Septentrion. Jaargang 3
(1974)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdDiscours de Sadi de Gorter, ministre plénipotentiaire, directeur de l'Institut Néerlandais, lors de la séance inaugurale du 7 mai 1974 à l'amphithéâtre de Lille III.Parlant, en ce lieu, de la langue néerlandaise, comment ne pas évoquer l'ombre du grand classique néerlandais Joost van den Vondel dont on célébrera dans une dizaine d'années le quatre centième anniversaire de la naissance. J'aimerais me taire pour lui donner la parole ou, mieux encore, vous faire entendre la voix de ses innombrables héros épiques empruntés à la Bible, aux Evangiles, à l'Histoire, à l'Actualité. Je me souviens qu'un même sentiment animait le poète lorsque, en 1638, il exhortait Rembrandt dans une épigramme sur un portrait d'Anslo à ‘peindre la voix’ du célèbre pasteur, car, écrivait-il, ‘qui veut voir Anslo doit l'entendre’.
Dans l'un de ses drames les plus connus, ‘Joseph à Dothan’, Vondel met en scène son personnage, jeté dans un puits tari, avant qu'il ne soit vendu par ses frères, et lui fait s'exclamer du fond de sa triste prison:
Ces profondeurs, le soleil les redoute,
J'entends le vent, mais qui m'entend gémir?
Le puits répète mes soupirs, mes plaintes,
En renvoyant le dernier mot d'en bas.
Les pierres parlent de douleurs atteintes:
Je crie: hélas! l'écho répète: hélas!
Si je lui dis merci, quand charitable
Il me console, il me répond merci.
Si je me tais, le puits se tait aussiGa naar eind(1).
Pendant de trop nombreuses années, la langue néerlandaise s'est tue. Véhicule d'expression de millions d'individus, elle s'est tue au-delà de ses frontières naturelles pour faire parler les peintres de la Flandre et des Pays-Bas de la civilisation néerlandaise. En somme, comme le demandait Vondel à Rembrandt, les bas pays de l'occident européen ont parlé le langage de leurs artistes, peignant leur voix, annotant leur langage, dialoguant avec eux, comme si la chair était le verbe. Paul Claudel ne s'y est pas trompé en réunissant ses merveilleux écrits sur la peinture hollandaise sous le titre évocateur de ‘L'oeil écoute’.
Et pourtant la langue néerlandaise, née dans les Flandres et adoptée par la Hollande, a été - comme la langue française - un instrument analytique de grande efficacité; dès le treizième siècle s'esquissait une vie littéraire autonome, dont on connaît fort peu de choses en dehors de ses frontières linguistiques. Or, les peuples des anciens Pays-Bas ont forgé leur caractère moral en s'inspirant des récits mystiques écrits dans leur langue à l'aube du moyen-âge. Que ces rudes peuplades de la plaine aient développé leur propre langue pour s'exprimer, pour réagir, pour mieux s'identifier à l'instant même où l'Eglise et l'Etat s'exprimaient en latin, prouve que le parler du terroir déploie des qualités descriptives d'exactitude et de reconnaissance sur lesquelles se fonde la culture d'un peuple. La valeur poétique rédactionnelle de la langue est contestée au siècle dernier de manière bouffonne par ce personnage légendaire de | |
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Multatuli, le tristement célèbre courtier de café, pour qui des vers comme:
le vent demeure, il est quatre heures
n'ont un sens que s'il y a réellement du vent à quatre heures précises.
Eh bien! il semble que le vent ait soufflé dans la bonne direction à l'heure exacte où les anciens Pays-Bas affrontèrent la difficile étape de leur alphabétisation. Ils se prémunirent ainsi, du Nord au Sud, malgré leur dispersion politique, contre le flux sans cesse renouvelé d'autres langues et d'autres cultures.
Aujourd'hui, en ces temps où l'Europe aspire à l'unité, les langues nationales sont ou devraient être non pas un obstacle à l'union, mais le garant d'un approfondissement de nos valeurs intellectuelles réciproques, le garant de la liberté des hommes, de l'esprit de tolérance, et, paradoxalement peut-être, le garant de la circulation des idées.
