Septentrion. Jaargang 26
(1997)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdActuellesAu printemps de 1997, le ‘Gouden strop’ (La cravate d'or), prix littéraire décerné au livre en néerlandais le plus passionnant, a été décerné au Flamand Bob Mendes, pour son thriller De kracht van het vuur (La puissance du feu). Il avait déjà remporté le prix en 1992. Ce prix s'agrémente d'une somme de 25 000 florins (soit 500 000 FB ou 83 000 FF). Mendes pratique le genre du ‘faction-thriller’ qui fonde la fiction sur des faits réels. L'auteur utilise notamment comme point de départ de ses livres le drame du Heysel (1985) et le naufrage du ferry-boat Herald of Free Enterprise (1987). ◆ En 1997, l'année Johannes Ockeghem a été célébrée par divers concerts. Ce polyphoniste mourut en 1497. De son vivant, il fut considéré comme un compositeur des plus importants. Ses contemporains l'appelaient ‘prince de la musique’ Ockeghem écrivit notamment des messes, des motets et des chansons, dans lesquels il mariait inventivité musicale et limpide harmonie. Ockeghem a longtemps travaillé à la cour de France, successivement au service de Charles VII, de Louis XI et de Charles VIII. Il prit également part à d'importantes missions diplomatiques,
La signature de Johannes Ockeghem.
notamment en Espagne. Par la suite, mandaté par la cour, il exerça à Tours l'importante fonction de trésorier. Voir Septentrion, XV, no 2, 1986, pp. 37-40. ◆ A l'été 1997, les Éditions de Fallois ont publié La rumeur, roman de Hugo Claus (o1929), dans la traduction d'Alain van Crugten, qui s'était fait un nom en 1985 par sa traduction magistrale du roman à succès de Claus, Het verdriet van België (Le chagrin des Belges). La version originale de La rumeur est parue en 1996 sous le titre De geruchten. Il s'agissait d'un de ces romans où Claus met en scène la ‘Flandre profonde’ où il est né. L'auteur jette un regard sombre et observateur sur la condition humaine, notant à quel point il est difficile pour des êtres humains de ressentir un amour | |
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authentique et réciproque et de donner un sens réel à l'existence. Voir Spetentrion, XXVI, no 1, 1997, pp. 79-80. ◆ L'été 1997 a vu la parution de L'invention de la tendresse, recueil de poèmes de Willem M. Roggeman (o1935), traduits du néerlandais. L'ouvrage comporte en tout 60 poèmes, répartis sous trois têtes de chapitres: ‘L'amour noir ou l'Aphrodite africaine’, ‘Le temps liquide’ et ‘L'existence mise à mots’. Tous les poèmes ont été traduits par Évelyne Wilwerth. L'invention de la tendresse a été publié aux Éditions Autres temps (97, avenue de la Gouffonne, F-13009 Marseille). La poésie, très visuelle, de Willem M. Roggeman est influencée par les arts plastiques. C'est l'image qui prime et qui s'adresse directement au lecteur. ◆ Début septembre 1997, l'écrivain flamand Leonard Nolens (o1947) recevait le prix Constantin Huygens, une des distinctions littéraires les plus prisées de toute la néerlandophonie, lequel lui était décerné pour la totalité de son oeuvre. Le montant du prix s'élève à 10 000 florins, soit 33 000 FF ou 200 000 FB. Leonard Nolens est surtout célèbre comme poète. Au départ, sa poésie passablement
Leonard Nolens (o1947).
