Ons Erfdeel. Jaargang 14

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lille, université régionale?

eric sanders

Geboren 1949 te Berlaimont (Noord-Frankrijk). Licentiaat in de moderne letteren. Studeert momenteel voor het behalen van het licentiaat kunstgeschiedenis en archeologie en het diploma van hogere studies in de geschiedenis van de godsdiensten. Werkt mee aan het Frans-Vlaamse tijdschrift La Nouvelle Flandre - Zuid Vlaams Heem, onder de hoofdredaktie van Dr. Jan Klaas en is hoofdredakteur van het studententijdschrift Le Courrier Lillois.

Adres: Le Courrier Lillois, B.P. 1080, Rijsel 59.
Privé: Impasse Scalbert 11, Rijsel 59.

L'Université de Lille accueillera 50.000 étudiants en octobre 1972. C'est ce qu'il ressort des prévisions de la Commission de l'Equipement scolaire du Vème plan. Cette année, les estimations officielles avancent le chiffre de 42.000 étudiants régulièrement inscrits depuis la rentrée, à l'Université de Lille. Cette évaluation comprend les effectifs des Facultés catholiques - et des écoles avoisinnantes - ainsi que les étudiants des trois centres universitaires nouvellement crées à Valenciennes, Béthune et Calais.

En fait il est devenu inexact de parler de ‘l'Université de Lille’ pour la bonne raison qu'elle n'existe plus.

Comme ses collègues de Rouen, de Strasbourg et des autres villes universitaires de France, elle est morte de l'adoption de la loi d'orientation de l'enseignement supérieur, le 7 novembre 1968, par les députés de l'Assemblée Nationale.

Naissances, décès, mariage, divorce.

Le 19 janvier 1562, Philippe II, roi d'Espagne et souverain des Pays-Bas signait à Madrid les lettres patentes de fondation de l'Université de Douai.

A partir de 1854, Douai se ‘décentralisa’ au profit de Lille, en y créant une Faculté des Sciences, dirigée par le grand savant Louis Pasteur, puis une Faculté de Médecine et de Pharmacie (1875) et par la suite, les Facultés de Droit et de Lettres (1887). L'Université de Lille était à peine centenaire lors d'un décès, bien explicable, compte-tenu des rudes secousses des ‘événements’ du mois de mai 1968.

Heureusement plusieurs naissances allaient succéder à cette mort: celles de quatre nouvelles universités.

La première, appelée ‘Université Lille I’ recouvre l'ensemble des diciplines scientifiques: mathématiques pures, informatique, automatique, électronique, physique, chimie, biologie, géologie, sciences économiques, géographie, et sciences naturelles.

La Faculté de Droit s'est trouvée contrainte au mariage avec la Faculté de Médecine et de Pharmacie à l'intérieur de ‘l'Université Lille II’: Après moins d'un an de vie commune, les juristes demandent le divorce!

La troisième université de Lille, ‘Université Lille III’, comprend toutes les disciplines littéraires proprement dites (philosophie, histoire, linguistique, littératures étrangères) auxquelles se joignent des enseignements de mathématiques statistiques, et de psychologie.

Les anciennes facultés catholiques et leurs écoles préparent égale-

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ment un regroupement au sein d'une quatrième université, qui sera peut-être baptisée ‘Theilard de Chardin’. A ces quatre grandes universités, viennent s'ajouter les centres universitaires de Valenciennes, Béthune et Calais. Le plus important d'entre eux, celui de Valenciennes, ne possèdait jusqu'à lors que des sections scientifiques. Désormais, il dispensera un enseignement d'anglais et de lettres modernes.

Collaboration Universités - Région Nord.

La région du Nord bénéficiera-t-elle de cette éclosion universitaire aux quatre coins de la métropole lilloise et des départements du Nord et du Pas-de-Calais? L'avenir, seul, pourrait répondre à une telle question, mais, d'ores et déjà, de nombreuses ‘Unités d'Enseignement et de Recherche’ (U.E.R. - appelation donnée aux différentes sections de facultés lors de la réforme de 1968) orientent leurs activités vers la Région du Nord. L'Université des Sciences coopére étroitement avec ‘l'Institut de biologie maritime et régionale’ installé à Wimereux (P. de C.); au mois de mai 1970, deux journées d'études y réunissaient, autour du doyen Defretin, plusieurs professeurs d'Université et diverses personnalités scientifiques régionales afin de prévoir la protection de la nature et de l'environnement régional.

