Histoire
Une demeure pour un poète:
le Musée Gezelle de Bruges rénové
C'est dans un recoin de Bruges peu fréquenté des touristes, près des moulins de la Kruispoort, que se niche le Musée Guido Gezelle réaménagé en 1999, à l'occasion de l'année Gezelle qui marqua le centenaire de sa mort.
Certes, Guido Gezelle (1830-1899) n'a pas passé la majeure partie de sa vie à Bruges, pas plus qu'il n'y a écrit l'essentiel de son oeuvre poétique, mais c'est bien là qu'il a vu le jour et rendu le dernier soupir. Impossible de l'ignorer pour qui flâne à Bruges en 1999. Quantité de fenêtres s'ornent de vers, de strophes et de fragments de textes du poète. Sur la place Gezelle, trois mâts vexillaires flanquent maintenant sa statue qu'entourent des bancs laqués de blanc et marqués du mot poièsis.
C'est dans une maison du Rolweg, résidence secondaire d'une riche famille brugeoise, que naquit Guido Gezelle le 1er mai 1830. Il était l'aîné de sept enfants dont deux moururent en bas âge. Il y habiterait jusqu'à ses seize ans. Puis il intégra le Petit séminaire de Roulers. Son père exerçait sa profession de jardinier et d'arboriculteur au service du propriétaire de la résidence. Les dimanches et jours de fête, ce dernier venait en famille jouir des charmes du jardin. Le jeune Gezelle grandit donc parmi les arbres, les oiseaux, les fleurs et les plantes. Sa famille habitait l'aile gauche de la résidence: elle y occupait deux pièces: une cuisine-séjour qui faisait également office de chambre à coucher des parents et un entresol situé quelques marches plus haut, au-dessus d'une petite cave accessible depuis la cuisine, et destiné au couchage des enfants. Le jardinier Pieter-Jan Gezelle disposait également d'une grange.
En 1925, la ville acheta le domaine de quatre hectares trente-six et y ouvrit en 1926 le Musée Guido Gezelle. En 1971, on transféra les archives Gezelle au Biekorf, la bibliothèque publique de Bruges. Le musée connut une première restauration en 1976 avant de faire à nouveau l'objet en 1999, à l'occasion de l'année Gezelle, d'une sobre et discrète rénovation confiée à Piet Couttenier et à la styliste Anne de Gheldere.
Le musée reste essentiellement littéraire et biographique; on peut y voir le logement de la famille Gezelle, révélateur du modeste milieu où grandit le poète. Dans l'entresol trône toujours le lit où la rigide et dévote Monica Devriese, accoucha du poète. Vu le volume de sa tête, on craignait pour la vie de l'enfant si bien qu'on le baptisa le jour même à l'église paroissiale Sainte-Anne, où il ferait sa première communion et célébrerait sa première messe.
L'entresol abrite également des oiseaux naturalisés; certes, on songe aussitôt au célèbre poème que Gezelle consacra à ceux qui peuplaient le ‘musée’ du Petit séminaire de Roulers mais ils réfèrent ici à ceux que son père empaillait.
Manuscrits, éditions, lettres et photos du musée proprement dit évoquent la vie de Gezelle. La pipe, la valise, l'habit de baptême, le chapelet, le coupe-papier, et le fichier de cet infatigable linguiste toujours à l'affût des mots, constituent autant de vestiges d'une vie.
La scolarité à Bruges et à Roulers, la formation sacerdotale (‘O ne me laisse pas devenir un simple fantassin dans l'armée de Jésus mais plutôt un instructeur, un recruteur d'âmes et un meneur contre les faux principes du