Aussi est-il symptomatique qu'au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la Belgique et les Pays-Bas aient conclu entre eux leur premier accord culturel et un deuxième chacun pour son compte, avec la France. Dès 1946, les trois pays avaient ainsi solennellement concrétisé - tout en relevant leurs ruines - ce facteur essentiel de développement que représente la connaissance et la reconnaissance des rapports humains dans le domaine mal défini mais omniprésent de la culture.
Reprenant à leur crédit un grand nombre d'échanges traditionnels entre nos pays, les accords culturels consolidèrent ces courants, insérant dans la politique gouvernementale des opérations concertées pour le plus grand bénéfice des jeunes, des artistes, des scientifiques. Malgré le manque apparent de fantaisie des organes administratifs, il fut possible de réaliser nombre de manifestations artistiques communes, de favoriser les échanges de professeurs, de décerner des bourses d'étude et de perfectionnement, de mettre sur pied des semaines universitaires, d'intéresser des catégories professionnelles nouvelles, en adaptant leur désir de développement aux formes si utiles de la confrontation, de libérer des contraintes douanières la circulation des manuels scolaires, du matériel pédagogique, des films éducatifs. Rien ne vaut cependant l'initiative des particuliers, les contacts personnels, les visites de laboratoires, d'instituts et de bibliothèques. Loin de les contrarier, les accords culturels ont permis une ouverture plus large du réseau des relations universitaires et surtout extra-universitaires, notamment par l'encouragement des voyages d'orientation des responsables de mouvements de jeunesse et d'associations culturelles. Ouvriers, techniciens, agriculteurs, jeunes élus locaux, enseignants, instructeurs de l'enfance handicapée, moniteurs d'éducation physique, cinéastes, stagiaires de la presse, metteurs en scène, lauréats de conservatoires, experts d'éducation permanente en milieu scolaire et postscolaire, bibliothécaires, conservateurs de musées, architectes, urbanistes, assistantes sociales spécialistes d'hygiène publique, animateurs sociaux et culturels, directeurs de théâtre et de salles de spectacle, ont bénéficié comme les artistes et les scientifiques, des conditions modernes d'échanges que je nommerais pour simplifier: le tourisme balisé. Les rapports d'étude font état des résultats substantiels obtenus par ces voyages dont la civilisation de masse et des loisirs ne fait qu'accentuer l'indispensable nécessité.
L'accord culturel entre la France et les Pays-Bas introduit un élément qui s'est révélé utile: celui de l'activité dans les pays signataires d'instituts culturels. Celui que je dirige à Paris - et qui me vaut l'honneur de pouvoir m'adresser à vous en ce jour de célébration du 25e anniversaire de l'enseignement du néerlandais à l'université de Lille - a voulu témoigner de la diversité de l'apport néerlandais dans les domaines les plus variés de l'intelligence et de la sensibilité. Nulle propagande ne s'inscrit à son actif: il entend bien au contraire témoigner du commerce de l'esprit et du coeur, favoriser les échanges d'idées, faire découvrir par le biais de la complémentarité, les facettes parfois inconnues, quelque fois incomprises, de la pensée et de l'action néerlandaises.
Il n'est pas de mon intention de m'étendre sur ce sujet car je suis trop étroitement associé aux activités de l'Institut Néerlandais. J'aimerais dire simplement qu'en menant cette action d'animation culturelle à longueur d'année, je discerne combien la population française (que l'on dit parfois renfermée sur elle-même) éprouve le besoin d'un constant dialogue et fait preuve d'une connaissance quasi encyclopédique des problèmes étrangers à son propre environnement. C'est là assurément une faculté exceptionnelle de promotion humaine, dont l'Europe de demain continuera à tirer le plus grand profit.