Prochainement un ‘Centre de Recherches et des Enseignements du Textile’ verra le jour à Flers-lez-Lille, non loin du campus universitaire d'Annappes. Cette création, rendue possible par la jonction de six organismes privés ou publics, fournit un exemple particulièrement intéressant de collaboration entre l'Université et l'Industrie régionale. Monsieur Maurice Hannart, président du Comité Interprofessionnel Social et Economique (C.I.S.E. - organisation régionale) assumera les fonctions de Président du Conseil d'Administration de ce Centre d'études textiles. M.M. Hannart anime d'ailleurs avec le Recteur Debeyre la dynamique ‘Association pour le Développement de la Recherche et de l'informatique dans la Région du Nord’ (Adri-Nord) qui se fixe pour but d'‘aider tous les chercheurs qu'ils appartiennent à une faculté, une grande école ou une entreprise, à se rencontrer et à mettre en commun leurs préoccupations’, comme l'écrivait M. François Pouille, dans un récent numéro de cette revue (cf. Ons Erfdeel, no. 4, ‘Recherche scientifique et relations université-industrie dans le Nord de la France).

‘Le Centre Université-Economie d'Education Permanente (C.U.E.E.P.) fonctionne depuis plus longtemps. Des étudiants, des professeurs, des cadres d'entreprises, y reçoivent un enseignement intensif de langues vivantes, et peuvent participer à des cycles de conférences traitant des questions les plus diverses, telles que l'informatique ou les perspectives de développement économique de la région du Nord.

A côté de ces initiatives, le plus souvent fructueuses, plusieurs Unités d'Enseignement et de Recherche publient régulièrement des revues spécialisées. L'U.E.R. de Géographie édite ‘Hommes et Terres du Nord’, luxueuse revue dans laquelle un professeur aussi éminent que M. Gamblin s'attache à définir notre région dans le cadre de la grande plaine des Pays-Bas.

De même, divers professeurs de l'U.E.R. d'Histoire publient des études historique régionales dans la ‘Revue du Nord’.

Sceau de l'Université de Lille, fondée par Philippe II, roi d'Espagne et souverain des Pays Bas, le 19 janvier 1562.

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Cohésion régionale et autonomie.

Une étude sur l'évolution de la demande en matière d'enseignement supérieur publiée en 1967 soulignait avec insistance la faiblesse des qualifications de niveau supérieur dans la population active travaillant dans le Nord et notait la faible fréquentation universitaire en provenance des agglomérations de Maubeuge et de Dunkerque, c'est-à-dire, des arrondissements les plus éloignés de la métropole lilloise. Sans doute la création des centres universitaires de Calais et de Valenciennes permettra-t-elle de pallier cette désaffection des jeunes maubeugeois et dunkerquois, mais ne faudra-t-il pas craindre que l'ancienne Université de Lille, souvent cité en exemple à travers l'hexagone - en particulier par l'obligation faite aux étudiants de lère année de pratiquer des activités sportives - ne laisse se ‘balkaniser’ ses différents enseignements. Isolés les uns des autres, quel serait alors leur poids face à la toute-puissance du Ministère de l'Education Nationale?

Dès qu'il sera mis en place, dans le courant de l'année 1971, les ‘Conseil Régional de l'enseignement supérieur et de la recherche’ coordonera les programmes des universités lilloises et donnera son avis sur leurs demandes budgétaires. Géré paritairement par des représentants élus du corps professoral, et des étudiants, auxquels se joindront des personnalités régionales, ce Conseil pourrait contribuer efficacement à la création d'une conscience régionale dans les milieux universitaires. Encore faudra-t-il qu'il dispose d'une réelle autonomie de gestion et d'orientation pédagogique.

