Dodin: Scène d'intérieur.
préoccupations et des goûts du grand public des années 1800 à 1850.
Pour en venir à la jeune peinture, signalons un évènement qui eut pour théâtre la galerie Septentrion, à Bondues. Un jury, composé de Bernard Dorival, conservateur en chef des musées nationaux, Hervé Oursel, Sonia Delaunay, Edouard Pignon, Gustave Singier, Raymond Cogniat et Francis Spaar, a examiné plus de deux-cent-cinquante toiles avant de décerner le Prix de la Jeune Peinture, réservé aux artistes n'ayant jamais obtenu de distinction à des concours similaires.
Le Parisien Claude Pougny, vingtcinq ans, a remporté le Prix Septentrion. Alain Mongrenier, d'Amiens, a reçu le prix Roger-Dutilleul.
En même temps, un groupe de peintres et sculpteurs de la région avait à attribuer le Prix des Peintres du Nord. Après de longues discussions, Van Hecke, Delporte, Hemery, Hennebelle, Rouland, Coppin et Leclerc ont choisi à la majorité Didier Schein, de West-Capel. Parmi les autres envois, les toiles de Carlos Anesti, Alain Coste, Bernard Le Quellec, Yeru et Narayanan ont été particulièrement remarquées.
La Galerie Nord, au Vieux-Lille, a choisi Dodin pour son exposition de vacances. Dodin, artiste très personnel, qui poursuit sa route dans une solitude tenace. C'est le poète des semi-réalités, des scènes, des intérieurs et des visages qui habitent le sommeil léger, à la frontière du rêve et de la présence palpable. Il excelle dans le flou et les teintes pâles. Un univers un peu fantômatique, comme relevant d'un convalescence d'après cataclysme.
Roland Groult, qui a montré ses oeuvres à la Motellerie d'Englos, semble débarquer à l'instant de la Belle Epoque des impressionnistes. Il connaît bien, un peu trop sans doute, Toulouse-Lautrec. Peut-être a-t-il regardé avec une insistance coupable l'oeuvre d'un certain Utrillo. Mais il a le sens des déformations... justes, le goût du détail naïf qui pimente une toile. C'est un bain de fraîcheur, apte à faire apprécier la joie de peindre.
Raphaël Mischkind a rassemblé en fin de saison trois jeunes artistes dans sa galerie de la rue Jean-Sans-Peur, ‘trois révélations’, les a-t-il appelées. Ce n'est pas là seulement une formule commerciale, mais l'expression d'une vérité ressentie par les visiteurs. Il est vrai que le maître de céans s'est imposé depuis longtemps par son flair et son bon goût.
Degans, vingt-et-un ans, appartient à l'école surréaliste. Une brillante technique, une richesse de palette assez exceptionneell. Mais peu d'émotion. Le genre est ingrat. L'artifice devient vite gratuit, parfaitement inutile.
Marc Vermesse, un peu plus âgé, présente un étonnant amalgame d'expression et de surréalisme, faisant feu de tout bois. La précision du dessin évoque les mythologies d'hier et d'aujourd'hui, l'imagerie populaire des ‘comics’ et des gravures de nos grands-parents.
Eduardo Gallejo, dix-neuf ans, vient d'Espagne. Son tempérament s'exprime sans détour, sans complication non plus, dans un art réaliste, presque brutal, qui saisit le regard et ne le lâche pas de sitôt.
Jean Demarcq