Les accords culturels signés entre la France et ses voisins du Nord comportent bien entendu des | |
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références à nos langues nationales. C'est à la faveur de cet acte diplomatique qu'ont été créés les enseignements du néerlandais dans le cadre de l'Université. Celui qui est donné à Lille émane de l'accord franco-belge. Je n'en parlerai pas, non pas à cause de cette particularité, mais parce que le professeur Walter Thys vous en entretiendra avec autorité et talent. Je me bornerai pour ma part à esquisser la situation dans d'autres universités françaises. Et tout d'abord celle de Paris. L'étude de la langue néerlandaise y a été introduite en même temps qu'à Lille et à Strasbourg. En 1952, l'éminent professeur Pierre Brachin y a inauguré la chaire de langue, de littérature et de civilisation néerlandaises. Depuis cette date, il a formé des centaines d'étudiants français dans sa discipline. La réforme de l'enseignement supérieur a scindé la prestigieuse Sorbonne en des établissements numérotés en chiffres romains. Le néerlandais est ainsi enseigné à Paris III, IV, X et XII, autrement dit à Paris même, à Nanterre, à Asnières et à Créteil. L'étranger que je suis s'y perd un peu, mais pas les étudiants qui, rien qu'à Paris-Sorbonne, sont au nombre de quatre-vingts et au nombre de quarante à Paris X. La Sorbonne-Nouvelle et Créteil connaissent également un fort contingent de jeunes néerlandicistes. Il en est de même à Strasbourg, Metz, Besançon et Grenoble. En juillet 1972, le professeur Brachin évaluait leur nombre entre sept cents et huit cents pour l'ensemble du pays. Outre l'Université, certaines grandes écoles forment des étudiants de néerlandais. C'est le cas de l'E.N.A. depuis quelques années. Certes, le nombre d'élèves suivant les cours de néerlandais de l'Ecole Nationale d'Administration n'est pas élevé, mais le fait que cet enseignement y existe mérite d'être souligné. Le néerlandais fait également partie des disciplines inscrites au programme de l'Ecole d'interprètes et de traducteurs de Paris III et de l'Ecole des Douanes créée et gérée par le Ministère des Finances. Enfin, les Universités de Villetaneuse et de Tours ont manifesté leur intention d'introduire un enseignement du néerlandais. Par un décret du Ministre de l'Education Nationale, en date du 5 mai 1971, l'admission du néerlandais au CAPES d'anglais ou d'allemand a été autorisée.
Lors de trois réunions tenues en 1971, 1972 et 1973, les enseignants de néerlandais en France ont fait état du caractère satisfaisant des études, des dispositions favorables des étudiants qui paraissent trouver dans la langue étrangère dont il s'agit des possibilités d'ouverture non négligéables vers des situations professionnelles jusqu'alors peu accessibles aux ressortissants français. Sans doute, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. La situation des lecteurs, sur le terrain des conditions de vie, est assez précaire. Le gouvernement des Pays-Bas intervient par des apports de salaire, tandis que la Belgique et les Pays-Bas fournissent des subventions pour la mise à jour des bibliothèques universitaires. Quoi qu'il en soit, la connaissance du néerlandais qui restera sans doute assez limitée en France, y repose désormais sur des bases scientifiques évidentes et il n'est pas besoin d'être grand clerc pour comprendre l'utilité de l'enseignement de cette deuxième langue germanique vivante.
En ce qui concerne l'enseignement secondaire, un arrêté ministériel du 19 septembre 1970 a admis le néerlandais aux épreuves du baccalauréat. Les lycées Stéphane-Mallarmé et Paul-Bert de Paris, où l'enseignement facultatif du néerlandais était assuré depuis un certain nombre d'années en ont été aussitôt les bénéficiaires, d'autant plus que le Ministère de l'Education Nationale a autorisé les élèves qui s'intéressent au néerlandais à suivre l'enseignement dans ces lycées parisiens sans leur imposer les normes de la répartition géographique comme il est de rigueur pour la jeunesse scolaire qui n'a que la possibilité de s'inscrire dans les lycées proches de leur domicile. Déjà un professeur certifié enseigne à Stéphane Mallarmé. Il ne fait pas de doute qu'il s'agisse là d'un commencement. En province où l'enseignement du néerlandais comme langue à option a été admis - pour l'instant dans les académies de Lille, Strasbourg et Bordeaux - je ne crois pas que le pli soit déjà pris. A ma connaissance, seul un lycée d'Alsace a inscrit le néerlandais à son programme. Dans le Nord, cet enseignement fait encore défaut, en dépit de quelques tentatives prometteuses. Ailleurs, des essais ont échoué, faute de maîtres. A cet égard, je signalerai que le lycée international de Saint-Germain-en-Laye, qui comporte une importante section de néerlandais, pourrait, à titre provisoire et pour un enseignement facultatif, fournir des élèves-maîtres de formation française.