Au sein même de la majorité gouvermentale, plusieurs tendances s'affrontent sur cette question de l'autonomie universitaire. Une large fraction du parti gaulliste, inspiré par le plus jacobin des ministres, se refuse à toute concession en faveur des libertés universitaires. D'autres, tel l'ancien ministre de l'Education Nationale, M. Alain Peyrefitte, préconisent au contraire ‘l'autonomie concurentielle’ entre les différents établissements universitaires. Au retour d'un voyage d'études du système universitaire américain, M. Peyrefitte déclarait en effet: ‘Sans compétition, l'autonomie des universités aboutit à la sclérose et à l'isolement’. Mais d'ajouter aussitôt: ‘L'état des esprits en France ne le permet pas. Il faut tenter de réussir des expériences’.

Langage connu dans les sphères gouvernementales...: En avril 1970, M. Chaban-Delmas proposait lui aussi des ‘expériences’ dans le domaine de la régionalisation de l'hexagone. Depuis lors, le Président de la République a banni le terme ‘régionalisation’ - et son contenu - du vocabulaire français. Tout porte à craindre que l'autonomie universitaire subira la même destiné, et que, comme auparavant le Ministre de l'Education Nationale, avec du ‘Conseil National de l'enseignement supérieur et de la recherche’, dirigera la ‘Planification de l'enseignement supérieur’, selon les termes mêmes de la loi d'orientation.

Pour devenir efficace, l'autonomie universitaire doit s'accompagner de larges pouvoirs financiers. Actuellement, les universités ne font que recevoir l'enveloppe budgétaire - plus ou moins conséquente selon les impératifs politiques de l'Etat Français - envoyée par le Ministère de l'Education Nationale. S'il leur est permis d'émettre des voeux, en aucun cas, elles ne peuvent déterminer elles-mêmes leur budget. A plusieurs reprises, le Recteur de l'Académie de

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Lille, a proposé que les universités puissent ‘lever l'impôt’. Cette disposition ne serait certes envisageable qu'en jonction avec une assemblée politique régionale, dotée elle-aussi de pouvoirs financiers. La revendication d'autonomie universitaire rejoint ainsi le désir d'émancipation des régions.

Vers une université européenne.

Quelques mois avant le référendum de 1969, M. Henri Deligny brossait, dans les colonnes de la Voix du Nord, les perspectives offertes à la région du Nord par la réforme régionale, il écrivait qu'il lui apparaissait ‘plus important de coordonner la formation des étudiants lillois avec celle qu'on dispense à Bruxelles ou à Aix-la-Chapelle qu'avec les programmes de Montpellier et de Bordeaux’.

Depuis il ne semble pas qu'une concertation ait été organisée entre les universités lillois et les universités anglaises, belges, néerlandaises et allemandes avoisinantes. La structure étatique de l'enseignement français ne le permet pas, mais l'idée d'une université européenne à Lille a fait son chemin.

Plusieurs mouvements et organismes tels le Mouvement Européen, Le Mouvement des Etudiants Fédéralistes Lillois, et le Centre d'Echanges Internationaux du Nord, ont pris nettement position en faveur de l'ouverture européenne des universités lilloises. Lors d'une journée d'études sur le rôle de la Métropole lilloise dans l'Europe du Nord-Ouest, organisée en juin 1970 par le Conseil des Communes d'Europe, à la Communauté Urbaine de Lille, plusieurs participants devaient souligner l'importance de l'Université dans le développement de la grande Métropole de l'Europe du Nord-Ouest.

Plus récemment encore, le Recteur Debeyre déclarait au cours d'une conférence de presse: ‘L'Université lilloise doit être européenne. Je suis prêt à m'y employer’.

En accordant une large place aux disciplines européennes - droit comparé, langues et cultures néerlandaises, allemandes, anglaises, économie et fiscalité européennes - les Universités lilloises joueraient un rôle non-négligeable dans la formation d'une nouvelle mentalité européenne.

Elles serviraient aussi leur propre région rendue à sa vocation naturelle, que lui prescrivent tant la géographie que l'économie, que l'histoire, celle d'être le trait d'union des vieilles nations de l'Europe du Nord-Ouest.