hermétique n'était appréciée qu'en cercle restreint. A mesure que ses poèmes devinrent plus accessibles, l'intérêt crût et se répandit. Les thèmes principaux de son oeuvre sont l'incapacité à vivre, le rejet de l'autorité et du passé, la quête de soi dans le langage et l'érotisme. Nolens a aussi publié quelques journaux qui comportent des considérations souvent teintées de philosophies sur sa vie et son oeuvre. Voir Septentrion, XVIII, no 1, 1989, pp. 45-51 et XXVI, no 2, 1997, pp. 23-30. ◆ Le Néerlandais Ernst van Altena a obtenu en 1997 le prix de littérature pour la traduction, décerné, pour la première fois, par la Communauté francophone de Belgique. Au prix s'attache une somme de 200 000 FB (soit 33 000 FF). Ernst van Altena a été amené à la langue française par le jazz. Il résida quelque temps à Paris, où il fut d'abord clarinettiste. Sa carrière de traducteur commença par des transpositions de chansons de Brassens et de Brel. Il traduirait ensuite, entre autres, Molière, Flaubert, Prévert, Céline et Duras. ◆ Les Éditions Casterman ont publié en 1997 Flandre. Le guide, un guide informatif et richement illustré, consacré à la Flandre et rédigé par Omer Vandeputte, Gerrit Six, Angèle Boddaert, Paul Maes, Yves Robert, Chantal Samson et Gian Giuseppe Simeone. Flandre. Le guide est bien plus qu'une publication exclusivement touristique. Une grande partie du livre est consacré aux ‘facettes de l'identité’; l'intérêt s'y porte notamment sur l'histoire de la Flandre, la position du néerlandais à travers les siècles, la littérature, la peinture, l'enseignement et les médias. Cette introduction générale est suivie d'un ‘Dictionnaire des personnalités’ qui présente les personnalités qui, d'une manière ou d'une autre, ont joué un rôle important dans l'histoire de la Flandre. Une ‘Chronologie commentée’ reprend et commente | |
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les principales dates importantes. Le lecteur sportif trouvera treize promenades thématiques, intitulées notamment ‘la côte’, ‘l'Yser’, ‘l'Escaut’, ‘la Flandre romane’, ‘les châteaux’ et ‘les béguinages’. Dans ‘Les communes de Flandre’, les notices consacrées à chaque commune offrent une mine d'informations sur l'histoire, les monuments et les musées locaux. La publication se clôt sur un ‘Carnet d'adresses’ détaillé. ◆ Septembre 1997 a vu la parution du numéro 82 de Deus ex Machina, revue de littérature et d'art, consacré cette fois intégralement à la littérature belge d'expression française. La rédaction a fait un choix dans l'oeuvre de plus de vingt écrivains, présentée ici en traduction néerlandaise. On y trouve notamment des poèmes d'Eugène Savitzkaya, Francis Dannemark, Philippe Lekeuche, Geneviève Bergé et Karel Logist. Les fragments en prose sont empruntés notamment à François Jongen, Philippe Blasband, Jean-Louis
Geneviève Bergé (o1959) Photo Jacques Sassier).
Ypres: le beffroi et la halle aux draps.
Lippert, Jean-Claude Bologne, Jean-Luc Outers, Xavier Deutsch et Jacques de Decker. Nous devons à ce dernier, connu comme ‘passeur de cultures’ entre francophonie et néerlandophonie, une lettre ouverte sur la ‘schizophrénie littéraire’ en Belgique. De Decker y souligne que les littératures néerlandophone et francophone de Belgique, contrairement à jadis, mènent une existence totalement autonome, ne se connaissent et ne s'influencent presque plus mutuellement. Le poète et traducteur Frank de Crits ne peut que confirmer ce jugement, mais dans un vibrant plaidoyer, il demande du côté flamand plus d'ouverture vis-à-vis de la littérature belge d'expression française. La rédactrice en chef Jacqueline Caenberghs donne le bon exemple dans un passionnant article sur la relation entre le monde littéraire francophone belge et la France. Adresse: Antwerpse Steenweg 118, B-9100 Sint-Niklaas. ◆ L'automne 1997 a vu la parution du 22e bulletin Lettre de Zuylen et du Pontet, périodique consacré à la vie et à l'oeuvre de Belle van Zuylen (1740-1805) connue des francophones sous le nom d'Isabelle de Charrière. Cette femme de lettres franco-suisse d'origine néerlandaise s'est fait un nom par l'indépendance de son jugement et sa grande | |
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culture générale. Son oeuvre littéraire, en grande partie autobiographique, se compose de romans par lettres et de pièces de théâtre. Elle composa également quelques morceaux de musique. La Lettre de Zuylen et du Pontet est une publication bilingue (néerlandais et français). Le 22e numéro comprend entre autres un article sur la ‘Belle épistolière’. On y évalue l'influence sur Isabelle de Charrière de la célèbre épistolière que fut Mme de Sévigny (1626-1696). Dans ‘Les opéras d'Isabelle de Charrière’, on signale une lacune de la recherche scientifique. L'oeuvre musicale d'Isabelle de Charrière n'a pas encore été suffisamment étudiée. L'article ‘Mme de Charrière et Molière’ étudie ce que le théâtre d'Isabelle de Charrière doit à Molière. Récemment encore, la Lettre de Zuylen et du Pontet était une publication commune des Associations Isabelle de Charrière des Pays-Bas (Gerecht 9, NL-2311 TC Leiden) et de Suisse (place Numa-Droz 3, CH-2000 Neuchâtel). En 1996, on a également fondé une association soeur française du même nom (Le Clos des Tilleuls, 50, avenue des deux Routes, F-84000 Avignon), mentionnée cette fois comme coéditrice. Voir Septentrion, XIX, no 4, 1990, pp. 3-7.
