, F-59800 Lille. ◆ Au sein de la francophonie, la littérature néerlandaise jouit ces dernières années d'un intérêt croissant. Parmi les traducteurs qui lui ouvrirent le sud de la frontière linguistique, Maddy Buysse jouait sans contredit un rôle de premier plan. Cette ‘Grande dame de la traduction’ est décédée début mai 2000 à l'âge de 91 ans. Née à Louvain, Maddy Buysse grandit dans un milieu intellectuel essentiellement francophone. Après son mariage avec René Buysse, fils de Cyriel Buysse (1859-1932), figure de proue flamande du naturalisme, elle déménagea à Deurle, pittoresque petit village d'artistes des environs de Gand. Elle y découvrit l'oeuvre d'écrivains flamands et y rencontra des peintres installés dans cette région, comme Léon de Smet (1881-1966) et Albert Saverys (1886-1964). La première oeuvre qu'elle traduisit fut le roman De man die zijn haar kort liet knippen (L'homme au crâne rasé) de Johan Daisne (1912-1978), un adepte du réalisme magique. Maddy Buysse traduisit une foule de publications de Hugo Claus (o1929). Sa traduction du recueil de poésie de Claus Oostakkerse gedichten (Poèmes d'Oostakker) fit grande impression. Sa version française de De avonden (Les soirs) du prosateur néerlandais Gerard Reve (o1923) peut aussiêtre considérée comme faisant date dans la traduction de littérature d'expression néerlandaise. Parallèlement Maddy Buysse ouvrit également au lecteur francophone des oeuvres de Harry Mulisch (o1927), de Jos Vandeloo (o1925) et de Jef Geeraerts (o1930). Voir Septentrion, XXIII, no 3, 1994, pp. 19-23. ◆ | |
[pagina 95]
| |
Le Lycée international de Saint-Germain-en-Laye (à l'ouest de Paris) occupe une place à part dans le système scolaire français. Ce lycée qui comporte une section primaire et un premier et second cycle secondaires, est certes une école publique française, mais il se distingue des autres lycées par ses ‘dix sections nationales’. Au sein de chacune de ces sections, les élèves bénéficient, en supplément du programme français, d'un certain nombre d'heures de cours dispensés dans leur langue d'origine. La section néerlandaise n'est pas seulement la plus ancienne section ‘nationale’ du lycée, mais aussi la plus prospère par le nombre de ses élèves. Ce succès est essentiellement dû au Néerlandais N.G. Lens (o1935), qui fut pendant des années proviseur de la section. Le 19 mai 2000, on fêtait le départ de Nicolas Lens, qui venait d'atteindre l'âge de la retraite. Lens fut quarante ans durant lié à la section néerlandaise et joua à sa tête un rôle d'inspirateur. Par ailleurs, il se dépensa à l'intérieur et à l'extérieur du lycée pour faire connaître aux Français la culture d'expression néerlandaise. Il traduisit notamment des oeuvres des écrivains pour la jeunesse Mieke van Hooft et Paul Biegel et de la poésie de Bert Schierbeek et Rutger Kopland. Lens consacra aux problèmes interculturels des articles parus dans différents journaux, dont Le Monde et Le Monde de l'éducation. Adresse: B.P. 230, F-78104 Saint-Germain-en-Laye Cedex Voir Septentrion, XXV, no 4, 1996, pp. 69-71. Hans Vanacker ◆ Claude-Henri Rocquet est un homme aux multiples facettes. Nouvelles, poèmes, théâtre, il a tout pratiqué. Il a consacré des ouvrages aux peintres Brueghel et Jérôme Bosch, et, cette année, je l'ai vu à Paris jouer, avec autant de bénignité que d'autorité, le rôle du Supérieur dans La Ville dont le prince est un enfant d'Henri de Montherlant. En 1998, il écrivit un essai sur Ruysbroeck l'admirable, et cette année il publia la traduction, assortie d'une éclairante introduction, d'un court traité du même mystique brabançon, Les sept degrés de l'échelle d'amour spirituel. De l'échelle que Jacob vit en songe jusqu'à la montée du Carmel évoquée par saint Jean de la Croix, la vie mystique a souvent été perçue comme élévation, ascension, progression de l'âme vers Dieu. Pour Ruysbroeck (1293-1381), cette montée à ‘l'échelle d'amour spirituel’ invite paradoxalement à l'abaissement. S'épanouir en Dieu, c'est participer à l'humilité du Christ, qui donne sa vie jusqu'à la mort. C'est choisir un mouvement d'amour et de don de soi. Rocquet pense qu'on a tout lieu de lire de nos jours les mystiques: ‘Pour que nous puissions dépasser notre doute radical, il faut que tels d'entre nous témoignent qu'ils ont vu le soleil, qu'ils sont ivres de l'amour de Dieu (...)’. Le témoignage des mystiques ‘est une Apocalypse, dont il est clair qu'elle ne révèle pas le monde futur, à la fin des temps, mais qu'elle nous dévoile, en nous-mêmes, notre coeur incompréhensible’. (Ruysbroeck l'admirable, pp. 176 et 178-179). Claude-Henri Rocquet, Ruysbroeck l'admirable, ‘Temps et visages’, Desclée De Brouwer, Paris, 1998, 189 p. Jean Ruysbroeck, Les sept degrés de l'échelle d'amour spirituel, texte traduit et présenté par Claude-Henri Rocquet, ‘Les carnets DDB’, Desclée De Brouwer, Paris, 2000, 106 p. Luc Devoldere |
|