Le Nieuw Belgisch Kamerorkest: une formation d'avenir
Ce que l'on appelle aujour-d'hui ‘orchestre de chambre’ était jusque bien avant dans le
xixe siècle la formation la plus courante pour l'exécution de musique symphonique et d'opéras. Celui qui garde dans l'oreille le volume sonore et la brillante palette de l'orchestre Wagner, fort de plus de cent musiciens, au
Festspielhaus de Bayreuth, ouvre des yeux ronds quand il constate que Franz Liszt, à la première de
Lohengrin en 1850, ne disposait que de 40 instrumentistes. Dans la première moitié du
xixe siècle, il relevait plus de l'exception que
Le chef d'orchestre du Nieuw Belgisch Kamerorkest, Jan Caeyers (photo H. Selleslags, Anvers).
de la règle qu'un orchestre fût plus étoffé que celui que dirigeait Liszt à Weimar en 1850, bien qu'à cette époque aussi le nombre des musiciens différât en fonction de la nature de la composition, des circonstances et du lieu d'exécution.
Ces dernières années, on a de plus en plus tendance à présenter au public ce qu'on s'est partout accoutumé à appeler le répertoire ‘classique’ (Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert) avec un orchestre qui s'inspire des modèles de la fin du xviiie et du début du xixe siècle. Cette formation - 40 musiciens au plus, où l'on est surtout frappé par la réduction du groupe d'instruments à cordes - confère à l'orchestre une sonorité plus transparente, qui non seulement met mieux en valeur les lignes individuelles, mais permet en outre un grand raffinement dans l'harmonieuse accentuation des diverses combinaisons de tonalités des instruments à cordes et à vent.
Depuis quelques années la Flandre dispose d'un orchestre de chambre, qui réussit à concrétiser de manière toujours plus convaincante cet idéal: le Nieuw Belgisch Kamerorkest (Nouvel orchestre de chambre belge), fondé en 1985 par le jeune et dynamique chef Jan Caeyers (o1953), nommé la même année professeur du département musicologie de l'université catholique de Louvain après des études spécialisées de direction et d'interprétation de la musique d'orchestre et d'opéra des xviiie et xixe siècles à la Hochschule für Musik de Vienne (1981-84) et l'obtention d'un doctorat de musicologie à Louvain (1984). Jan Caeyers a tenu à choisir la ville universitaire comme port d'attache de son orchestre, lequel a su acquérir en quelques années une renommée amplement méritée, non seulement en Belgique - où du reste certains critiques musicaux se complaisent dans une mauvaise volonté et une incompréhension consciemment cultivées -, mais aussi à l'étranger (concert à Cologne et tournée en Espagne en 1987, tournée en France en 1988). Le coeur du répertoire est constitué par les ‘classiques’ déjà évoqués. Toutefois on présente également des oeuvres de la fin du xixe et des oeuvres modernes, dont la composition autorise une exécution par un orchestre de chambre (par exemple la Sérénade no 1 de Brahms, le Divertimento pour cordes de Bartok, les Danses concertantes de Stravinsky). On ajoute enfin au
programme des oeuvres de haute tenue de compositeurs belges contemporains, éventuellement créées pour la première fois (W. Westerlinck, A. Verbesselt).
Les concerts récents du Nieuw Belgisch Kamerorkest ont montré