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Le 25 septembre 1997 a été inaugurée, en présence de centaines d'invités, la Villa Mont-Noir, Centre départemental de résidence d'écrivains européens. Cet édifice bellement restauré et son magnifique jardin se situent au Mont-Noir, juste au sud de la frontière franco-belge. L'endroit doit sa célébrité au fait que Marguerite Yourcenar y a passé les dix premiers étés de sa vie. Le Centre départemental de résidence d'écrivains européens est une initiative du Conseil général du Nord. Il offre à tous les hommes de lettres des divers pays européens la possibilité d'y mettre, en toute quiétude, la dernière main à un manuscrit. Les écrivains peuvent, à tour de rôle, résider de un à trois mois à la Villa Mont-Noir. Par ailleurs, ils pourront
G. de Spinny, portrait d'Isabelle de Charrière, toile, 40 × 32, 1759.
faire découvrir leur oeuvre au public, en priorité scolaire ou universitaire. Les dix écrivains choisis pour la période 1997-98 sont originaires du Danemark (Nina Malinovski), de Finlande (Helena Sinervo), de Hongrie (Peter Lengyel), de Russie (Ludmila Oulitskaja), de la partie francophone de la Belgique (Jean-Claude Pirotte) et de France (Annie Saumont, Xavier Bazot, Dominique Noguez, Philippe de la Genardière et Philippe Braz). Il serait certainement profitable à
Marguerite Yourcenar enfant.
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la littérature de langue néerlandaise que dans l'avenir, un écrivain de Flandre ou des Pays-Bas puisse, lui aussi, travailler à la Villa Mont-Noir. Contact: Michèle Fade, attachée de presse au Conseil général du Nord, + 33 (0)3 20 63 52 40. La Villa Mont-Noir est dirigée par Guy Fontaine en compagnie de Léna Christensen. ◆ En 1997, le héros de bande dessinée Nero fête son cinquantième anniversaire. Nero est une création de l'artiste et journaliste Marc Sleen (pseudonyme de Marc Neels, o1922). Récemment encore, Sleen dessinait lui-même ses créations. Depuis quelques années, le dessin est réalisé par Dirk Stallaert, mais Sleen continue à livrer le récit lui-même Nero serait la bande dessinée pour journal la plus longue de l'histoire. Quand il paraissait dans le journal Het Volk (Le peuple), le héros flamand présentait d'indéniables traits populaires. Dans
Nero prend les allures d'un plongeur chevronné. Extrait de ‘De hoed van Geeraard de Duivel’ (Le chapeau de Gérard le Diable), Drukkerij Het Volk, Gand.
les années 60, il déménagea au Standaard, quotidien un peu plus ‘distingué’. Nero devint un homme de qualité. Etre un personnage de bande dessinée, c'est la raison d'être de Nero. Sur la plaque de cuivre près de sa porte, on peut lire ‘personnage de journal’. En dépit de continuels soucis d'argent, son train de vie est tapageur et c'est un débrouillard né. Pourtant Nero n'a pas un mauvais fond. Au contraire, c'est un homme pacifique, doté d'un solide sens de la justice. Il n'a pas besoin d'être exceptionnellement costaud, intelligent et brave. Son entourage dispose d'atouts suffisants. Il y a son surdoué de fils Adhemar et le détective Van Zwam, l'armoire à glace Jan Spier, l'hystérique capitaine de pirates Abraham Tuizentfloot et, bien sûr, aussi le riche et francophile Monsieur Pheip. ◆ Du 2 octobre au 30 novembre 1997, l'Institut Néerlandais de Paris hébergeait l'exposition ‘Rembrandt et son École’, laquelle ne présentait pas de peintures mais un choix de cent dessins de Rembrandt (1606-1669) et de ses principaux élèves: Jan Lievens, Ferdinand Bol, Gerard van Eeckhout, Nicolaes Maes et Lambert Doomer.
