Verzameld werk. Deel 4
(1955)–August Vermeylen– Auteursrechtelijk beschermdaant.Manifestation Léon LeclèreTrès honoré maître et Cher ami, On m'a prié de dire ici quelques mots au nom de vos anciens élèves, et je suis heureux de pouvoir me réclamer de ce titre. Je suis même le plus ancien de vos étudiants en histoire. J'ai assisté à vos débuts à l'Université, il y a quelque quarante-cinq ans. Il est curieux de constater à quel point la perspective peut changer: à cette époque, il me semblait qu'il y eût entre nous une grande différence d'âge; mais à mesure que nous avançons dans... | |
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la maturité, cette différence va s'atténuant, jusqu'à devenir maintenant presque insignifiante. Exemple de la relativité du temps! Si j'en parle, c'est pour indiquer qu'alors déjà, quoique à nos yeux de tout jeunes étudiants vous fussiez un vénérable monsieur d'environ 25 ans, nous nous sentions tout de même très près de vous. Et ceci était dû en premier lieu au dévouement que vous mettiez à nous guider, et à cette bonté active qui n'a jamais manqué de vous attirer l'affection de vos élèves, - bonté active dont je profitais spécialement au moment de l'examen. Il était impossible de ne pas vous aimer, même quand vous faisiez votre cours de diplomatique, par certains après-midi accablants d'été. Il n'était pas amusant, le cours de diplomatique, mais ce n'était pas votre faute: cette manière n'a rien de frivole et ne pousse guère à l'ébaudissement. Mais, je m'en étonne moi-même, j'en ai retenu quelque chose, ce qui prouve la clarté de vos exposés. Et je n'oublie pas votre cours de paléographie, qui m'a aussi rendu de grands services: il m'a permis entre autres de lire certaines lettres de Camille Huysmans que lui-même ne parvenait plus à déchiffrer. Vous voyez combien j'ai profité de vos leçons. J'ai l'air de plaisanter, mon cher Leclère, mais croyez que ce n'est que par une espèce de pudeur, de crainte de sembler faire de l'éloquence et de me laisser aller à des phrases sentimentales, auxquelles je serais porté naturellement si je devais vous dire toute la profonde gratitude et j'ose ajouter l'indéfectible amitié qui lie à vous, sans exception, vos anciens élèves. Vous n'avez d'ailleurs jamais cessé de les aider, plus tard, comme ils n'ont jamais cessé de recourir à votre | |
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aant.érudition et à votre inlassable obligeance. A ce propos, on peut modifier le mot du fabuliste et affirmer: Notre ami, c'est notre maître! Que dirais-je encore? Vous nous avez donné un bel et grand exemple, et pour me résumer, permettez-moi de vous serrer simplement les mains: c'est la façon la plus directe de vous remercier.
1936 |
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