Septentrion. Jaargang 16
(1987)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdHugues C. Pernath 1931-1975Venu tôt à la littérature en autodidacte, Hugues C. Pernath - pseudonyme de Hugo Wouters, né à Borgerhout (Anvers) le 15 août 1931 - masque son spleen derrière une attitude de dandy, d'aristocrate rentrée. En 1955, il participe au mouvement de la revue expérimentaliste Gard Sivik, qui prône l'autonomie absolue de la poésie. A partir de 1958, il publie régulièrement des cycles de poèmes, regroupés ensuite dans des recueils. Instrumentarium voor een winter (Instruments pour un hiver, 1963) présente une poésie très hermétique et resserrée. Le désir et le refus de communication se traduisent par un effet de distanciation sur le plan de la sémantique et par la désarticulation de la syntaxe. L'interaction de celleci et des métaphores confère des significations et dimensions nouvelles aux mots de tous les jours et opère une unité magique entre notions et attitudes antagonistes. D'emblée, cette poésie exprime une exploration des profondeurs secrètes d'un être déchiré, un sentiment tragique de l'existence dans un jeu d'ambivalences, et fixe les thèmes de Pernath: amitié, amour, trahison, violence, exaspération, dépérissement, incommunicabilité, masochisme, doute, solitude, implacabilité.
Hugues C. Pernath (1931-1975) (Photo A.M.V.C.).
Dans Mijn gegeven woord (Ma parole donnée, 1966) et Mijn tegenstem (Mon contrechant, 1973), le désir de contact et de dialogue aboutit graduellement à une poésie plus ouverte, qui conserve néanmoins tout son pouvoir incantatoire. Le poète introduit manifestement une structure toujours plus élaborée et hautement fonctionnelle. Laissant le poème se développer en métaphore autonome et totale, il cherche à surmonter le chaos, à ordonner le labyrinthe d'une image du monde désagrégée. Dans une forme artistique de plus en plus accomplie, il maîtrise complètement son art et parvient à une philosophie cohérente faisant contrepoids à l'angoisse, au doute, au pessimisme congénital et à l'agnosticisme. Sa mission semblant remplie, les dieux du Parnasse ont rappelé Pernath parmi eux le 4 juin 1975, à l'issue d'une réunion du groupe des Pink Poets anversois qu'il venait de présider. Les Nagelaten gedichten (Poèmes posthumes, 1976) confirment l'égo lyrique inaliénable de Pernath, le climat unique de sa poésie de plus en plus intériorisée, qui fait de lui le grand poète classique et éminemment authentique de la poésie flamande moderneGa naar eind(1). Un choix de poèmes, Comme un personnage perduGa naar eind(2), où figurent quelques cycles dans leur intégralité, permet au lecteur de langue française de faire plus ample connaissance avec ce poète complexe, et certes extrêmement difficile à traduire, ce qui rend plus méritoire encore le défi de cette publication. Willy Devos |
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