que le conservateur du Musée de Lille, M. Oursel, présentait les toiles des maîtres flamands exposées dans ses galeries.
Sous la direction éminente de Fritz Hoyois, les douze chanteurs bruxellois exécutèrent la célèbre Déploration de Jehan Ockeghem de Josquin des Près, le Salve Regina à douze voix de C. Goudimel, et les oeuvres enjouées d'Henri Isaac (Innsbrück, ich muss dich lassen) et de Clément Jannequin (Ouvrez-moi l'huys, ma mye).
A cette époque de la grande polyphonie néerlandaise, la peinture flamande exhulte, elle aussi, dans toute sa luxuriance. Jérôme Bosch, et surtout Pierre Breughel, dont le Musée de Lille possède quelques tableaux, délaissent volontiers les thêmes bibliques. Quelques fois, la vie du Christ sert encore de prétexte (Le dénombrement de Bethléem) mais elle passe toujours au second plan, derrière les scènes truculentes, réalistes; ou drôles (Le Concert dans l'oeuf) de la vie quotidienne du peuple.
Comme le souligna le chef d'orchestre, Fritz Hoyois, cette soirée mit en évidence la richesse du patrimoine artistique commun à toutes les régions des Pays-Bas. Elle fit aussi mentir le dicton ‘Frisia non cantat’, pour le plus grand plaisir des oreilles d'un bel auditoire.
‘Le Cocu magnifique.’
Ereinté par les critiques parisiens Pierre Brisson, le directeur du quotidien ‘Le Figaro’, et François Mauriac, sans doute choqués dans leurs sensibilités, ‘le Cocu Magnifique’ de Fernand Crommelynck, très souvent joué dans les années 1920, enthousiasma cette fois les spectateurs lillois, dans sa mise en scène de Cyril Robichez.
Le décor audacieux de Jean Mourier et de Guy Verpoest permettait d'accomplir au milieu d'un public abondant, qui applaudissait allègrement.
Dans une atmosphère facétieuse, voire débridée, de kermesse flamande, la comédienne Dominique Arden interpréta avec tact le rôle difficile de Stella, épouse en bute à la jalousie maladive de son mari Bruno.
Excellent choix que cette pièce d'un auteur flamand d'expression française, d'autant que l'Hospice Comtesse avec sa belle architecture flamande lui servit de cadre.
De la sorte, ‘Le Cocu magnifique’ clôtura joyeusement ce festival des Nuits de Flandre, en prouvant amplement la forte résonnance de la culture régionale à Lille-en-Flandre.
Eric Sanders, Lille