D'autre part, de futur enseignants peuvent bénéficier aux Pays-Bas et en Belgique d'une bourse annuelle de perfectionnement. De même, les bourses d'été de Nimègue ou de Breukelen et celles | |
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de Gand sont à la disposition des jeunes universitaires et l'expérience prouve qu'ils en retirent un grand profit. Il est d'ailleurs symptomatique que ces cours d'été de langue néerlandaise ne sont plus seulement fréquentés par des étudiants linguistes. Depuis plusieurs années s'y inscrivent aussi des étudiants d'autres disciplines, souvent scientifiques, qui semblent avoir le souci de rechercher une ouverture sur d'autres sources d'approvisionnement intellectuel.
Dans cet ordre d'idées, il n'est pas sans intérêt de faire mention de la fondation par des collaborateurs du Haut Comité de la langue française d'associations pour la promotion en France des langues vivantes dont une association pour la promotion du néerlandais.
J'en arrive à la conclusion de mon allocution en posant une question. Pourquoi le néerlandais?
Les réponses se bousculent dans mon esprit. J'y ai mis un peu d'ordre pour vous les commenter.
Il y a d'abord, et le Hollandais que je suis ne peut pas le passer sous silence, la langue ellemême. Il s'agit d'une langue d'analyse, ai-je dit en commençant. Elle est belle, haute en couleurs, elle fait partie du patrimoine de peuples qui jouent un rôle - et il n'est pas mince! - dans le concert des nations. Elle a à son actif quelques-uns des plus beaux vers de la poésie européenne. Le lyrisme de Gorter, Leopold, Boutens, Roland Holst, Nijhoff dans le Nord, de Guido Gezelle, Van de Woestijne, Van Nijlen, Van Ostaijen, Jonckheere dans le Sud, la maîtrise de leur verbe, la chaleur ou la grâce de leur inspiration méritent une pénétration en profondeur dans les rouages sémantiques de cet idiome dont les particularismes sont passionnants.
Ce n'est pourtant pas la seule raison de la présence de la langue néerlandaise dans le monde. Bien que moyennement répandue, le néerlandais est enseigné dans 143 universités étrangères, par un personnel éducatif qui totalise près de trois cents maîtres. J'emprunte ces chiffres à l'annuaire de l'Association internationale de néerlandistique (Internationale Vereniging voor Neerlandistiek) dont le siège est à La Haye. Un simple regard permet d'établir que des universités de Sofia à Berlin, d'Helsinki à Londres, de Milan à Varsovie, de Zurich à Leningrad enseignent la langue et la littérature néerlandaises. Au total, quatrevingt-quatre universités d'Europe fournissent cet enseignement. Dans le reste du monde, une soixantaine d'universités, réparties à travers les continents, assument le même enseignement, traduisant la valeur de cet outil de précision et de gestion intellectuelle.
Mais après avoir payé mon tribut à la langue, j'en viens à ses avantages pratiques pour un jeune Français.
