onnement d'une cathédrale? A ces exemples volontairement agrandis, on peut joindre la peinture de Leunens.’
Tout ceci, bien entendu, je l'ai appris peu à peu, lorsque Guillaume Leunens m'eut honorée de son amitié.
Arrivé à Paris en 1957, en pleine période de transition, il peint des tableaux abstraits tout en grisaille qui annoncent une autre période. Il devient ‘le peintre nocturne’ (Walravens) car ‘la lumière de la nuit ne fait que souligner et ressortir la couleur dans tout son mystère’.
Et soudain, l'artiste découvre qu'il peut maîtriser, comme la couleur, les métaux maniés dans sa jeunesse, les obliger à concrétiser l'esprit du temps, d'une époque jamais vécue par l'homme. Naissent alors les monotypes ainsi appelés par la Conservatrice du Cabinet des Estampes à Bruxelles.
Sur papier, sur métal, l'aluminium en fusion trace, dans la nuit des espaces interstellaires, des voies et des formes inconnues. Leunens, visionnaire, ne reproduit rien de ce qu'il a vu. Mais fascinés, il nous est loisible, d'imaginer ce qui apparaîtra un jour dans l'infiniment grand et l'infiniment petit.
Personnage hors série, Guillaume Leunens, toujours à l'avant-garde, réserve encore des surprises. Poussé par le démon de créer, il a été amené à la sculpture par ses tableaux sur métal. Et il pourrait faire de grandes choses en collaboration avec un architecte.
Que dire encore de lui? Nous devons nous limiter, hélas! Il a fait à Bruxelles, Paris, Amsterdam etc. de nombreuses expositions personnelles et participé à des expositions de groupes à Tunis, Venise, Rome, Vienne, Stockholm, Montréal... En 1969, il fut invité par les groupes E.A.T. (Experiments in art and technology) fondés par Billy Klüver et Rausenbergh, à participer à une exposition au Brooklyn Museum et au Musée Moderne de New York. La même année, il fut invité par le gouvernement français à figurer au Pavillon français, à l'Exposition internationale de Montréal.
Il a fait, à travers l'Europe, plusieurs voyages d'études, et reçut une bourse de l'Etat belge en 1958 et 1962.
Fixé à Montparnasse où tant de peintres ont pris leur essor, Guillaume Leunens est loin de renier son pays. Trois expositions de ses oeuvres auront lieu à partir du 4
Message par G. Leunens.
décembre, à Ostende, Courtrai, Anvers.
Si l'Etat belge, certains ministères et musées de Bruxelles ont acheté des Leunens, si ses oeuvres se trouvent dans des collections particulières aux U.S.A., en Israël, au Canada et tant d'autres pays, la Belgique ne lui a pas encore donnée toute l'attention qu'il mérite. Malgré les déceptions - ne sommes-nous pas plus touchés par l'incompréhension des nôtres! - Leunens va de l'avant, dans l'enthousiasme et dans le désespoir, artiste dans l'âme, réplique au point de vue physique comme par certains traits de caractère, de Vincent Van Gogh. Car, vous l'ai-je dit?, c'est l'image de Van Gogh que me rappelait Guillaume Leunens dans le train où nous fîmes connaissance.
Les vrais artistes sont-ils destinés à oeuvrer dans l'indífférence, simplement parce qu'ils ‘dépassent’ ou qu'ils sont hors du temps? C'est un lieu commun de répéter que nul n'est prophète en son pays. Qu'il serait donc original et intelligent de faire mentir les proverbes!
Adèle Durieux, Bruxelles