Septentrion. Jaargang 17
(1988)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdHubert Lampo: La Madone de NedermunsterHubert Lampo, né à Anvers en 1920, journaliste, critique littéraire et essayiste prolixe, a cherché à conquérir son unité intérieure essentiellement à partir d'éléments de rêve et de réminiscences d'archétypes au long d'une oeuvre romanesque très populaire dite de réalisme magiqueGa naar eind(1). Quatre de ses nouvelles sont proposées au public de langue françaiseGa naar eind(2). Dans le monologue intérieur Don Juan et la dernière nymphe (1943), l'impénitent séducteur banni d'Espagne et envoyé par Philippe II comme capitaine des troupes d'occupation vers la Flandre rebelle, s'adonne à un examen de conscience. Dans ces contrées au climat triste, il se rend compte
Hubert Lampo (o1920).
qu'en réalité il a toujours aspiré à l'amour parfait, l'illusion, la conquête complète de la femme mythique. Dans un château où il prend ses quartiers, il rencontre une inconnue ‘comme s'il l'avait toujours aimée d'un amour à la fois ancien et neuf, un amour qui avait dû franchir inconsciemment les siècles et les mondes dans une boucle rédemptrice’. Dressant le bilan des vanités de sa vie, il se donne la mort pour que meure en lui la vieille soif et qu'il puisse accéder à la vérité d'une éternité nouvelle... Dans ce premier texte, Lampo a réuni déjà les éléments qui ressurgiront et ne cesseront de s'amplifier dans son oeuvre considérable: atmosphère, vie intérieure intense, souvenir, amour imparfait, érotisme, femme idéalisée. Réverbère sous la pluie (1945) raconte l'histoire d'un employé licencié qui n'ose pas rentrer chez lui pour ne pas confronter sa femme malade à la mauvaise nouvelle, et qui, dans un châtelet abandonné, vit une rencontre magique avec le sosie idéalisé de son épouse, qu'il trouve morte à la maison lorsqu'il rejoint à nouveau la réalité de tous les jours. Dans Les amants de Falun (1946), un journaliste en reportage en Suède y vit un grand amour. La guerre sépare les amants. Libéré des camps, le narrateur apprend que la femme aimée est morte dans le maquis norvégien. Elle devient à ses yeux la réincarnation de la jeune fille de la légende des amants de Falun qu'elle lui avait racontée. La Madone de Nedermunster (1963) est un tableau qu'un conservateur de musée doit chercher pour une exposition. Celui-ci, après le dîner chez le doyen de la ville, assiste en spectateur à une fête folklorique de la mi-carême mettant en scène un procès de sorcellerie. Egaré pendant la nuit, il rencontre, ou plutôt reconnaît dans la jeune hôtelière du Pèlerin de Galicie la mystérieuse beauté éternelle. Confronté à la Madone après la nuit d'amour, il retrouve les traits de l'inconnue, qui avait été prostituée, maîtresse du peintre, et avait été brûlée comme sorcière quatre siècles plus tôt. ‘Ce sont là’, selon le préfacier Guy Vaes, ‘quatre portes ouvertes sur les fantasmes du nord, sur un espace entre chien et loup où se disloque le temps, où se dédoublent les personnages - et, bien entendu, sur le germe d'immortalité que recèle toute passion...’ ‘Ces quatre textes nous livrent les prémices d'un royaume à explorer.’ Willy Devos |
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