Le monde est ainsi fait que l'utilité des études prime de nos jours le mûrissement intellectuel et sensitif. On songe à son destin, à la pragmatique satisfaction de besoins matériels. On calcule, statistiques à l'appui, que la somme globale des échanges commerciaux entre les Pays-Bas et la Belgique d'une part, la France de l'autre, représentent plusieurs dizaines de milliards de francs par an. Les implantations industrielles néerlandaises en France sont nombreuses et leur chiffre d'affaires hors taxes représente plus de dix milliards de francs. Aux Pays-Bas, les filiales industrielles françaises, les participations, les entreprises communes ne sont pas à dédaigner. Il en va de même de part et d'autre en ce qui concerne la Belgique. Des dizaines de milliers de personnes sont au travail dans ce réseau dense de réalisations économiques. La maîtrise de la langue néerlandaise a été, par le passé, un atout pour les Néerlandais et les Flamands. Dans ce processus de production, de distribution, de commercialisation, d'échanges, de jeunes Français doivent pouvoir s'intégrer. Toutes les occupations annexes réclament des auxiliaires bilingues. Je pense aux travaux de publicité, de documentation, de prospection, je pense à l'étude des marchés, à l'interprétation des conceptions commerciales. Je pense aussi aux aspects juridiques, à l'analyse des contrats, aux descriptions et à la rédaction des modes d'emploi. Je pense également à la vie bancaire, aux assurances, aux moyens de transport.
Je pense aux formalités de douane, aux questions de contentieux, à l'étude des méthodes de gestion. Je pense enfin aux activités scientifiques, aux travaux de laboratoire, aux rapports des instituts de recherche et de spécialisation. Sans abandonner le secteur économique, j'insisterai sur l'écoute de la radio et de la télévision, sur la lecture de la presse technique et des revues spécialisées, sur l'information en matière de brevets et sur la spécificité des opérations boursières, l'étude des bilans et des rapports d'activité, la compréhension des publications officielles. Il ne fait guère de doute que la diversification des connaissances linguistiques ouvre de plus larges horizons aux jeu- | |
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nes qui cherchent à se placer en bonne position lorsqu'il leur faudra choisir une carrière.
Sur le terrain culturel, les possibilités sont grandes aussi. Les bons traducteurs de livres sont rares. L'adaptation de pièces de théâtre, de programmes de télévision, la transcription d'oeuvres radiophoniques, le décryptage (car c'est ainsi qu'il faudrait parler aujourd'hui) de textes littéraires ou de catalogues d'exposition réclament la présence de personnel dont la langue maternelle n'est pas le néerlandais. Dans le domaine administratif, au niveau des pouvoirs publics, la connaissance d'autres langues que l'anglais par exemple n'est pas à négliger. Quant aux organisations internationales à l'échelle de l'Europe, la connaissance du néerlandais chez de jeunes Français est aussi utile et profitable que le phénomène inverse. Plus l'éventail des connaissances linguistiques sera ouvert, plus l'Europe de demain s'inspirera des valeurs conjuguées d'entités ethniques différentes.
Je voudrais terminer en rappelant que dans le stade actuel de l'étude du néerlandais en France il faut, au cours de la décennie à venir, former le personnel enseignant tant pour le secondaire que pour le supérieur. C'est la condition sine qua non d'un bon départ. Certes, le néerlandais restera une langue marginale - même pour les besoins accrus du tourisme des grandes masses ou pour la libre circulation des individus - mais elle a, à mon humble conviction, et j'espère vous en avoir donné conscience, un rôle à jouer dans cette partie du monde. De plus, elle est la langue de vingt millions d'habitants à vos frontières, la langue de partenaires de la France unis pour une oeuvre de solidarité humaine et pour la défense de valeurs et d'intérêts communs.
Permettez-moi de terminer en citant une strophe d'un admirable poète flamand du quinzième siècle, Anthonis de Roovere, excellemment adapté en français par Liliane Wouters. Ces vers incisifs et élégants forment, à travers les siècles, l'heureuse conclusion - le happy end - de mon propos:
Vous, gens de métier qui, par grande peine,
oeuvrez, avec les notables aussi, lorsque chacun,
dans son propre domaine travaille dur, oui sans crier merci,
que la vertu vous suive, et le bien-être.
Songez: Dieu paiera double peut-être,
la grâce dont chacun rêve toujours:
du pain, de la panade, en vos vieux jours.
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