Rembrandt, ‘Études d'une femme portant un enfant’, vers 1639.
On y trouvait notamment des paysages, des scènes d'intérieur, des sujets bibliques et des scènes intimistes. Toutes les oeuvres provenaient de la collection d'art de Frits Lugt (1884-1970), le fondateur de l'Institut Néerlandais. A l'occasion | |
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de cette exposition, parut non seulement un catalogue détaillé mais aussi la biographie de Rembrandt que Frits Lugt écrivit à l'âge de quinze ans. Adresse: Institut Néerlandais, 121, rue de Lille, F-75007 Paris. ◆ Le 9 novembre 1997, on a inauguré dans le seizième arrondissement de Paris, l'allée Jan Doornik, une calme venelle voisine du boulevard Flandrin. La courte cérémonie fut rehaussée par les présences, outre du maire Jean Tiberi, de l'ambassadeur néerlandais Wijnaendts et du général en retraite Jean Simon Le héros de la Résistance Jan Doornik fut fusillé le 29 août 1941 en compagnie du résistant français d'Estiennes d'Orves. Doornik était né en France, mais, après l'invasion allemande, il était allé présenter ses services à la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Depuis Londres, il accomplit diverses missions secrètes en France occupée. En septembre 1940, il fonda le réseau secret ‘Nemrod’ dont la direction serait reprise par d'Estiennes d'Orves. Peu après, tout le réseau fut trahi et arrêté. Après la guerre, le général de Gaulle nomma d'Estiennes d'Orves et Doornik à titre posthume ‘Compagnon de la Libération’, la principale décoration française pour faits de résistance. ◆ Fin 1997, l'Association des Néerlandistes de Belgique Francophone (ANBF) organise un cycle de conférences, respectivement aux universités de Liège, Louvain-la-Neuve et Namur. Les conférences sont chaque fois suivies par des étudiants de ces trois universités. Le jour de la conférence, les étudiants des ‘universités en visite’ font le tour des groupes de Néerlandais de l'université qui les accueille. Le 6 novembre 1997, à Liège, l'historien de la littérature et poète Wiel Kusters, traita du modernisme dans la poésie. Le 27 novembre 1997, à Louvain-la-Neuve, Marc Reynebeau aborda l'oeuvre du poète expressionniste flamand Paul van Ostaijen (1896-1928). Le 11 décembre 1997, ce fut le tour de Namur. Le professeur Wiljan van den Akker, de l'université d'Utrecht, y traita de l'oeuvre de Martinus Nijhoff (1896-1953), le plus important poète expressionniste néerlandais. Adresse du secrétariat de l'ANBF: Université de Liège, section de néerlandais, place Cockerill 3, B-4000 Liège. ◆ Jusqu'au 18 janvier 1998, le Musée Plantin-Moretus d'Anvers organise une exposition consacrée à la vie et à l'oeuvre de l'humaniste flamand Juste Lipse (1547-1606). Outre une part importante de la correspondance de Lipse, on y expose également des ouvrages imprimés, des éditions annotées par Juste Lipse et des préparations rédigées à la main. Juste Lipse enseigna entre autres à Ié na, Leyde et Louvain. Il s'intéressait surtout à l'histoire de la culture romaine, à la philologie latine (son édition critique de Tacite fit date) et à la philosophie stoïcienne. Lipse était très lié avec
Gravure parue dans Juste Lipse, ‘Saturnalium sermonum libri duo’, Jan I Moretus, Anvers, 1604.
l'imprimeur-éditeur anversois d'origine française Christophe Plantin (1520-1589) et avec ses successeurs Jan I Moretus (1543-1610) et Jan II Moretus (1576-1618). Les ouvrages de Lipse réalisés par ces éditeurs célèbres frappaient par leur belle présentation et leur raffinement. Adresse: Vrijdagmarkt 22-23, B-2000 Antwerpen. Hans Vanacker |
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